Cirrhose hépatique : une grave maladie aux débuts silencieux
La cirrhose est une maladie sévère du foie, caractérisée par une destruction des cellules et de la structure du foie qui devient fibreux : la fonction du foie s'altère progressivement.
Des mots pour les maux
L'hypertension portale est une augmentation de la pression dans la veine porte, la veine qui amène le sang des intestins au foie. L'épaississement local du tissu du foie en cas de cirrhose empêche le sang de circuler normalement et entraine alors cette hypertension dans la veine porte. Les complications les plus graves de celle-ci sont les varices œsophagiennes ou gastriques. Il s'agit de dilatations de veines dans la paroi de l'œsophage ou de l'estomac, dont la rupture provoque de graves hémorragies digestives.
L'insuffisance hépato-cellulaire correspond au dysfonctionnement des cellules du foie. La cirrhose fait partie des maladies pouvant provoquer cette insuffisance. En cas d'évolution, une encéphalopathie hépatique peut survenir, il s'agit de troubles neurologiques pouvant aboutir à un coma.
Le syndrome métabolique parfois appelé syndrome X est défini par un tour de taille augmenté associé à deux autres critères parmi les suivants : hypertension artérielle, taux de sucre ou de triglycérides (graisses) élevés, taux d'HDL cholestérol (« bon cholestérol ») bas.
Qu'est que la cirrhose hépatique ?
La cirrhose hépatique est une maladie chronique et sévère du foie. Il s'agit d'une modification progressive de l'architecture de cet organe avec une destruction de ces cellules. Un remaniement s'effectue ensuite sous forme de tissus fibreux, la fibrose, qui altère la fonction du foie.
Au début de la maladie il n'existe quasiment aucun symptôme mais les années passant, de redoutables complications apparaissent.
Quels sont les signes de la cirrhose hépatique ?
La cirrhose est une maladie qui, pendant longtemps, évolue à bas bruit. Au début, donc, il n'y a ni symptômes physiques ni douleur. On parle alors de cirrhose compensée : la maladie est présente et évolue mais est silencieuse.
Certains signes qui évoquent un dysfonctionnement du foie peuvent cependant alerter le médecin : fatigue importante, foie augmenté de volume, modification de l'haleine (foetor hépatique), taches rouges sur la peau (angiomes stellaires).
La découverte est donc souvent tardive lorsqu'une complication se déclare : on parle alors de cirrhose décompensée. Il peut s'agir d'une hémorragie digestive avec du sang dans les selles ou dans des vomissements, un gonflement des jambes (œdème) ou du ventre (ascite), des troubles neurologiques tel que des tremblements ou une coloration jaune de la peau et des conjonctives (ictère). L'apparition de ces signes doit donc amener à consulter son médecin.
Quelles sont les causes de la cirrhose hépatique ?
La cirrhose hépatique est la conséquence d'une agression chronique du foie. Celle-ci peut être due à différents facteurs.
Dans trois quarts des cas, c'est la consommation régulière d'alcool qui est responsable de la cirrhose.
Les autres causes fréquentes sont les hépatites virales C et B et le syndrome métabolique.
Enfin dans des cas plus rares, la maladie peut avoir comme cause la prise de médicaments, des pathologies des voies biliaires ou l'hémochromatose une maladie génétique entraînant une absorption anormale du fer par les intestins.
Quelles sont les complications de la cirrhose hépatique ?
La gravité de la cirrhose hépatique est liée à l'apparition des complications de la maladie. Une hémorragie digestive, saignement du tube digestif, peut survenir lors de la rupture de varices situées au niveau de l'œsophage. De l'ascite, une accumulation de liquide au niveau de l'abdomen peut aussi se développer, en dehors de la gêne fonctionnelle occasionnée, le risque est l'infection de ce liquide qui constitue également une urgence médicale.
D'autres infections, du rein ou des poumons par exemple sont susceptibles de survenir au cours de la maladie en raison de défenses immunitaires abaissées.
La cirrhose hépatique peut également provoquer une encéphalopathie hépatique, c'est à dire des troubles neurologiques comme des tremblements, une confusion voire des troubles de la conscience.
