Rhumatisme psoriasique : potentiellement très destructeur
Le rhumatisme psoriasique est une maladie inflammatoire et auto-immune, à la fois polyarticulaire (arthrite), tendineuse (enthésite) et qui touche la colonne vertébrale (sacro-iliite comme dans la spondyloarthrite). Elle survient chez des personnes qui ont un psoriasis de la peau, mais aussi chez les membres de leur famille qui n’en souffrent pas.
Par le Dr Jean-Paul Marre, rhumatologue, CHU Pitié-Salpêtrière, Paris
Des mots pour les maux
Le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique de la peau et du cuir chevelu d’origine auto-immune qui se caractérise par des plaques rouges, recouvertes de croûtes épaisses (« squames »).
Le psoriasis cutané peut s’associer à un rhumatisme inflammatoire chronique caractérisé par des arthrites et une atteinte d’une région particulière de l’articulation où s’insèrent les tendons, les ligaments et la capsule articulaire : « l’enthèse ». Le rhumatisme psoriasique associe donc des atteintes inflammatoires des articulations (arthrites) et des enthèses (« enthésite »).
Il se manifeste par des atteintes à la fois axiales (enthésite de la colonne vertébrale, des sacroiliaques ou du calcanéum) et des arthrites périphériques (avec à la fois ostéolyse et reconstruction osseuse).
Qu'est-ce qu’un rhumatisme psoriasique ?
Le psoriasis est une maladie auto-immune chronique de la peau, des ongles et du cuir chevelu qui se caractérise par la formation de plaques rouges (« placards »), plus ou moins inflammatoires et recouvertes de croûtes épaisses, blanc-argenté (« squames »).
La maladie peut prendre diverses formes et le degré d’extension des plaques peut varier de « localisé » à « diffus ».La plupart des cas sont bénins, et certaines personnes ne se rendent même pas compte qu’elles ont un psoriasis.
Jusqu’à 30 % des personnes atteintes de psoriasis peuvent souffrir de douleurs articulaires (« arthralgies ») ou de véritables inflammations articulaires (« arthrites »). Le rhumatisme psoriasique est une forme assez particulière de rhumatisme inflammatoire chronique de type auto-immun. Il associe des atteintes inflammatoires des articulations (« arthrites ») et des enthèses (« enthésite ») et se manifeste par des atteintes à la fois axiales (enthésite de la colonne vertébrale, des sacroiliaques ou du calcanéum) et des arthrites périphériques avec un processus tant de destruction osseuse (« ostéolyse ») que de reconstruction osseuse.
Comment se manifeste le rhumatisme psoriasique ?
Le rhumatisme psoriasique est une maladie atypique car les douleurs sont capricieuses et les signes varient beaucoup d’une personne à l’autre. Il existe classiquement 3 grandes présentations cliniques. La première présentation est celles d’une polyarthrite chronique qui touche surtout les articulations périphériques et distales. Le tableau est proche de celui de la polyarthrite rhumatoïde, mais les arthrites sont asymétriques, elles peuvent concerner les articulations inter-phalangiennes distales des mains (ce qui est rare dans la polyarthrite rhumatoïde), il n’y a pas d’anticorps auto-immuns ou de facteur rhumatoïde (= polyarthrite « séronégative ») et, dans certains cas, l’arthrite peut concerner toutes les articulations d’un même doigt ou orteil, ce qui s’accompagne d’un gonflement « en saucisse ».
© 123RF-Milan Lipowski
La deuxième présentation est celle d’une spondyloarthrite, c’est-à-dire d’une atteinte axiale pure avec enthésites diffuses sur la colonne vertébrale, une enthésite au niveau des articulations sacro-iliaques du bassin (« sacro-iliite ») et enthésite du tendon d’Achille ou de l’aponévrose plantaire au talon (« talalgie »).
Enfin, la troisième présentation du rhumatisme psoriasique est celle qui combine des atteintes périphériques (arthrites avec localisation particulière et caractère érosif et reconstructif) et des atteintes axiales (enthésites rachidiennes, sacro-iliite et calcanéite).
