Arthrose : des douleurs sans lien obligé avec le vieillissement
L’arthrose a longtemps été considérée comme une fatalité liée au vieillissement, alors qu’elle est le plus souvent une maladie articulaire à part entière et responsable de douleurs spécifiques. Il existe des causes et des facteurs de risques bien identifiés qui conduisent à la maladie arthrosique et à la destruction du cartilage... et contre lesquelles il est possible de lutter pour ralentir ou éviter l'aggravation.
Des mots pour les maux
L’arthrose est une maladie articulaire (ou « rhumatisme articulaire ») chronique. Il s’agit d’une maladie de causes diverses qui touche primitivement le « cartilage », le tissu qui recouvre les extrémités des os dans une articulation.
La douleur de l’arthrose est déclenchée par l’utilisation de l’articulation arthrosique et calmée par le repos : il s’agit donc d’une douleur mécanique.
Le cartilage à une double fonction de glissement des pièces osseuses et d’amortissement des chocs pour les os.
Il existe des arthroses sans causes connues et appelées arthroses « primitives » et des arthroses « secondaires » à diverses maladies locales ou générales. Un certain nombre de facteurs de risque aggravent la progression de l’arthrose, dont bon nombre sont modifiables.
Le cartilage est un gel constitué d’une matrice de molécules de « collagène de type II » qui emprisonne de gros amas de « protéoglycanes » et quelques cellules assez peu actives, les « chondrocytes ».
Qu'est-ce qu’une arthrose ?
L'arthrose est la maladie articulaire la plus répandue. Elle se caractérise par une atteinte graduelle du cartilage, tissu souple et résistant qui recouvre et protège les extrémités des os d’une articulation.
Le cartilage est un gel constitué d’une matrice de molécules de « collagène de type II » qui emprisonne de gros amas de « protéoglycanes », qui retiennent l’eau, et quelques cellules spécialisées mais assez peu actives, les « chondrocytes ».
Le cartilage est un tissu important de l’articulation. Il a un double rôle : il permet aux extrémités osseuses de glisser l’une sur l’autre sans frottement et il permet aussi d’amortir les chocs répétés entre les pièces osseuses lors des mouvements (« microtraumatismes »).
Lors de l’évolution de l’arthrose, et quelle qu’en soit la cause, le cartilage perd en élasticité et en épaisseur. Il se fissure et finit par disparaître, entraînant un contact direct entre les os des douleurs lors des mouvements de l’articulation. A terme, du fait de la douleur et de la raideur articulaire, l’arthrose aboutit à un handicap majeur.L’atteinte du cartilage aboutit ensuite à une destruction de toutes les structures de l'articulation, notamment l’os sous-jacent au cartilage (l’os « sous-chondral ») et le tissu synovial.
En général, la personne qui souffre d'arthrose se plaint d’une douleur et d’une raideur des articulations atteintes le matin, qui durent environ 15 à 20 minutes et s’estompent ensuite. Puis, à mesure que la journée avance et que les articulations sont sollicitées, la douleur et la gêne réapparaissent et s'accentuent. La mise au repos des articulations procure, en revanche, le plus souvent un certain soulagement.
Dans certaines circonstances, et en particulier lors des poussées évolutives d’arthrose, les articulations atteintes peuvent exprimer une inflammation plus ou moins importante, ce qui correspond à des modifications de la douleur, qui prend un caractère « inflammatoire », c’est-à-dire prédominant le matin et dans la deuxième partie de la nuit. S’y associent un gonflement articulaire, qui correspond à une hypertrophie de la membrane synoviale et à la sécrétion d’un liquide dans l’articulation, avec une augmentation de la chaleur locale.
À cause de la douleur et de la raideur, la personne a moins tendance à utiliser ses articulations atteintes, ce qui entraîne un affaiblissement progressif des muscles autour de l’articulation (« amyotrophie » réactionnelle).
Avec le temps, à mesure que le cartilage se désagrège, les articulations atteintes peuvent grossir peu à peu sous l'effet d'une ossification réactionnelle, attribuable aux mécanismes de cicatrisation de l'organisme (« becs de perroquets » ou « ostéophytes »).
