Urticaire : une maladie le plus souvent inflammatoire
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L’urticaire est une réaction inflammatoire de la peau à l’origine de plaques rouges et de démangeaisons. Ces signes apparaissent en réponse à de multiples causes, dont l’allergie, mais qui n'est pas la cause la plus fréquente.
Des mots pour les maux
L’urticaire est une maladie inflammatoire de la peau .
Les plaques rouges sont appelées « érythème » par les médecins. Ceux-ci parlent aussi de « prurit » quand il y a des démangeaisons.
L’urticaire est liée à de multiples causes. Elle peut se voir au cours d’une allergie, mais celle-ci n’en est qu’une des causes.
L’urticaire évolue par crises ou poussées.
Qu’est-ce que l’urticaire ?
L’urticaire est une maladie inflammatoire de la peau qui se traduit par des épisodes de plaques rouges et de démangeaisons sur la peau. Ces épisodes sont des poussées ou des « éruptions cutanées ».
Au cours de chaque éruption, les plaques sont rouges ou rosées, arrondies, en relief (« papules ») et bien limitées. Elles sont souvent associées à des démangeaisons (« prurit »), comme après une brûlure d’orties. Les lésions d'urticaire ont pour caractéristiques de changer de place au fil des heures en dessinant des cercles ou des arabesques rouges sur la peau.
L’éruption touche généralement la surface de la peau, mais elle peut parfois s’étendre en profondeur ou gagner le revêtement des orifices du visage : les muqueuses. Les lésions prennent alors un aspect particulier, devenant plus boursouflées ou œdémateuses alors que les rougeurs sont moins importantes. On parle alors « d’œdème de Quincke » ou « d’angio-œdème ». Cette forme d’urticaire siège principalement sur le visage : paupières, lèvres, bouche et gorge (luette et pharynx). Quand l’urticaire touche la gorge, le risque est que l’œdème et son gonflement entraînent une gène à la respiration.
La réaction de la peau (ou des muqueuses) est provoquée par l’activation de cellules immunitaires qui sont normalement présentes au niveau des couches superficielles de la peau : les « mastocytes ». Lorsque les mastocytes sont au repos, la peau est normale, mais lorsqu'ils sont activés par certains facteurs, ils vont libérer des substances, et en particulier l'histamine, substances qui vont déclencher la crise d’urticaire.
L’urticaire est donc secondaire à l’activation des mastocytes, une catégorie de globules blancs qui participent aux défenses immunitaires de la peau. Ces mastocytes contiennent des granules remplis d’histamine, une molécule habituellement impliquée dans le déclenchement des réactions inflammatoires. Lorsque les mastocytes sont activés, l’histamine est libérée (« dégranulation des mastocytes »), les vaisseaux sanguins se dilatent et leur perméabilité augmente. Du liquide et des cellules pénètrent alors dans les tissus environnants, provoquant un gonflement (« œdème »).
En général, les crises sont brèves (quelques heures à quelques jours) et isolées, mais l’urticaire peut aussi s’établir de façon chronique. Les crises d’urticaire sont aussi appelées « poussées ». Les médecins parlent d’urticaire de forme aiguë lorsqu’il n’y a qu’une seule poussée, mais si les poussées ont tendance à récidiver, on parle d’urticaire récidivante. L’urticaire chronique est définie par des poussées répétées, quasi-quotidiennes, sur une durée d’au moins six semaines. Ces manifestations peuvent être associées à des douleurs du ventre et des articulations, et à un peu de fièvre.
Qu’est-ce qu’un œdème de Quincke ?
Le terme d'œdème de Quincke décrit une forme particulière d’urticaire qui affecte des tissus profonds de la peau ou la membrane de revêtement des orifices du visage que l’on appelle les muqueuses. Les médecins peuvent utiliser un autre terme : l’angio-œdème. L'atteinte des tissus profonds de la peau donne un aspect différent de celui de l'urticaire typique : le gonflement (« œdème ») prédomine souvent sur la rougeur (« l’érythème »), qui peut même être absente.
Les angio-œdèmes les plus fréquents siègent au niveau du visage, et en particulier des paupières et des lèvres, avec des gonflements et des déformations parfois impressionnantes. Ces œdèmes peuvent cependant toucher toutes les parties du corps avec une prédilection pour les extrémités (mains, pieds).