Dans 5 à 10 % des rhumatismes psoriasiques, les arthrites peuvent évoluer vers une forme très agressive de rhumatisme qui conduit à des détériorations articulaires et osseuses (véritable « ostéolyse »), avec un risque d’incapacité fonctionnelle majeure si aucun traitement efficace n’est mis en place.
Dans la plupart des cas, le rhumatisme psoriasique survient après l’apparition d’un psoriasis mais, dans certains cas, il n’y a aucune notion personnelle de psoriasis : c’est dans ces cas qu’il faut rechercher les atteintes discrètes de la maladie de peau (derrière les oreilles, sillon inter-fessier, cuir chevelu et ongles) ou les antécédents familiaux de psoriasis.
Quelles sont les causes du rhumatisme psoriasique ?
Les causes du rhumatisme psoriasique sont inconnues, mais on sait que l’hérédité y joue un rôle très important car il existe une prédisposition familiale nette : elle est retrouvée dans 30 % des cas. Si un membre de la famille est atteint de psoriasis (ou de rhumatisme psoriasique), le risque de psoriasis (ou de rhumatisme psoriasique) est plus important pour les autres membres de la même famille.
Plusieurs gènes modifiés (« variants génétiques) ont été identifiés dans le psoriasis. Ils sont très majoritairement situés au niveau de gènes impliqués dans l’immunité, codant pour le système HLA, les lymphocytes T ou encore les interleukines 17 et 22 impliquées dans l’inflammation de la peau. Ces variants sont nombreux et seule l’association de plusieurs d’entre eux est associée au psoriasis. Aucune mutation ne peut déclencher la maladie à elle seule.
Ilexiste donc une « vulnérabilité génétique » à avoir un psoriasis ou un rhumatisme psoriasique, mais celui-ci n’apparaîtra qu’en cas d’exposition de la personne vulnérable à un ou plusieurs agents de l’environnement (qui ne sont, le plus souvent, pas connus). Cette exposition déclenche cependant la maladie auto-immune qui se manifeste par l’activation de certains globules blancs qui appartiennent au système immunitaire (les lymphocytes T) et ceux-ci déclenchent l’inflammation au niveau de la peau et/ou au niveau de l’articulation et de l’enthèse.
Des facteurs déclencheurs, tels qu’un stress, une blessure de la peau, une infection générale, la prise de certains médicaments, le tabagisme et une consommation excessive d’alcool, peuvent causer une poussée de psoriasis ou de rhumatisme psoriasique et même mener au développement de la maladie.
Cependant, le fait d’avoir une prédisposition génétique ne veut pas nécessairement dire qu’on souffrira un jour de psoriasis ou de rhumatisme psoriasique.
Comment évoluent le psoriasis et le rhumatisme psoriasique ?
Le psoriasis et le rhumatisme psoriasique sont des maladies chroniques, mais les lésions de la peau peuvent être permanentes ou intermittentes : à certain moment les plaques peuvent s’étendre et s’aggraver, et à d’autres, elles peuvent diminuer et même disparaître temporairement jusqu’à la prochaine poussée. Il en est de même des atteintes articulaires et des enthésites qui sont assez capricieuses.
Un stress physique ou psychique est très régulièrement retrouvé dans le déclenchement des poussées de psoriasis ou de rhumatisme psoriasique. Une apparition du psoriasis au moment de la puberté et une aggravation possible au moment des règles font évoquer une influence hormonale. De même, une amélioration du psoriasis peut être constatée pendant la grossesse, et d’aucun ont évoqué une modulation des lymphocytes B et T par les estrogènes et la progestérone.
Des infections, en particulier oto-rhino-laryngologiques, peuvent déclencher des poussées de psoriasis « en goutte », surtout chez l’enfant.
La prise de certains médicaments aggrave la maladie et, en particulier : les bétabloquants, le lithium, l’hydroxychloroquine ou certains antihypertenseurs (les sartans et l’énalapril). Certains corticostéroïdes pris par voie orale peuvent aggraver les symptômes du psoriasis, s’ils sont utilisés de façon abusive ou si le traitement est interrompu brusquement.
Les malades remarquent souvent que de nouvelles lésions psoriasiques apparaissent là où la peau a été abimée (coupure en se rasant, écorchure, piqûre de vaccin, frottement excessif d’une ceinture...).