Il n'existe aucun moyen de guérir l'arthrose, mais grâce à un diagnostic précoce et à un traitement approprié, on peut maîtriser la maladie, la stabiliser et retarder ou même prévenir les lésions articulaires graves. La plupart des personnes atteintes d'arthrose peuvent mener une vie active si elles suivent un traitement approprié qui combine médicaments utilisés à bon escient, exercice physique (en dehors des poussés inflammatoires), repos (lors des poussés inflammatoires) et techniques de protection des articulations.
Dans les cas graves, le cartilage peut finir par disparaître complètement, mais ce n’est pas toujours la fin de l’histoire. Si les os qui frottent les uns contre les autres sont bien lisses et bien solides, le maintien d’une utilisation articulaire peut se prolonger sous certaines conditions (protection et amortisseurs externes). Si l’os se déforme et s’érode, la douleur s’accroit et il faut envisager la chirurgie.
L’arthrose peut-elle être inflammatoire ?
Les arthroses souffrant de nombreux épisodes inflammatoires récurrents ou persistants sont dites arthroses « inflammatoires » (ou arthroses « érosives ») et sont plus graves car elles conduisent à une évolution plus rapide vers la destruction du cartilage et de l’articulation.
L’inflammation au cours de l’arthrose se caractérise par une raideur matinale plus prononcée et plus prolongée (plus de 15 minutes), avec un net gonflement des articulations touchées, accompagné de chaleur et de rougeur locale (sur les articulations qui sont juste sous la peau, comme les mains). La douleur a un horaire inflammatoire (le matin et la 2e partie de la nuit en plus de la douleur en fin de journée). Elle pleut être plus intense, mais pas toujours, ce qui conduit certains malades à la négliger.
Ce type d'arthrose peut même être confondu avec un rhumatisme inflammatoire, comme la polyarthrite rhumatoïde, et il correspond à une évolutivité plus importante de la maladie arthrosique qui, à terme, peut devenir aussi handicapante aux mains que la polyarthrite rhumatoïde.
Qui peut être touché par l’arthrose ?
L'arthrose peut survenir à tout âge, même si le risque d'en être atteint augmente à mesure que l'on vieillit. En revanche, un usage d'intensité normale des articulations ne cause pas spécialement d’arthrose des articulations.
Pratiqués avec modération, l'activité physique et l'exercice n'entraînent donc pas d'arthrose et sont même bénéfiques aux articulations.
L'arthrose secondaire est très courante après un traumatisme articulaire, et en particulier chez les athlètes professionnels dans les sports de contact en particulier (football, rugby, hockey, boxe, lutte…).
En cas de déformation anatomique d’une articulation, une arthrose peut apparaître précocement, dès le milieu de la vie.
L’arthrose peut apparaître secondairement à l’agression d’une articulation au cours d’un rhumatisme inflammatoire ou à microcristaux (polyarthrite rhumatoïde, goutte, hémochromatose…) ou au cours de certaines maladies endocriniennes (diabète, acromégalie…).
Quelles sont les causes de l’arthrose ?
Il existe classiquement deux catégories d'arthrose : l’arthrose pour laquelle il n’y a pas de cause apparente, c’est-à-dire l’arthrose « primitive », et celle où une cause est apparente, c’est l’arthrose « secondaire ».
L'arthrose est qualifiée de primitive quand elle n'est attribuable à aucune cause évidente, quels que soient les facteurs de risque présents. En général, l'arthrose primitive touche plusieurs articulations, et en particulier celles des doigts (inter-phalangiennes distales et proximales). Cette atteinte grossièrement symétrique peut s’associer à une atteinte de la racine des pouces, des gros orteils et de la colonne vertébrale. Elle a un caractère familial net et peut correspondre à des anomalies du collagène au cours d’un syndrome d’hyperlaxité ou d’une autre maladie moins bien définie.
L'arthrose est qualifiée de secondaire lorsqu'elle peut être attribuée à une cause évidente. La cause la plus fréquente d'arthrose secondaire est une blessure de l'articulation plus tôt dans la vie (entorse sévère, fracture articulaire, déchirure des ligaments avec instabilité articulaire secondaire). L'arthrose secondaire est ainsi très courante chez les athlètes professionnels et dans les sports de contact en particulier (football, rugby, hockey, boxe, lutte…), mais tout le monde peut en être atteint. L'usage intense des articulations ne peut à lui seul mener à une arthrose.