Lorsque cet œdème touche la bouche, la langue et les cordes vocales, il entraîne une modification de la voix. Lorsqu'il affecte la gorge, il peut exister une gêne pour avaler et surtout pour respirer, ce qui représente le risque principal et oblige à consulter en urgence.
La durée d'évolution d’un angio-œdème est généralement un peu plus longue que celle de l'urticaire typique. Leur survenue ne préjuge pas d'une cause particulière.
A quoi sont dues les crises d’urticaire ?
Les causes de l’urticaire sont extrêmement nombreuses et, le plus souvent, l’urticaire n’a pas une cause unique : il existe une conjonction de facteurs.
• L’urticaire allergique est associé à un terrain atopique et ne représente qu’une minorité des urticaires. L’urticaire allergique implique des anticorps IgE qui sont spécifiques d’un allergène et ces IgE sont fixés sur un récepteur à la surface des mastocytes cutanés. La fixation de l’allergène sur les IgE induit donc immédiatement l’activation ou la « dégranulation mastocytaire ».
Les urticaires allergiques sont donc des urticaires aiguës et explosives qui sont associées à une activation mastocytaire généralisée : celle-ci va être responsable de signes généraux très intenses (fatigue, malaise) et, quand le contact avec l’allergène est répété, d’un risque de choc anaphylactique (allergie généralisée grave avec chute de la tension artérielle).
L’urticaire aigu se déclenche en réaction à un contact de la peau (ou d’une muqueuse) à un aliment, une substance ou à son exposition à des conditions physiques particulières (frottement, froid, chaleur).
Parmi les aliments, l'arachide, les fruits à coques (noix, noisettes, amandes…), les œufs, le lait de vache sont les plus fréquemment en cause chez le nourrisson et le jeune enfant alors que les fruits de mer, les poissons, les fruits à coques et les fruits à noyaux sont souvent incriminés chez l'adulte. Il existe également des urticaires aux additifs alimentaires.
Parmi les médicaments, les antibiotiques et notamment les pénicillines sont les principaux responsables d'urticaire aiguë allergique, mais le nombre de molécules est très important.
L'allergie aux venins concerne essentiellement les guêpes et les abeilles.
Dans la petite enfance, l’urticaire aigu peut se déclencher dans un contexte d'infection virale telle une bronchite, une angine, une otite ou un simple rhume.
Le nombre de molécules qui peuvent être responsables d’une urticaire est si nombreux (dont les additifs alimentaires) qu’il est préférable que l’enquête soit faite par un spécialiste.
• L’urticaire chronique n’est pas une maladie allergique mai plutôt une maladie inflammatoire qui est essentiellement liée à des médicaments ou des infections. Certaines maladies sont parfois à l’origine de crises d’urticaire. Il en est ainsi de certaines maladies auto-immunes, comme le lupus érythémateux dissémine, les hyperthyroïdies ou la maladie de Still, ou de certaines néoplasies comme les cancers du sang ou les tumeurs solides.
L’urticaire physique est la forme d’urticaire la plus fréquente. En général, les manifestations s’arrêtent lorsque l’élément déclenchant est supprimé. Cet élément déclenchant est extrêmement varié.
Une forme d’urticaire déclenchée par la friction de la peau est appelée « dermographisme ». Les plaques cutanées retracent alors le trajet de la friction et peuvent être reproduite lors de l’examen.
Lors de l’urticaire retardée à la pression, les lésions apparaissent quelques heures après une pression importante (port d’un sac en bandoulière, vêtements serrés, port d’outils, marche longue). Les lésions sont souvent douloureuses et mettent plusieurs jours à disparaître.
L’urticaire au froid atteint les parties du corps découvertes et exposées aux intempéries ou à l’eau froide. Dans certains cas, elle peut être induite par l'ingestion d'aliments ou de boissons glacés.
Certaines urticaires sont déclenchés par le soleil, la chaleur, l’effort et les vibrations (utilisation d'un objet vibrant, applaudissements, pratique du vélo tout terrain...).
Quand faut-il consulter ?
Le plus souvent, l’urticaire disparaît sans traitement en quelques heures. Mais si les lésions persistent ou progressent, il est important de consulter un médecin. C’est donc le cas si l’urticaire s’étend sur la surface du corps, sur plusieurs centimètres (les médecins les appellent alors des « placards »), si les démangeaisons persistent après 24 heures de traitement, voire plus d’une semaine, si une nouvelle poussée d’urticaire apparaît peu de temps après la première et dans les cas d’urticaire chronique (persistant).