Le climat est un autre facteur qui peut aggraver ou améliorer le psoriasis. Le temps froid et sec en hiver a un effet particulièrement négatif sur le psoriasis parce qu’il assèche la peau. A l’inverse, le soleil peut aider à faire disparaître les plaques de psoriasis, ce qui explique que la thérapie par la lumière UV soit souvent mise à profit pour traiter certaines formes de la maladie (Puvathérapie).
Une forte consommation d'alcool et le tabac sont des facteurs qui sont très nettement associés à la maladie cutanée et articulaire. Des études ont révélé que le risque de développer le psoriasis est beaucoup plus élevé chez les fumeurs que chez les non-fumeurs et il en est de même pour les personnes consommant beaucoup d’alcool. Il semble aussi que le tabagisme et la consommation d’alcool réduisent l’efficacité des traitements et gênent la mise en rémission.
Il existe un certain lien évolutif entre les douleurs articulaires et la maladie cutanée, mais paradoxalement, les atteintes articulaires sont plus souvent associées à des maladies plutôt discrètes de la peau.
Dans 5 à 10 % des cas de rhumatismes psoriasiques, les arthrites peuvent évoluer vers une forme très agressive de rhumatisme avec arthrite « mutilante » des mains : il existe une destruction intense de l’os (« ostéolyse »), voire de toutes les articulations d’un doigt, qui conduit à un aspect « en lorgnette » : aspect rétracté du doigt ou de l’orteil qui reprend sa taille habituelle si on l’étire. Le risque d’incapacité fonctionnelle est majeur si aucun traitement efficace n’est mis en place.
Le rhumatisme psoriasique fait-il courir d’autres risques ?
Les études les plus récentes démontrent que les rhumatismes psoriasiques, mais aussi les psoriasis cutanés étendus, sont associés à un risque cardiovasculaire plus important.
Le psoriasis peut ainsi accroître le risque de crise cardiaque (infarctus du myocarde) et d’accident vasculaire cérébral, en raison d’une athérosclérose accélérée. Cette athérosclérose est corrélée avec l’activité de la maladie cutanée ou articulaire : avec le désordre immunitaire et l’inflammation. Un traitement cardiovasculaire préventif est recommandé en cas d’anomalie des autres facteurs de risque cardiovasculaire (cholestérol, hypertension artérielle…).
Le risque de développer d’autres maladies chroniques comme le diabète, le cancer, les maladies du foie et d’autres maladies graves a aussi été signalé. Une dépression est fréquente au cours des psoriasis étendus.
Quand faut-il évoquer un rhumatisme psoriasique ?
Si le rhumatisme psoriasique survient chez des personnes déjà atteintes de psoriasis cutané, l’apparition de douleurs articulaires inexpliquées peut faire évoquer la maladie articulaire et c’est l’analyse de la présentation clinique qui permettra de poser le diagnostic.
Mais l’atteinte articulaire précède parfois l’éruption de psoriasis ou la personne n’a jamais été consciente de lésions cutanées qui peuvent être très discrètes (cuir chevelu, derrière les oreilles, sillon inter-fessier, modifications minimes des ongles) : il est conseillé de consulter son médecin devant des douleurs articulaires, de la colonne vertébrale, des fesses ou des talons qui persistent plus de 2 semaines :
Surtout si les douleurs sont maximales dans la 2e partie de la nuit ou le matin et qu’elle s’accompagnent de réveils nocturnes et de raideurs maximales le matin, avec un dérouillage matinal de plus de 30 minutes et s’estompent ensuite dans la journée et à l’effort (et évoquent une spondyloarthrite).
Surtout si les douleurs concernent les articulations distales des doigts (inter-phalangiennes distales), si elles sont asymétriques et capricieuses et si elles s’accompagnent d’un gonflement de l’ensemble du doigt ou de l’orteil « en saucisse ». Une arthrite survient parfois à la suite d’une blessure et peut faire l’objet d’un diagnostic erroné.
Comment faire le diagnostic de rhumatisme psoriasique ?