A un stade évolué de la maladie, le rein peut aussi être atteint et se mettre à dysfonctionner : on parle alors de « syndrome hépato-rénal ».
La complication la plus redoutée est le carcinome hépato cellulaire, un cancer du foie qui peut se développer après une quinzaine d'années d'évolution de la cirrhose. L'ensemble de ces complications sont des urgences médicales pour lesquelles il est impératif de consulter. Lorsque la cirrhose est diagnostiquée, un suivi régulier permet de dépister les risques de complications et de diminuer leur risque d'apparition.
Quand faut-il évoquer une cirrhose hépatique ?
La cirrhose hépatique évolue longtemps à bas bruit. Ainsi pendant 10 ou 20 ans, on peut être atteint et n'avoir aucun symptôme.
Les circonstances de découvertes sont variées. Elle peut être évoquée en cas de symptômes évocateurs mais non propres à la cirrhose tel qu'une grande fatigue, des signes de dysfonctionnement du foie (mains rouges, angiomes, apparition de veines visibles sur l'abdomen par exemple). Ces signes seront d'autant plus évocateurs s'ils apparaissent chez des personnes comportant les facteurs de risque de cirrhose tels que la consommation d'alcool, le surpoids ou porteur d'une hépatite chronique.
Le diagnostic peut aussi être suspecté devant une prise de sang anormale avec une élévation des enzymes du foie et/ou des anomalies de la coagulation. Parfois la découverte est fortuite suite à examen médical réalisé pour une autre cause. Par exemple, une fibroscopie digestive peut révéler des varices de l'œsophage typiques de la cirrhose ou un scanner peut dépister un foie augmenté de volume et à bords irréguliers évocateur d'une cirrhose.
Comment diagnostiquer une cirrhose hépatique ?
Le diagnostic de cirrhose hépatique peut reposer sur l'association de symptômes évocateurs et d'anomalies de la prise de sang mettant en évidence un dysfonctionnement important du foie.
Pour confirmer le diagnostic, on effectue un prélèvement du foie, appelé ponction biopsie hépatique afin d'étudier sa structure.
D'autres techniques existent également pour confirmer le diagnostic grâce à l'utilisation d'ultra-sons et des dosages sanguins destinés à éviter la ponction biopsie. Ces tests se développent mais ne sont pour l'instant validés qu'en cas d'hépatite C.
Quand est-il nécessaire de faire un bilan pour explorer une cirrhose hépatique ?
Une fois le diagnostic de cirrhose hépatique validé, des explorations sont dans tous les cas nécessaires. Elles vont permettre d'en déterminer la cause en effectuant une prise de sang à la recherche d'une infection par le virus de l'hépatite C ou B et des arguments pour un syndrome métabolique (dosage du sucre et du cholestérol).
Le but sera aussi de rechercher des complications de la maladie. Une fibroscopie digestive est effectuée afin de voir s'il existe des varices dans l'œsophage, une prise de sang analyse le fonctionnement du foie et une imagerie (échographie, scanner ou IRM) est réalisé pour éliminer un cancer du foie associé.
Le bilan permet également d'évaluer la gravité de la cirrhose à l'aide de scores dédiés tel que le score de Child Pugh ou le score de Meld.
Quels sont les principes du traitement de la cirrhose hépatique ?
Il n'existe pas de traitement spécifique contre la cirrhose. Le principe du traitement est de stabiliser la maladie. Il s'agit également selon le stade de la cirrhose de soigner les complications ou de prévenir leur apparition.
Il est donc impératif d'arrêter tous les facteurs de risque. Il faut arrêter de fumer et de consommer de l'alcool, améliorer son hygiène de vie afin de réduire son poids, normaliser sa tension artérielle, son taux de sucre et de cholestérol.
En cas d'hépatite B ou C, un traitement antiviral est instauré.