Il faudra également consulter si l’éruption cutanée est associée à une maladie allergique, comme l’asthme, ou à d’autres signes comme des articulations gonflées et douloureuses ou une fièvre.
En cas d’œdème de Quincke, et du fait du risque de gène respiratoire, il faut consulter en urgence.
Comment faire le diagnostic ?
Le diagnostic de l’urticaire ne pose généralement pas de problème, mais c’est la recherche de la cause qui peut nécessiter de nombreux examens. Le coupable est identifié dans moins d’un tiers des cas, mais cette enquête est néanmoins nécessaire car elle permettra éventuellement de proposer des évictions contre les agents ou les circonstances déclenchantes.
L’enquête s’articule en fonction du type de l’urticaire : aigu, chronique ou physique.
En cas d’urticaire aigu, un bilan allergologique est indispensable s'il existe une suspicion d'allergie. Ce bilan repose sur la réalisation de tests cutanés (« Prick-tests ») parfois complétés par des dosages d'anticorps IgE spécifiques dans le sang.
Cette suspicion d’allergie est basée sur l'apparition en moins d'une heure de plaques d'urticaire ou d'un œdème après l'ingestion d'un aliment « suspect », d'un médicament ou d'une piqûre d'insecte, l'association fréquente à des signes digestifs ou respiratoires et une durée de la crise courte n'excédant pas 24 heures.
Parmi les aliments « suspects », l'arachide, les fruits à coques (noix, noisettes, amandes…), les œufs, le lait de vache sont les plus fréquemment en cause chez le nourrisson et le jeune enfant alors que les fruits de mer, les poissons, les fruits à coques et les fruits à noyaux sont souvent incriminés chez l'adulte. Parmi les médicaments, les antibiotiques et notamment les pénicillines sont les principaux responsables d'urticaire aiguë allergique. L'allergie aux venins concerne essentiellement les guêpes et les abeilles.
En cas d’urticaire chronique, le bilan allergologique est inutile car il ne s’agit pas d’une maladie allergique. En revanche, l'urticaire chronique est parfois associée à d'autres maladies et, en particulier, à une maladie auto-immune. Un bilan sanguin n'est nécessaire que si l'urticaire résiste à un traitement antihistaminique simple et si elle est associée à des symptômes autres que l'urticaire.
En cas d’urticaire physique il n'y a pas de prise de sang à demander hormis lors d’un urticaire au froid car des protéines qui « coagulent » au froid peuvent être mises en évidence (« cryoglobulines »). En revanche, des « tests physiques » peuvent être proposés afin de confirmer le type d'urticaire : test du glaçon sur l'avant-bras en cas de suspicion d'urticaire au froid, pose d'un poids sur une épaule en cas de suspicion d'urticaire retardée à la pression…
Comment traiter l’urticaire ?
Quel que soit le type d'urticaire, le traitement repose avant tout sur des médicaments visant à empêcher la libération d'histamine par les mastocytes de la peau : ce sont les antihistaminiques. Parallèlement, lorsque cela est possible, il convient de tout faire pour éviter le contact avec l’agent déclenchant et d’éviter les facteurs aggravants, tels que la prise d'anti-inflammatoires non stéroïdiens, le stress ou la chaleur….
Les antihistaminiques agissent rapidement, en 30 minutes à 1 heure, et sont efficaces dans près de 90 % des cas pendant 24 heures en moyenne. Ce traitement fait régresser les plaques et les démangeaisons sur la peau. Certains antihistaminiques peuvent provoquer une somnolence ce qui amène à tester différentes molécules.
En général, la durée du traitement ne dépasse pas 15 jours pour les urticaires aiguës, mais elle peut être prolongée à plusieurs mois dans les cas d’urticaires chroniques ou pour les urticaires aigus récidivant fréquemment.
En cas d’échec à un premier traitement antihistaminique, il est possible d’en essayer un deuxième. En cas d'échec de plusieurs antihistaminiques pris sur une période suffisamment longue, d'autres traitements pourront être proposés, mais les corticoïdes sont déconseillés sur le long cours en raison du risque de dépendance, voire d'aggravation progressive de l'urticaire. D’autres médicaments sont utilisés dans certaines situations particulières.
Par ailleurs, il existe un traitement spécialisé pour l’œdème de Quincke et le choc anaphylactique. Ces problèmes doivent être pris en charge aux urgences et à l’hôpital. Le traitement de base est l’adrénaline, qui peut être injectée ou inhalée (et non les corticoïdes du fait de leur lenteur d'action).