L’arthrose peut aussi être déclenchée secondairement à une anomalie morphologique de l’articulation, en particulier à la hanche (coxa valga ou vara, défaut de couverture cotyloïdienne antérieure ou externe) et au genou (genu varus ou varum). C’est l’anomalie de l’anatomie de l’articulation qui expose à des contraintes supplémentaires sur le cartilage, ce qui conduit à sa lésion et à son usure.
Certaines maladies où il existe une inflammation articulaire peuvent déboucher sur une arthrose secondaire, même si la maladie est guérie. Il en est ainsi des rhumatismes inflammatoires, comme la polyarthrite rhumatoïde ou le rhumatisme psoriasique, des infections articulaires et des arthrites microcristallines (chondrocalcinose surtout, mais aussi goutte) et de l’hémochromatose.
Quelques maladies hormonales sont souvent à l’origine d’une arthrose secondaire, comme l’acromégalie (excès d’hormone de croissance), le diabète de type 2 (dit « diabète gras »), l’hyperparathyroïdie (par le biais d’une chondrocalcinose articulaire) et aussi l’obésité (en dehors de la surcharge sur les articulations des membres inférieurs, les obèses ont fréquemment une arthrose des petites articulations des doigts qui serait en rapport avec la sécrétion de protéines pro-inflammatoires par la graisse intra-abdominale (adipokine).
Quels sont les facteurs de risque de l’arthrose ?
Le principal facteur de risque de l'arthrose est l’âge : le risque d'apparition de l'arthrose augmente avec l'âge et ceci est probablement lié à la baisse des capacités de réparation du cartilage par les cellules spécifique, les « chondrocytes », qui sont de moins en moins actifs au cours de la vie. L’arthrose radiologique augmente systématiquement avec l’âge, mais ceci ne veut pas dire que « l’arthrose-maladie » est associée à toutes les images radiologiques.
La recherche démontre de plus en plus clairement que des facteurs génétiques jouent un rôle dans l'apparition de l'arthrose. Cette influence est la plus forte dans l'arthrose des petites articulations de la main (« polyarthrose »), mais elle est aussi retrouvée dans l’arthrose de la colonne vertébrale (arthrose « rachidienne »). Les chercheurs ignorent encore le rôle relatif exact des facteurs génétiques par rapport à l’environnement dans ce processus. L'hypothèse est celle d'un lien génétique avec les capacités de formation et de réparation du cartilage.
Le fait d'avoir du poids en trop soumet les articulations des membres inférieurs (pieds, genoux et hanches) à une surcharge importante. La bonne nouvelle, c'est qu'en perdant ne serait-ce que quelques kilos (3 à 5 kilos), il est possible de réduire la pression exercée sur les genoux et surtout la sécrétion de protéines pro-inflammatoires par la graisse située à l’intérieur du ventre (« intra-abdominale »). Cet effet bénéfique de la perte de poids s’exerce même si l'arthrose du genou est déclarée (gonarthrose), ce qui peut aboutir à diminuer les douleurs et le risque de devoir subir un jour une intervention chirurgicale.
Comment évolue l’arthrose ?
L’arthrose, qui a longtemps été présentée comme une « usure » du cartilage est bien une maladie destructrice de l’articulation avec une participation inflammatoire. L’évolution peut être aggravée par différents facteurs de risque. C’est pour cela que les chercheurs ne parlent plus d’arthrose en général mais « des arthroses » en fonction du profil du malade : arthrose liée à l’âge, arthrose liée à une obésité, arthrose liée à une maladie de l’articulation...
Ces situations différentes entraînent des mécanismes distincts qui font intervenir différentes causes et différents signaux entre les tissus de l’articulation : l’os, le cartilage et le tissu synovial. La compréhension de ces mécanismes permettra au cours des prochaines années de disposer, d’une part, de « biomarqueurs prédictifs » de l’évolution de la maladie au moment du diagnostic et, d’autre part, de trouver de nouvelles « cibles thérapeutiques ». L’objectif est donc d’individualiser la prise en charge et les traitements en fonction de ces profils.