La sensibilité aux infections étant accrues en cas de cirrhose, il est impératif de se vacciner contre la grippe, le pneumocoque, l'hépatite B et A. Afin de préserver les fonctions du foie plus longuement, les traitements nocifs pour celui-ci doivent être arrêtés. Avant toute prise de médicaments, même les plus banaux tels que le paracétamol, il faut demander avis à son médecin référent. La prévention des complications et l'allongement de l'espérance de vie passe aussi par un suivi médical très régulier qu'il faut poursuivre à vie.
Quels sont les principes des traitements des différentes complications ?
En cas d'ascite, des ponctions au niveau de l'abdomen sont régulièrement réalisées afin d'évacuer le liquide et un traitement spécifique (diurétique) est mis en place. Si le liquide d'ascite s'infecte, des antibiotiques sont prescrits. Pour la prise en charge des varices œsophagiennes, afin de réduire le risque d'hémorragie digestive, un médicament (bêtabloquant) peut être prescrit. Il est aussi possible selon la gravité d'effectuer une ligature au cours d'une endoscopie.
Peut-on guérir d'une cirrhose hépatique ?
Non, on ne peut pas actuellement guérir la cirrhose hépatique qui est une maladie chronique et évolutive. Cependant grâce à un suivi régulier et à une hygiène de vie rigoureuse, il est possible d'en ralentir l'évolution et de stabiliser son état. Le seul traitement curatif qui existe est la transplantation hépatique (greffe de foie).
Mais compte tenu du faible nombre d'organes disponibles en comparaison au nombre de personnes atteintes, peu y ont accès. La priorité est alors donnée aux cas les plus graves. Quoi qu'il en soit en cas de poursuite de la consommation d'alcool ou d'âge supérieur à 70 ans, aucune transplantation n'est effectuée.
Comment réduire les risques de cirrhose hépatique ?
Afin de réduire les risques de cirrhose hépatique, il faut éviter de s'exposer aux facteurs de risque de la maladie. Tabac et alcool sont donc proscrits. Afin d'éviter d'être contaminé par le virus de l'hépatite B ou C, les rapports sexuels doivent être systématiquement protégés, et il ne faut pas consommer de drogues par les veines. Enfin pour prévenir l'apparition d'un syndrome métabolique, il faut avoir une alimentation équilibrée et effectuer régulièrement une activité physique.
La maladie en France chiffres
En France, environ 150 000 personnes ont une cirrhose hépatique. Tous les ans, plus de 10 000 nouveaux cas sont diagnostiqués. La cirrhose hépatique est responsable de 15 000 décès par an, c'est la cinquième cause de mortalité en France. Seulement 1000 transplantations hépatiques pour cirrhose sont effectuées tous les ans en France.
Lien site
- Société nationale française d'hépato-gastro-entérologie, cours sur la cirrhose et ses complications
- Société nationale française d'hépato-gastro-entérologie, fiche grand public sur la cirrhose
- Association française pour l'étude du foie, fiche grand public sur la cirrhose
- INSERM, fiche informative sur la cirrhose
- Haute autorité de santé, critères diagnostiques et bilan initial de la cirrhose non compliquée
- Haute autorité de santé, surveillance des malades atteints de cirrhose hépatique et prévention des complications
- Fédération française de cardiologie, zomm sur le syndrome métabolique
Liens pourquoi Docteur
- Reconnaître une maladie du foie avant qu'il ne soit trop tard
- Cirrhose alcoolique : un gène réduit le risque chez certains patients
- Cirrhose du foie : de plus en plus de cas chez les jeunes et les femmes
- NASH : des chercheurs européens découvrent comment combattre la maladie du «foie gras»
- Hépatite B : une maladie infectieuse du foie liée au sexe ou au travail
- Hépatite C : la 1ère infection virale chronique du foie qui peut guérir
- Hémochromatose : l'excès de fer peut nuire à la santé
Liens vidéos
- La cirrhose : une maladie silencieuse
- Causes de la cirrhose du foie
- Maladie du soda ou "cirrhose non alcoolique" : la recherche avance
- Toulouse : un dépistage éclair de la cirrhose et de l'hépatite grâce à des appareillages portatifs
Commentaires