Toxoplasmose : des précautions en cas de grossesse ou d'immunodépression

Publié le 24.08.2020
Mise à jour 17.01.2024
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Toxoplasmose : des précautions en cas de grossesse ou d'immunodépression
Andrey Zhuravlev / iStock

La toxoplasmose est une infection liée à un parasite : Toxoplasma gondii. Elle peut s’attraper lors du contact avec un chat porteur du parasite ou en consommant des aliments contaminés (viande pas assez cuite, fruits et légumes crus mal lavés). Le plus souvent bénigne, la gravité de cette infection tient à sa survenue chez une femme enceinte (risque de contamination du fœtus) ou une personne immunodéprimée.

Toxoplasmose : COMPRENDRE

Des mots pour les maux

La toxoplasmose est une maladie infectieuse due à un parasite Toxoplasma gondii, on parle donc de « parasitose ».
Elle fait partie de la famille des « zoonoses » car c'est une maladie que les animaux transmettent à l'homme.
Lorsqu'une femme enceinte contracte la maladie pendant la grossesse et qu'elle le transmet à son enfant, on emploie le terme de « toxoplasmose congénitale ».
L'immunodépression est un affaiblissement du système immunitaire, le système de défense du corps humain. Elle a de multiples causes. Dans le cas de la toxoplasmose, les personnes immunodéprimées à risque sont les personnes porteuses du VIH, ainsi que celles ayant eu une transplantation d'organe ou une greffe de cellules souches hématopoïétiques (cellules de fabrication du sang).

Qu'est-ce que la toxoplasmose ?

La toxoplasmose est une infection due à la prolifération d’un parasite : Toxoplasma gondii. Celui-ci est très répandu dans la nature. Il se développe chez les chats ainsi que chez des mammifères comme les moutons, les porcs ou les bovins et peut ainsi se retrouver dans l'eau ou dans la terre.
Elle est transmise essentiellement par l'alimentation et le contact avec les chats. Cette maladie est dangereuse chez la femme enceinte et les personnes immunodéprimées (VIH). En cas d'infection pendant la grossesse, elle peut avoir de graves conséquences sur le développement du fœtus. Dans les autres cas, elle est sans gravité, et après contamination, les personnes restent immunisées toute leur vie.
La toxoplasmose passe le plus souvent inaperçue : aucun symptôme n'est apparent la plupart du temps, y compris chez la femme enceinte ; c'est pourquoi une surveillance par prise de sang est systématiquement effectuée chez la femme enceinte dont la sérologie est négative. C’est le cas de plus en plus souvent car le pourcentage de femmes enceintes immunisées contre la toxoplasmose baisse régulièrement en France : de plus de 50 % dans les années 90, il serait tombé à près d’un tiers en 2010.

Comment se transmet la toxoplasmose ?

La toxoplasmose se transmet essentiellement à l’homme par l'alimentation. On peut être contaminé en mangeant de la viande infectée par des parasites et insuffisamment cuite, ou des crudités et fruits souillés par de la terre contenant le parasite. Il est aussi possible de s'infecter en manipulant la litière d'un chat ou de la terre sans gants : le parasite se retrouve sur les mains et le risque est alors de l'ingérer en mettant ses doigts à la bouche ou en cuisinant.
La personne immunodéprimée peut aussi développer la maladie en raison de la réactivation d'une ancienne infection par le parasite.
Le parasite est hébergé par des animaux « hôtes intermédiaires » comme les mammifères herbivores (bovins, moutons…) ou omnivores (porcs). Ces animaux hébergent simplement le parasite sous forme inactive (kyste) : ils ne présentent aucun problème ni symptôme, mais peuvent contaminer l’homme lorsque celui-ci mange de la viande mal cuite. Le parasite peut aussi infecter les chats (et les autres félins), en particulier ceux qui chassent qui, eux, sont des « hôtes définitifs » : ils excrètent les parasites sous forme active (« oocystes ») dans leurs excréments et peuvent ainsi contaminer l’homme.
Le parasite peut traverser la barrière naturelle du placenta lorsqu’une femme enceinte attrape une toxoplasmose au cours de sa grossesse, contaminant ainsi le fœtus.

Quels sont les signes de la toxoplasmose ?