Les lésions du cartilage ne régressent pas au cours du temps : c’est une maladie à « effet de cliquet ». Par ailleurs, leur évolution n’est pas linéaire : elle peut être très lente et progressive, sur plusieurs années, et sans induire de handicap majeur, ou elle peut évoluer en « marche d’escalier » (poussées inflammatoires entrecoupées de phases de rémission), ou l’évolution peut être très rapide et rendre nécessaire la pose d’une prothèse en quelques mois, par exemple de la hanche (« coxarthrose destructrice rapide »).
Deux phases alternent, en effet, au cours de l’évolution de la maladie, selon un rythme imprévisible et plus ou moins apparent. Le plus souvent, le malade est en « phase chronique », au cours de laquelle la gêne quotidienne est variable et la douleur articulaire est modérée et d’horaire mécanique (douleur à l’utilisation). Cette phase d’évolution à bas bruit de l’arthrose peut être entrecoupée de crises douloureuses aiguës, accompagnées d’une véritable inflammation de l'articulation. La douleur est alors vive, survenant dès le matin et parfois la nuit. Durant la phase chronique il est recommandé de conserver une activité physique régulière mais, lors des crises douloureuses, il faut mettre l’articulation au repos (dans une attelle aux membres supérieurs et en décharge sur 2 cannes anglaises aux membres inférieurs). C’est, en effet, au cours de cette phase « inflammatoire » que la destruction du cartilage est maximale.
Quand faut-il penser à une arthrose ?
L'arthrose connaît ordinairement une évolution lente pouvant même évoluer à bas bruit chez certains malades, pendant des mois ou des années. Il faut y penser devant des douleurs de type « mécanique », c’est-à-dire des douleurs qui s'accentuent quand les articulations sont sollicitées et s'atténuent au repos.
Les douleurs apparaissent peu à peu lors de l’activité, ou après une activité. Parfois, le début est plus brutal, dans les suites d’une sur-utilisation chez la personne d’âge mûr. Aux premiers stades, seules les activités très exigeantes provoquent des douleurs d’horaire mécanique, mais par la suite, les douleurs apparaissent aussi à l’occasion d’activités ordinaires.
Avec le temps, les douleurs restent soulagées par le repos et peuvent s'accompagner de signes attirant l’attention sur l’articulation, comme la raideur ou même un blocage articulaire. Les articulations peuvent être raides au lever ou après une période de repos, mais cette raideur est ordinairement passagère, ne durant pas plus de 15 minutes.
On note parfois un gonflement, une perte de souplesse et un affaiblissement des articulations. Les articulations atteintes peuvent émettre un bruit de craquement lors de certains mouvements.
Des douleurs plus intenses peuvent persister la majeure partie de la journée et même gêner le sommeil la nuit (horaire inflammatoire), ainsi que s’accompagner d’une raideur plus importante et plus prolongée le matin : c’est dans ce cas qu’il faut évoquer une poussée inflammatoire d’arthrose, avec un risque de dégradation accélérée de l’articulation.
Comment faire le diagnostic d’arthrose ?
Il n'existe pas de test de dépistage spécifique de l'arthrose. C’est l’interrogatoire du médecin, en particulier sur l’horaire de la douleur et de la raideur articulaire et sur les antécédents qui orientera le diagnostic.
L’examen clinique pourra retrouver une limitation articulaire, qui s’exprime généralement dans un seul segment du mouvement de l’articulation, ainsi que des déformations, préexistantes (« genu varum ou valgus ») ou acquises (« nodosités de Bouchard ou d’Heberden » aux doigts), « becs de perroquets » ou « ostéophytes » au articulations et à la colonne vertébrale.
Une prise de sang permettra d’éliminer un syndrome inflammatoire et une maladie impliquant des microcristaux (goutte et chondrocalcinose articulaire) ou des dépôt articulaire (de fer dans l’hémochromatose).
En cas de gonflement articulaire, une ponction articulaire permettra de retirer du liquide aux fins d’analyses : celle-ci montrera l’absence d’infection et de microcristaux et le caractère lui-aussi « mécanique » du liquide articulaire.
Enfin, la radiographie permettra de montrer la diminution localisée de l’épaisseur du cartilage entre les 2 extrémités osseuses de l’articulation : le « pincement articulaire », et l’existence de « réactions ostéophytiques » réactionnelles à l’arthrose (« becs de perroquets »). Le scanner ou l’IRM sont rarement utilisés au cours de l’arthrose.
