Prééclampsie : une complication de la grossesse avec des risques graves
La prééclampsie est une maladie liée à la grossesse qui se manifeste par une hypertension artérielle et le passage de protéines dans les urines. En l’absence d’un traitement immédiat, des complications graves peuvent survenir et menacer la vie de la mère et de l’enfant.
Des mots pour les maux
Une maladie est dite « gravidique » lorsqu’elle est liée à la grossesse.
« L’hypertension gravidique » est une hypertension artérielle qui apparaît au cours de la grossesse sans élévation des protéines dans les urines.
« L’éclampsie » est caractérisée par une crise convulsive survenant chez une femme enceinte souffrant d’hypertension gravidique.
La prééclampsie est aussi nommée « toxémie gravidique ».
Qu'est-ce que la prééclampsie ?
La « prééclampsie » est caractérisée par la survenue d’une hypertension artérielle (pression artérielle supérieure à 14/9) au cours de la deuxième moitié de la grossesse qui commence 20 semaines après les dernières règles. L’hypertension artérielle est associée à la présence de protéines dans les urines (supérieures à 300 mg/24 h). La prééclampsie peut aussi survenir dans les semaines qui suivent l’accouchement.
Le plus souvent, cette maladie guérit sans séquelle avec un traitement approprié, mais parfois, ses conséquences peuvent être graves. Elle peut provoquer des complications rénales, hépatiques et cérébrales chez la mère, et un retard de croissance ou une prématurité du bébé.
Cette affection est nommée « prééclampsie » car une de ses complications les plus graves est « l’éclampsie » qui se manifeste par des crises convulsives potentiellement fatales.
Quelles sont les causes de la prééclampsie ?
Les causes de la maladie sont encore mal connues.
Un mauvais fonctionnement du placenta dû à des anomalies de la formation des vaisseaux sanguins placentaires en est vraisemblablement responsable. Il provoque une souffrance du fœtus et agit sur les vaisseaux sanguins de la mère, ce qui élève sa pression artérielle.
A cause des anomalies du placenta, le fœtus ne reçoit pas suffisamment de nutriments, son développement est gêné et un retard de croissance peut s’installer.
Quand faut-il évoquer une prééclampsie ?
L’élévation de la pression artérielle au-dessus de 14 pour la systolique et 9 pour la diastolique est le signe principal qui doit alerter et faire consulter un médecin.
Il s’y associe une protéinurie supérieure à 300 mg/24 h.
D’autres signes inconstants sont observés : œdèmes, maux de tête (céphalées), douleurs à l’estomac, vomissements, troubles de la vision, bourdonnements d’oreille (« acouphènes »).
Comment faire le diagnostic ?
Le diagnostic de la prééclampsie ne pose pas de difficultés. La mesure de la pression artérielle associée à un dosage des protéines dans les urines suffit à identifier la maladie.
Certains signes de gravité permettent de déterminer les formes sévères :
- Pression artérielle supérieure à 16/11
- Aggravation des œdèmes
- Augmentation de la quantité de protéines dans les urines
- Un retard de croissance et des signes de souffrance du fœtus à l’échographie
La prééclampsie est alors dite sévère et justifie une hospitalisation.
Quand faut-il consulter en urgence ?
Au cours d’une grossesse, la pression artérielle est contrôlée régulièrement lors des sept consultations prénatales, chaque mois à partir du cinquième mois, ainsi que les urines. Ces visites sont donc essentielles, elles sont obligatoires et remboursées à 100 % par l’Assurance maladie.
Si dans l’intervalle de ces visites une hypertension est détectée, le spécialiste qui surveille la grossesse doit être consulté sans délai. Les formes sévères de la maladie nécessitent une hospitalisation.
Quel est le traitement ?
La première mesure est de lutter contre l’hypertension artérielle avec des médicaments antihypertenseurs.
Un repos allongé au lit est généralement prescrit.
En l’absence de signes de sévérité de la maladie, le traitement est suivi au domicile avec une surveillance médicale régulière.
En cas de prééclampsie sévère, l’hospitalisation est indispensable. En plus du traitement antihypertenseur peuvent être donnés des médicaments anticonvulsivants et des corticoïdes.
La prééclampsie guérit en quelques jours après l’accouchement. Le but du traitement est donc de poursuivre la grossesse le plus longtemps possible sans faire courir de risques à la mère et au fœtus. En cas d’aggravation de la maladie, un accouchement prématuré est déclenché ou une césarienne est pratiquée.
Quelle est l’évolution de la maladie ?
La prééclampsie guérit le plus souvent sans séquelle avec une surveillance et un traitement adaptés, mais il peut survenir des complications graves qui sont parfois mortelles pour la mère ou l’enfant et nécessitent un traitement spécifique.
Après l’accouchement, la maladie s’atténue pour disparaître en une à deux semaines.
Quelles sont les complications ?
• Les complications maternelles sont cérébrales, rénales, hépatiques et elles touchent le placenta. Les crises d’éclampsie se manifestent par des crises de convulsions parfois fatales. Elles sont dues à l’hypertension intracrânienne qui peut aussi provoquer un accident vasculaire cérébral hémorragique. C’est une urgence vitale. Dans ce contexte, il est possible d’observer une insuffisance rénale aiguë. Une rupture hémorragique du foie peut survenir, de même qu’un syndrome HELLP, caractérisé par la destruction des globules rouges dans le foie responsable d’une anémie. La crainte est aussi la survenue d’un hématome rétro-placentaire : c’est une poche de sang qui se forme entre le placenta et la paroi de l’utérus et menace la vie du fœtus. Une césarienne est alors indiquée.
• Les complications fœtales consistent en un retard de croissance ou une prématurité du bébé : elles sont la conséquence des anomalies et du mauvais fonctionnement du placenta, le fœtus ne recevant plus assez de nutriments.
Quels sont les facteurs de risque de prééclampsie ?
Il est important de connaître les facteurs de risque de prééclampsie afin d’intensifier la surveillance et prévenir la prééclampsie :
- Première grossesse, ou grossesse multiple.
- Femme de plus de 40 ans.
- Femme ayant déjà souffert de prééclampsie ou existence de cas dans la famille.
- Antécédents médicaux d’obésité, d’hypertension artérielle, de diabète, de maladie rénale et auto-immune.
Comment prévenir la prééclampsie ?
Un des objectifs principaux des sept consultations prénatales obligatoires qui sont prévues chaque mois à partir du cinquième mois est de dépister une hypertension artérielle et la présence de protéines dans les urines.
Le but est de débuter un traitement antihypertenseur et anticonvulsivant précocement pour prévenir les complications.
Dans certains cas, quand le risque de prééclampsie est élevé, le médecin prescrit de l’aspirine à faible dose en prévention à partir du troisième mois de grossesse.
La prééclampsie en France
La prééclampsie survient dans environ 5 % des grossesses : environ 40 000 femmes sont touchées.
Une forme sévère de la maladie est constatée dans 10 % des cas. Elle est responsable d’un tiers des naissances de grands prématurés et reste la deuxième cause des décès maternels.
Les liens de la prééclampsie
Le site de l’Inserm
http://www.inserm.fr/thematiques/biologie-cellulaire-developpement-et-evolution/dossiers-d-information/pre-eclampsie
Le site de l’APAPE, association de patients
http://www.apape.fr/patientes-usagers
Les liens Pourquoi Docteur
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