La période d’incubation du parasite est mal connue (entre 5 et 10 jours). En dehors de la grossesse ou de l'immunodépression, la toxoplasmose passe le plus souvent inaperçue (80 % des cas). Parfois, quelques symptômes peuvent être présents : fièvre modérée (38°C), maux de tête, fatigue prolongée, gonflement des ganglions au niveau du cou, éruption sur la peau de l’ensemble du corps à type de petits boutons rosés, parfois douleurs dans les articulations et les muscles.
Chez la femme enceinte, les symptômes sont également le plus souvent absents, mais les conséquences peuvent être graves pour l'enfant à naître ; c'est pourquoi une surveillance par prise de sang est régulièrement réalisée.
Chez la personne immunodéprimée, l'infection s'exprime de manière plus conséquente et est réellement grave. Le plus souvent, c'est le cerveau qui est atteint, avec la possibilité d’un abcès cérébral : la personne présente de violents maux de tête, de la somnolence, des paralysies ou une crise d'épilepsie. De la fièvre est associée. La rétine (« choriorétinite »), les poumons et le cœur peuvent aussi être atteints. Il existe également des parasites plus virulents à l’étranger (Afrique, Amérique latine).
Après la maladie, le parasite reste présent dans le corps (système nerveux et muscles) pendant des années sans donner de signe, car il est contrôlé par le système immunitaire. C’est pour cela qu’il peut se réactiver en cas d’immunodépression (VIH, médicaments immunosuppresseurs, greffe…).

Quelles sont les complications de la toxoplasmose pendant la grossesse ?

Lorsqu'une femme enceinte contracte la toxoplasmose, cela ne présente aucun risque pour elle. Le risque est la transmission au fœtus via le placenta : c’est la « toxoplasmose congénitale ».
Le risque pour le fœtus dépend du terme de la grossesse : plus le terme est avancé, plus le risque de transmission au fœtus est élevé (10 % au 1er trimestre, 30 % au 2ème et près de 60 % au 3ème trimestre). Les complications possibles si le fœtus est contaminé sont parfois graves. Plus l'infection a lieu tôt pendant la grossesse, plus les conséquences risquent d'être sévères : infection sévère avec un risque de décès ou un retard psychomoteur. Cela peut aller jusqu’à provoquer un accouchement prématuré ou la mort du fœtus. Il peut aussi n'y avoir aucune séquelle.
La plupart du temps (90 %), la toxoplasmose congénitale peut être latente : le fœtus, puis le nouveau-né, n’a pas de symptômes mais ses tests biologiques montrent qu’il a été infecté. Le risque principal dans ce cas est le développement ultérieur de troubles visuels (« choriorétinite »). La choriorétinite est une inflammation touchant deux membranes de l’œil, la « choroïde », qui est une enveloppe isolante de l’œil, et la rétine, qui est la membrane sensorielle à l’intérieure de l’œil permettant normalement la vue. Elle se déclare parfois après la naissance ou même à l’âge adulte avec un déficit de la vue (baisse de l’acuité visuelle, impression de « mouches » volant devant les yeux) et une rougeur de l’œil. Un traitement précoce limite cette possibilité d’une évolution vers une forme oculaire ou neurologique retardée. Il faut également assurer un suivi clinique une fois par an jusqu’à l’âge adulte.

Toxoplasmose : DIAGNOSTIC

Quelle est la surveillance de la toxoplasmose chez une femme enceinte ?

Chez la femme enceinte, une prise de sang est nécessaire en début de grossesse pour savoir si celle-ci est immunisée contre la toxoplasmose. On recherche des anticorps anti-toxoplasmes dans le sang : c’est une « sérologie ». Si la sérologie est positive, il faut regarder de quel type d’anticorps il s’agit. Si ce sont des IgG sans aucune IgM, cela signifie que la mère a déjà eu la maladie il y a plus de 6 mois et qu'elle est maintenant protégée, ainsi que son bébé, et il n'y a pas de suivi particulier.
Si la sérologie initiale est négative, cela signifie que la mère n’a pas fait l’infection et qu’elle n’est pas protégée et devra effectuer, tous les mois, une prise de sang pour vérifier qu'elle n'a pas été contaminée en cours de grossesse (infection inapparente dans 90 % des cas). On appelle cela la surveillance de la sérologie de la toxoplasmose. Il en sera de même si la sérologie initiale est positive avec des IgM seules ou en plus des IgG, car cela veut dire que la mère a fait une infection il y a moins de 6 mois. En cas de doute, d’autres examens biologiques peuvent être réalisés : test sanguin d’avidité des IgG ou recherche de l’ADN du toxoplasme dans le liquide amniotique pendant la grossesse, ou dans le sang de cordon ou le placenta, à la naissance.
Une sérologie sera également réalisée chez le nouveau-né.