Il n’existe pas de test spécifique permettant d’établir un diagnostic de rhumatisme psoriasique. L’antigène HLA B27 est une protéine que l’on retrouve normalement à la surface des globules blancs de certaines personnes et cet antigène est retrouvé plus fréquemment au cours des spondylarthrites. Mais, l’antigène HLA B27 est retrouvé chez 8 % des personnes normales et sans spondylarthrite, par ailleurs, il est retrouvé chez seulement 50 % des malades souffrant de rhumatisme psoriasique de forme axiale.
- En cas de psoriasis de la peau connu :
Le diagnostic est plus facile à poser en cas de psoriasis cutané et/ou des ongles et si le tableau est typique (atteinte distale des doigts, doigt ou orteil en saucisse, atteintes mixtes, axiale et périphérique, caractère destructeur et reconstructeur du processus articulaire).
La lésion typique du psoriasis est une plaque inflammatoire rouge, surmontée d’une croûte faite de squames blanchâtres qui se détachent pour laisser apparaître une plaque rouge « vernissée » à la surface de la peau. C’est l’épaisseur de la squame et les caractéristiques associées qui permettent de différencier cette lésion d’une dermite séborrhéique : les plaques rouges du psoriasis sont bien délimitées, rondes ou ovales. Les plaques peuvent être étendues et mesurer plusieurs centimètres de diamètre. Elles peuvent également être petites et nombreuses en forme de goutte. Dans 30 à 60 % des cas, ces plaques peuvent démanger (« prurit »). Il n’y a, en revanche, ni fièvre, ni fatigue.
Le psoriasis se situe habituellement sur le cuir chevelu et sur les zones de frottement : coudes, avant-bras, genoux, bas du dos, mais d'autres localisations sont possibles : ongles (croissance anormale et décoloration des ongles des mains et des pieds, micro-ponctuations « en dé à coudre »), lésions de la paume des mains, de la plante des pieds, des plis (par exemple, la pliure du bras, de la cuisse, l'arrière du genou, sous les seins...), des muqueuses génitales chez l’homme avec atteinte du gland. Le psoriasis se manifeste alors sous forme de plaques rouges indolores et ne desquamant pas.
Les ongles sont parfois touchés au cours d'un psoriasis commun, mais peuvent n'être que la seule localisation de la maladie chez certaines personnes. Les ongles ont généralement de légères déformations punctiformes (aspect en « dé à coudre ») ou se décoller du doigt. La peau peut être très épaissie sous l’ongle qui perd alors sa transparence (hyperkératose sous-unguéale).
- En l’absence de psoriasis de la peau connu :
Quand il n’y a pas de psoriasis cutané évident et connu, les signes articulaires du rhumatisme psoriasique peuvent être semblables à ceux d’autres formes de polyarthrite ou de spondyloarthrite. Afin de faire le diagnostic et d’exclure d’autres formes d’arthrite, le médecin recherchera dans les antécédents familiaux la notion d’un psoriasis cutané et fera un examen clinique détaillé de la peau et des ongles (en particulier cuir chevelu, derrière les oreilles, sillon inter-fessier et ongles).
Il existe trois atteintes au cours du rhumatisme psoriasique : l’atteinte inflammatoire des articulations périphériques (ou « arthrite »), l’atteinte axiale de la colonne vertébrale (ou spondylite) et des articulations sacro-iliaques du bassin (sacro-iliite) et l’atteinte de l’insertion des tendons, comme la « talalgie », mais de nombreux autres tendons peuvent être concernés dans tout le corps (« enthésopathie »).
L’atteinte des articulations périphériques, ou arthrite, consiste en une inflammation et une hypertrophie de la membrane synoviale qui recouvre l’intérieur des articulations. L’aspect caractéristique est l’atteinte de quelques articulations (« oligoarthrite ») ou de plus de 4 articulations, la polyarthrite chronique, capricieuse et asymétrique.
Au niveau des mains, l’atteinte des articulations distales des doigts (inter-phalangiennes distale ou IPD) évoque fortement ce diagnostic, de même que la triple atteinte (métacarpo-phalangienne et interphalangiennes proximale et distale) formant parfois le caractéristique doigt ou orteil « en saucisse » (gonflement du doigt qui efface les reliefs osseux). Chez 5 à 15 % des malades, le rhumatisme psoriasique prend un caractère destructeur, très agressif des articulations (« arthrite mutilante des mains ») avec résorption des houppes phalangiennes.