Lorsque la cause de l’urticaire est connue, il est nécessaire de prendre des mesures pour arrêter la poussée, comme : éviction d’un médicament, d’un aliment ou des agents contacts, suppression du facteur physique déclenchant, traitement de l’infection ou de la maladie systémique associée…
Comment s’auto-injecter de l’adrénaline en cas d’urgence ?
Pour certains malades qui ont eu un œdème de Quincke ou un choc anaphylactique, une prise en charge précoce est capitale et le médecin peut être amené à leur prescrire un stylo injecteur d’adrénaline.
Ce stylo permet de s’auto-injecter simplement l’adrénaline dès les premiers signes et avant même l’arrivée des secours. Le stylo doit être rangé de façon accessible, le plus souvent dans la trousse de toilette et doit être emmené en week-end ou en vacances. L’entourage doit être au courant de l’existence de ce stylo et de l’endroit où il est rangé.
Chaque stylo a ses particularités et son usage nécessite un apprentissage avec le médecin généraliste, le dermatologue ou l’allergologue. Le principe est cependant toujours le même : il faut décapuchonner le stylo, l’armer et piquer dans la face antéro-latérale de la cuisse, en intramusculaire. L’injection, très urgente, peut être pratiquée à travers les vêtements ou directement au contact de la peau.
Comment prévenir les crises d’urticaire ?
La prévention des crises d’urticaire aiguë passe par l’éviction de l’agent déclencheur.
• Celui-ci est identifié dans la majorité des formes aiguës où il est soit d’origine physique, soit liée à une substance (médicament, aliment, plante, produit chimique...).
• En cas d’urticaire physique avec dermographisme, il est conseillé d’éviter de porter des vêtements serrés, susceptibles de générer des frottements sur la peau. Les sorties par temps froid ou humide, les baignades ou sports en eau froide sont déconseillées en cas d’urticaire au froid. Le port de charges lourdes ou les pressions importantes sont à proscrire en cas d’urticaire retardée à la pression. L’exposition au soleil sans protection est à éviter en cas d’urticaire solaire. L’angio-œdème vibratoire fera bien sûr éviter les vibrations intenses, y compris en cas de maladie professionnelle.
• En cas d’urticaire médicamenteuse, et sauf cas particulier, il est fortement déconseillé de reprendre le médicament à l’origine de l’urticaire. Les médicaments les plus souvent sources d’urticaire sont : les antibiotiques (pénicillines...), l’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les produits d’anesthésie, comme les curares, et les produits de contrastes iodés utilisés en radiologie. Il est conseillé de munir le malade d’une carte spécifiant le nom des produits qui ont été responsables d’une crise d’urticaire.
Parallèlement, en cas d’antécédent de crise d’urticaire, il est nécessaire de prévenir le médecin si un examen radiologique avec un produit de contraste est envisagé (nécessité d’une prémédication).
• De nombreux aliments peuvent provoquer une urticaire et sa survenue doit conduire à la suppression de l’aliment incriminé. Ces aliments peuvent être séparés en deux catégories : les aliments qui contiennent de l’histamine (fromages fermentés, conserves de poissons ou d’œufs fumés, conserves en général, charcuteries, choucroute, épinards, foie de porc, tomates, sardines, anchois, saumons, arachides…) et les aliments irritants pour les mastocytes (café, thé, boissons alcoolisées et différents additifs alimentaires dont les sulfites).
• En cas d’urticaire de contact, les produits déclencheurs doivent être évités. Dans l’activité professionnelle, l’éviction totale du produit irritant est indispensable et peut nécessiter un changement de travail. C’est le cas pour les personnels de santé (latex des gants, médicaments), les cuisiniers et travailleurs d’abattoirs (aliments, poissons et crustacés, viandes), les boulangers (farine), les agriculteurs et les vétérinaires (poils d’animaux) et les coiffeurs ou les esthéticiennes (persulfates, cosmétiques).
L’urticaire est une maladie extrêmement fréquente puisqu’un français sur cinq a subi ou subira une crise d’urticaire au cours de sa vie.
Les liens sur l’Urticaire
Ameli-santé
http://www.ameli-sante.fr/urticaire/quest-ce-que-lurticaire.html
Le site de l’INSERM
http://www.inserm.fr/thematiques/immunologie-hematologie-pneumologie/dossiers-d-information/urticaires
Les liens internes à Pourquoi Docteur
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