Comment diagnostiquer une toxoplasmose chez une personne immunodéprimée ?

Le diagnostic de toxoplasmose chez une personne immunodéprimée est suspecté devant des symptômes tels que des maux de tête associés à de la fièvre et une somnolence, une altération de la vision ou une infection pulmonaire.
Une prise de sang est alors réalisée pour confirmer le diagnostic, ainsi qu’une imagerie du cerveau, un examen des yeux et une radiographie des poumons, en fonction des signes cliniques.

Comment diagnostiquer la toxoplasmose en dehors de la grossesse et de l'immunodépression ?

La plupart du temps, la contamination par la toxoplasmose chez une personne en bonne santé passe inaperçue : aucun symptôme ne se déclare et l’infection est donc asymptomatique. Le diagnostic est donc rarement fait.
Parfois, une prise de sang avec recherche de toxoplasmose peut être demandée par le médecin pour expliquer une fièvre, des ganglions ou une grande fatigue qui persiste.

Toxoplasmose : TRAITEMENT

Quelle est la prise en charge en cas de toxoplasmose pendant la grossesse ?

En cas de toxoplasmose contractée pendant la grossesse (« séroconversion » = apparition d’anticorps pendant la grossesse), un suivi de la femme enceinte sera effectué dans un centre spécialisé. Le but de ce suivi est d'estimer les risques de transmission au fœtus et de les limiter au maximum. En attendant le bilan spécialisé, un traitement par un antibiotique est instauré (spiramycine).
En effet, une infection chez la mère ne sera pas systématiquement transmise au fœtus, loin de là. Un prélèvement de liquide amniotique (amniocentèse) peut être proposé, il permet de savoir avec certitude si le fœtus a contracté ou non l'infection. Un suivi régulier par échographie est donc mis en place jusqu'à l’accouchement pour dépister d'éventuels signes de la maladie.
En cas de preuve d’une infection congénitale (présence de l’ADN du toxoplasme dans le liquide amniotique), une association d'antibiotiques sera prescrite tout au long de la grossesse chez la femme enceinte (pyriméthamine et sulfadiazine). Ce traitement vise à réduire les risques de transmission du parasite au fœtus et les complications qu’il peut lui provoquer. Ces médicaments peuvent être responsables d’une carence en acide folique et d’une anémie, qui ne sont pas bonnes pour la grossesse. Pour éviter cela, la supplémentation en acide folique sous forme de comprimés est indispensable pendant la durée du traitement, donc de la grossesse.
A la naissance, le nouveau-né recevra également des antibiotiques adaptés (pyriméthamine et sulfadiazine) pendant un an et il bénéficiera d'une surveillance rapprochée.
En l’absence de preuve d’une infection congénitale, seule la spiramycine sera prescrite chez la mère jusqu’à l’accouchement et le bilan chez le nouveau-né.

Quels sont les principes du traitement de la toxoplasmose en dehors de la grossesse ?

En cas de toxoplasmose non sévère diagnostiquée chez une personne en bonne santé, aucun traitement n'est nécessaire.
Des antibiotiques sont prescrits et utiles uniquement s'il existe des complications (rares) ou si les symptômes persistent. La plupart du temps, aucun antibiotique n’est prescrit. En cas de toxoplasmose chez la personne immunodéprimée, un traitement est systématiquement et rapidement mis en place : il s'agit d'une association de deux antibiotiques (pyriméthamine et sulfadiazine ou clindamycine) à laquelle est associée de l’acide folique (la vitamine B9).
Ce double traitement est prescrit pour plusieurs semaines. Il en est de même en cas d’atteinte oculaire chez une personne non-immunodéprimée.