La particularité des atteintes articulaires en radiographie est que les lésions articulaires sont, soit très mutilantes avec des lésions destructrices des doigts qui sont rongés « en sucette », soit à la fois destructrices et constructrices, ce qui est très caractéristique.
Lorsqu’elles sont présentes, les manifestations axiales et tendineuses du rhumatisme psoriasique sont les mêmes que dans la spondylarthrite ankylosante : lésions radiologiques de « syndesmophytes » au rachis, « sacroiliite » asymétrique au bassin avec « ossification » des insertions des tendons qui s’insèrent sur le bassin (ou « insersite ») donnant un aspect de bassin « hérissé » en radiologie et « talalgie » avec lésion d’insersite osseuse au calcanéum (« calcanéite »). Par ailleurs, la spondylarthrite peut s’associer assez fréquemment à des lésions extra-osseuses et extra-cutanées comme une atteinte inflammatoire de l’œil ou « uvéite ».
Dans tous les cas, le médecin demandera des prises de sang, une échographie articulaire et des radiographies des articulations et des sacro-iliaques à la recherche d’une atteinte articulaire mixte, à la fois destructrice (« ostéolyse ») et reconstructrice, ainsi qu’une atteinte inflammatoire des articulations sacro-iliaques, ou « sacro-iliite », et une atteinte de l’insertion des tendons sur le calcanéum, ou « calcanéite ». Le rhumatisme psoriasique est l’exemple typique de la polyarthrite « séronégative » (négativité des examens immunologiques sanguins) ou de forme mixte, à la fois axiale (spondylite et sacro-iliite) et périphérique (arthrite et enthésite).
Il est important qu’un diagnostic exact soit posé, car si certaines options thérapeutiques sont communes à la polyarthrite rhumatoïde ou à la spondylarthrite, d’autres sont plus spécifiques et certaines ne marchent pas dans cette maladie.
Avec quoi peut-on confondre un rhumatisme psoriasique ?
Le rhumatisme psoriasique dans sa présentation type polyarthrite périphérique peut être confondu avec une polyarthrite rhumatoïde, mais le diagnostic peut être réorienté si les douleurs concernent les articulations distales des doigts (inter-phalangiennes distales qui sont exceptionnelles dans la polyarthrite rhumatoïde), si elles sont asymétriques et capricieuses, si elles s’accompagnent d’un gonflement du doigt ou de l’orteil (« en saucisse »), si l’atteinte radiologique est à la fois destructrice et reconstructive, et si l’on découvre un psoriasis cutané ou unguéal discret ou des antécédents familiaux de psoriasis.
Ce n’est pas sans importance car certains traitements de fond utilisés dans la polyarthrite rhumatoïde sont de peu d’efficacité et certains risquent même d’entraîner des accidents au cours du rhumatisme psoriasique : c’est le cas de l’hydroxychloroquine et plus rarement des sels d’or.
Les formes avec atteinte distale isolées des articulations des doigts peuvent être confondues avec les formes de polyarthrose érosive, mais le syndrome inflammatoire, les signes cutanés ou unguéaux discrets, l’aspect radiographique (association de lésions destructrices et reconstructrices) et les antécédents familiaux redresseront le diagnostic.
Les formes axiales peuvent être confondues avec les autres spondylarthrites, mais le début plus tardif, après 30 ans, l’asymétrie nette de l’atteinte sacro-iliaque et les signes cutanés ou unguéaux discrets ou les antécédents familiaux orienteront vers une spondylarthrite psoriasique. Cette différence n’est pas sans intérêt depuis la mise au point des biothérapies plus spécifiques du psoriasis (anticorps anti-IL12/23 et anti-IL17-A et un inhibiteur de la phosphodiestérase-4) à la différence des anti-TNF qui marchent dans toutes les spondylarthrites.
Pourquoi faut-il consulter ?
Le rhumatisme psoriasique dans sa présentation type polyarthrite peut être confondu avec une polyarthrite rhumatoïde qui, si elle n’est pas traitée rapidement, va entraîner des destructions articulaires qu’aucun médicament ne peut réparer.