Toxoplasmose : PREVENIR

Comment réduire les risques de toxoplasmose en cas de grossesse ?

La toxoplasmose se transmet essentiellement par l'ingestion d'aliments infectés : viande mal cuite et fruits ou crudités souillés par de la terre contenant le parasite. Pour réduire les risques, tout d'abord, il est impératif de bien se laver les mains avant et après manger ou après avoir cuisiné.
Il faut également bien laver les ustensiles de cuisine après avoir manipulation de la viande. Concernant l'alimentation : il est recommandé aux femmes enceintes de manger uniquement des viandes et volailles bien cuites (au moins 67°C dans le cœur). Il est possible de congeler la viande pour détruire les kystes du parasite (au moins -12°C pendant au moins 3 jours). Les fruits doivent être mangés épluchés et les crudités bien rincées avant ingestion. Il est déconseillé de manger des crudités si on ne sait pas comment elles ont été préparées (en restauration ou chez des amis par exemple). La toxoplasmose peut plus rarement se transmettre par la manipulation de terre souillée ou d'excréments de chat infecté. Il faut donc jardiner avec des gants et bien se laver les mains après. Il est déconseillé de changer la litière des chats pendant la grossesse. S'il n'y a pas d'autres solutions, il faut utiliser des gants, bien se laver les mains après et la nettoyer quotidiennement à l'eau bouillante.

Comment réduire les risques de toxoplasmose en cas d'immunodépression ?

Les mêmes précautions que chez la femme enceinte (cf paragraphe précédent) sont à prendre chez la personne immunodéprimée si celle-ci n'avait jamais contracté la maladie (sérologie négative).
Si la personne a déjà été infectée (sérologie positive), le risque est alors la réactivation du parasite avec la baisse d'efficacité du système immunitaire. Mais dans ce cas, il n'y a pas de risque avec le contact d'aliments infectés ou d'excréments de chat, les précautions ne sont donc pas nécessaires. Quelle que soit la situation, des antibiotiques sont systématiquement prescrits lorsque le système immunitaire est fortement abaissé, afin de réduire les risques de toxoplasmose.

Toxoplasmose : PLUS D'INFOS

La maladie en France : chiffres
Peu de chiffres existent sur la toxoplasmose en France, les données sont le plus souvent approximatives et anciennes.
La séroprévalence de la toxoplasmose, c'est-à-dire la proportion de personnes immunisées contre la maladie, est estimée en France à 44 %. Cela indique qu’environ la moitié des Français a déjà contracté la maladie, la plupart du temps sans le savoir.
L'incidence, c'est-à-dire le nombre de nouveaux cas de toxoplasmose par an, est difficile à évaluer en raison de la fréquence des formes sans symptômes. Elle est estimée entre 200 000 et 300 000 cas par an, dont environ 40 000 symptomatiques.
Chez les personnes atteintes du SIDA, environ 200 nouvelles infections sont déclarées par an.
Tous les ans, à peu près 2700 femmes contractent la toxoplasmose et on estime à 600 le nombre de naissance d'enfants infectés par la toxoplasmose, dont 175 avec des séquelles.

Liens de sites sur le sujet


Le site de l’Université Lyon 1
http://spiralconnect.univ-lyon1.fr/webapp/website/website.html?id=2103487&read=true&pageId=133191

Le site de l’ANSES
https://www.anses.fr/fr/content/toxoplasmose

Le site de la Société Nationale Française d’Ophtalmologie (complication oculaires)
http://www.snof.org/encyclopedie/toxoplasmose-oculaire

Le site de la HAS
https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1165635/en/grossesse-surveillance-serologique-et-prevention-de-la-toxoplasmose-et-de-la-rubeole

Liens Pourquoi Docteur

https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/28185-Schizophrenie-forte-association-toxoplasmose-parasite-chat
https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/26453-L-ambition-sens-affaires-sont-ils-dus-parasite-responsable-toxoplasmose

Liens Youtube sur le sujet

https://www.youtube.com/watch?v=LmMq0E5o0tk
https://www.youtube.com/watch?v=DN2VMIa2BvI

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Bras et mains Bras et mains Tête et cou Torse et haut du dos Jambes et pied