Le rhumatisme psoriasique lui-même peut rapidement causer des lésions articulaires s’il n’est pas traité et maîtrisé. Ces lésions peuvent survenir même en l’absence de douleur intense. Elles ne sont pas réversibles et peuvent entraîner d’intenses douleurs ainsi qu’une invalidité. Certains médicaments récents semblent avoir un intérêt tout particulier dans le rhumatisme psoriasique et ne pas en faire bénéficier le malade pourrait être une perte de chance.
De nombreuses études ont montré qu’un traitement précoce et agressif permet dans bien des cas d’améliorer l’évolution de la maladie à long terme et de réduire considérablement les lésions articulaires.
Quel est le traitement d’un rhumatisme psoriasique ?
Le traitement médicamenteux du rhumatisme psoriasique consiste essentiellement à réduire l’inflammation des articulations ou des enthèses afin de soulager le malade et de prévenir l’installation éventuelle de lésions permanentes. La pierre angulaire de ce traitement est la prise d’un traitement dit « de fond » basé sur la prescription de médicaments « antirhumatismaux à action lente » (ARAL).
Mais, pour soulager les malades, on utilise souvent les traitements de fond (qui agissent en plusieurs semaines) en association avec des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et des corticostéroïdes (ou corticoïdes), surtout sous forme d’injections intra-articulaires ou des enthèses pour ces derniers. Les AINS et les corticoïdes atténuent l’inflammation mais ils n’ont aucun effet sur l’évolution de la maladie sur le long terme. Le traitement de fond est basé sur 3 molécules de synthèse et désormais sur les agents biologiques ou « biothérapies ».
• Les traitements de fond de synthèse sont légèrements différents de ceux de la polyarthrite rhumatoïde et sont surtout efficaces dans les formes articulaires du rhumatisme psoriasique. Il s’agit du méthotrexate, qui peut être pris sous forme orale ou injectable, à la dose de 15 à 25 milligrammes par semaine, du leflunomide en comprimé, à la dose de 10 à 20 milligrammes par jour, et de la salazopyrine en comprimés, à la dose de 2 à 3 grammes par jour. La prise de méthotrexate doit être associée à une supplémentation en acide folique (dont la prise hebdomadaire est décalée par rapport à celle du méthotrexate) pour réduire les effets secondaires du méthotrexate. Certains traitements de fond utilisés dans la polyarthrite rhumatoïde sont de peu d’efficacité et risquent d’entraîner des accidents au cours du rhumatisme psoriasique : c’est le cas de l’hydroxychloroquine et des sels d’or.
• Les traitements biologiques « classiques » ont été inaugurés par les biothérapies anti-TNF qui ont révolutionné le traitement des formes graves de psoriasis et de rhumatisme psoriasique, mais aussi de polyarthrite rhumatoïde et de spondyloarthrite. Différents anti-TNF existent pour traiter le rhumatisme psoriasique (anticorps monoclonaux ou protéines de fusion anti-TNF). Leur administration est généralement réalisée en association au méthotrexate (sauf pendant la grossesse). Ce sont les mêmes biothérapies qui sont utilisées dans la polyarthrite rhumatoïde. L’expérience que les médecins en ont est bonne et elles permettent de prévenir les lésions articulaires. Mais elles font courir principalement un risque d’infection et elles ne doivent pas être prescrites en cas d’antécédents récents de cancer ou de maladie démyélinisante du système nerveux.
• Plus récemment, des biothérapies ciblant une cible plus spécifique du psoriasis que le TNF, ont été mises à disposition. Ce sont essentiellement les anticorps anti-IL12/23 et anti-IL17-A (qui sont sous forme injectable) et un inhibiteur de la phosphodiestérase-4 (qui est sous forme orale).
Ces molécules ont démontré une efficacité importante sur le psoriasis cutané et sur le rhumatisme psoriasique et certaines ont été comparées aux anti-TNF et pourraient avoir une supériorité d’action, au moins pour la maladie de la peau.
• Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) permettent d’atténuer la douleur et l’inflammation causées par les arthrites et les enthésites. Ils ne contiennent pas de stéroïdes, ce qui explique le qualificatif « non stéroïdiens ». Ces médicaments atténuent les douleurs, mais n’ont aucun effet démontré à long terme sur les processus à l’origine des lésions articulaires. Ils sont donc prescrits « à la demande » ou « en continu » selon l’importance des douleurs. Le soulagement est généralement obtenu en quelques heures et si les effets ne sont pas ressentis dans les deux ou trois premières semaines, il faudra probablement faire l’essai de plusieurs médicaments de cette catégorie pour déterminer celui qui convient le mieux, car les effets varient d’une personne à l’autre.
Les brûlures d’estomac, les crampes d’estomac et les nausées sont les effets indésirables les plus fréquents des AINS. Les AINS peuvent également augmenter le risque d’ulcères et d’hémorragies, ce qui peut imposer la prescription conjointe d’antiulcéreux chez certains malades. Les Coxibs, ou inhibiteurs sélectifs de la COX-2, sont une catégorie d’AINS conçus pour réduire le risque d’ulcères gastro-intestinaux et d’hémorragie mais, bien que les Coxibs soient moins nocifs pour l’estomac, ils exposent quand même aux mêmes effets indésirables digestifs hauts que les autres AINS. Tous les AINS peuvent causer une rétention d’eau dans le corps (œdème) et élever la tension artérielle ou précipiter l’insuffisance cardiaque ou rénale chez certaines personnes. Un risque coronarien faible a été associé à la prise chronique sur le long terme des AINS.
• Les corticoïdes, aussi appelés « corticostéroïdes de synthèse », sont l’un des traitements les plus efficaces et les plus rapides sur l’inflammation articulaire. Les corticoïdes peuvent être pris par voie orale ou surtout administrés par injection directe dans une articulation ou une enthèse. Les corticoïdes sont souvent utilisés comme traitement provisoire pour maîtriser l’inflammation en attendant que les traitements de fond commencent à faire effet. Ils agissent rapidement (d’ordinaire en quelques jours), et certaines personnes se sentent déjà mieux quelques heures après avoir reçu leur première dose. Pour réduire les effets indésirables des corticoïdes au minimum, les médecins les prescrivent aux plus faibles doses possibles et pour la plus courte période nécessaire. Les doses varient grandement et sont établies en fonction de la maladie et des objectifs du traitement.
Faut-il traiter la maladie de peau associée ?
La plupart des traitements de fond du rhumatisme psoriasique sont efficaces sur les lésions de psoriasis cutanés et les rhumatismes psoriasiques et certains ont une autorisation des autorités de santé pour les 2 maladies.
Quand faut-il se faire opérer ?
L’intervention chirurgicale est une option à envisager quand la dégradation articulaire et la perte fonctionnelle deviennent importantes. À un stade avancé du rhumatisme psoriasique, lorsque les traitements de fond ont échoué ou ont été mis en route trop tard, la chirurgie peut être utile. Une opération ou la mise en place d’une prothèse articulaire peut diminuer la douleur et accroître la mobilité et la capacité fonctionnelle. Il faut toutefois souligner que la chirurgie n’a aucun effet sur l’inflammation qui est liée à l’auto-immunité.
Peut-on prendre des médecines parallèles ?
Une maladie chronique comme le rhumatisme psoriasique peut être très difficile, en particulier si les médicaments prescrits ne semblent pas avoir une efficacité complète. Face à une telle situation, il peut être tentant d’explorer toutes les solutions possibles pour améliorer le traitement de la douleur.
Certains malades souffrant de rhumatisme psoriasique se tournent donc vers les médecines alternatives (ou parallèles), c’est-à-dire des formes de traitement qui n’entrent pas dans le cadre de la médecine classique, par exemple la naturopathie, les herbes médicinales, l’acupuncture et la méditation.
Il faut toutefois savoir que ces méthodes ne peuvent pas remplacer les traitements médicamenteux et qu’elles ne peuvent qu’être associées au traitement classique. De plus, avant d’essayer une médecine alternative ou parallèle, il faut toujours en parler au médecin pour vérifier que cela ne posera aucun problème pour le traitement classique.
Comment travailler avec un rhumatisme psoriasique ?
La douleur et la raideur causées par le rhumatisme psoriasique peuvent quelquefois limiter les activités de la vie quotidienne ainsi que le travail. Ceci tend à se réduire avec la disponibilité des nouveaux médicaments type biothérapie, mais il peut être nécessaire d’avoir un arrêt de travail au moment des poussées inflammatoires.
Il peut aussi être nécessaire d’apporter des adaptations de manière à minimiser les effets du rhumatisme psoriasique sur l’emploi et les tâches quotidiennes. Si le travail nécessite des efforts physiques, il faut bien protéger les articulations et adapter le geste professionnel avec l’aide du médecin du travail. S’il s’agit d’un travail assis une grande partie de la journée, il faut adapter l’espace de travail de façon à ne pas contraindre le dos et le cou, en ajustant la position de la chaise par rapport à la table de travail.
Peut-on voyager avec un rhumatisme psoriasique ?
Le rhumatisme psoriasique n’empêche pas de voyager à condition de partir avec les traitements nécessaires et l’ordonnance qui y correspond. Il vaut mieux garder avec soi les médicaments, en particulier quand on prend l’avion, afin de ne pas les perdre.
Un fiche rédigée en anglais et expliquant la maladie et le traitement est une bonne idée en cas de problème.
Enfin, avec les biothérapies, il faut prévoir une conservation des médicaments au frais et une trousse isotherme entre les différents frigos, en respectant la durée où la trousse peut remplir sa tâche.
Peut-on pratiquer une activité physique avec un rhumatisme psoriasique ?
L’activité physique, si elle est pratiquée en dehors des poussées inflammatoires, protège les articulations en renforçant les muscles qui servent de support aux articulations affaiblies par l’arthrite. Un programme d’activité physique bien conçu réduit la douleur et la fatigue, améliore la mobilité et la forme physique générale et atténue le risque de dépression.
Faut-il soigner le psoriasis cutané ?
Même s’il n’y a pas de parallélisme entre activité du psoriasis cutané et activité du rhumatisme psoriasique, l’un a une influence nette sur l’autre. Pour atténuer l’inflammation articulaire, il vaut mieux traiter régulièrement le psoriasis cutané. S’il s’agit d’un psoriasis grave, il vaut mieux consulter un dermatologue. Une exposition modérée au soleil peut également être bénéfique pour les personnes atteintes de rhumatisme psoriasique. L’abus de soleil peut toutefois être nocif : il faut donc prendre soin d’éviter les coups de soleil.
Faut-il faire un régime au cours du rhumatisme psoriasique ?
Il n’y a pas de régime alimentaire particulier quand on souffre de psoriasis. Il suffit donc d’avoir une alimentation saine et équilibrée avec des apports suffisants en vitamine D. Il faut absolument éviter de fumer et limiter la consommation des boissons alcoolisées car ces 2 facteurs sont cause d’une aggravation de la maladie tant articulaire que cutanée et ils peuvent être la cause d’une résistance aux traitements, y compris les plus puissants.
Peut-on avoir des enfants avec un rhumatisme psoriasique ?
Il est parfaitement possible d’avoir des enfants quand on a un rhumatisme psoriasique. Il n’y a pas de réelle transmission de la maladie, mais seulement une éventuelle vulnérabilité familiale qui ne se révèle qu’avec un environnement particulier et qui s’estompera avec le mélange des gènes du conjoint.
En revanche, il faut faire attention aux médicaments, y compris les anti-inflammatoires non-stéroïdiens. Certains traitements de fond sont nettement contre-indiqués au cours de la grossesse comme le méthotrexate et le leflunomide, avec la nécessité de respecter un délai entre l’arrêt du traitement et la conception. Dans ce cas, il est possible de se traiter uniquement avec des anti-TNF et des corticoïdes, car les 2 sont compatibles tant avec la fécondation qu’avec la grossesse.
Le rhumatisme psoriasique en France touche entre 0,1 et 0,2 % de la population française. Il survient chez 5 à 25 % des personnes atteintes de psoriasis cutané (2 % de la population française) ou dans leur famille. Le rhumatisme psoriasique touche autant les hommes que les femmes et apparaît plus tardivement que les autres spondylarthrites : plutôt entre 30 et 55 ans.
Les liens du rhumatisme psoriasique
Le site de l’Association pour la lutte contre le psoriasis
Le site de l’Association Française de Lutte AntiRhumatismale
Les liens PourquoiDocteur
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