Avec quoi peut-on confondre une arthrose ?
Au stade de début, l’arthrose peut s’accompagner d’une morphologie articulaire strictement normale : il peut ne pas y avoir de « pincement articulaire » en radiographie et seule la ponction articulaire ou l’IRM peuvent déceler une atteinte précoce du cartilage sans pincement.
Au stade inflammatoire de l’arthrose, en particulier aux mains, celle-ci peut être confondue avec une infection articulaire, un rhumatisme inflammatoire (polyarthrite rhumatoïde ou rhumatisme psoriasique) ou une arthrite microcristalline. De toute façon, il faudra toujours éliminer la présence de microcristaux dans une articulation arthrosique par une ponction, en particulier en cas d’arthrose très évolutive, d’arthrose avec atteintes disséminées, d’arthrose d’évolution atypique ou en cas d’usure de l’articulation sous forme d’engrenage.
Au stade terminal, il faut vérifier qu’il n’y a pas une maladie inflammatoire ou autre qui serait responsable de l’arthrose.
Quand faut-il consulter en urgence ?
Il faut consulter en urgence en cas de crise douloureuse suraiguë qui peut faire évoquer une arthrite infectieuse. En effet, une atteinte articulaire chronique peut faire l’objet d’une surinfection en cas de porte d’entrée infectieuse (infection urinaire, soins dentaires…).
Une autre cause de douleur suraiguë au cours d’une arthrose connue peut être liée à un infarctus qui survient dans un os articulaire remanié par l’arthrose (« ostéonécrose secondaire ») ou à une fissure osseuse (forme débutante de fracture).
Quel est le traitement d’une arthrose ?
La plupart du temps, l'arthrose s'aggrave à mesure que l’épaisseur du cartilage s'amenuise. Il n’existe aucun traitement spécifique de l’arthrose et les traitements disponibles sont des traitements dits « symptomatiques », c’est-à-dire qu’ils sont destinés à soulager la douleur et l’enraidissement, mais n’ont que peu d’effet sur l’évolution naturelle de la maladie.
Les traitements médicamenteux doivent toujours être associés à des mesures non médicamenteuses et c’est l’ensemble des 2 mesures, médicamenteuses et non-médicamenteuses, qui est efficace. Le traitement doit également être adapté au stade de la maladie et il vise soulager la douleur, stabiliser la maladie et améliorer les capacités fonctionnelles.
Les médicaments antidouleur (« antalgiques »), comme le paracétamol, aident à lutter contre la douleur en dehors des poussées inflammatoires de la maladie. D’autres molécules antidouleur sont disponibles (AINS à faible dose comme l’ibuprofène ou association à base de paracétamol et de codéine, de poudre d’opium ou de tramadol) qui sont adaptées à différents paliers de douleur.
En cas de poussée inflammatoire, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) par voie orale, ou sous forme de gel ou pommade, ont un intérêt pour faire régresser l’inflammation au plus vite car celle-ci est nocive pour le cartilage. Il faut obligatoirement l’associer à un repos articulaire (ou une mise en décharge sur 2 cannes de l’articulation aux membres inférieurs).
En cas d’inflammation rebelle et de gonflement articulaire, le médecin peut recourir à une infiltration de corticoïdes consistant à injecter ces anti-inflammatoires puissants directement dans l'articulation. On limite le nombre d’injections en général à trois par an pour une même articulation.
De nombreux traitements peuvent contribuer à soulager la douleur et à accroître la mobilité articulaire. Les traitements non médicamenteux sont très importants dans la prise en charge de l'arthrose. Il s’agit de la rééducation et de la physiothérapie (qui permettent de régler l’articulation), de l'ergothérapie (qui procure des aides dans certains gestes à risque), de l'éducation (qui apprend à éviter ou compenser les gestes à risque), l'activité physique. Il est possible de les pratiquer seul après avoir consulté un professionnel de la santé.
Prendre une douche chaude ou appliquer des compresses chaudes sont d'excellentes façons d'atténuer douleur et raideur. La chaleur aide à soulager la douleur et lutter contre la raideur musculaire. En cas d’inflammation, il faut, au contraire appliquer du froid qui va réduire l’afflux de sang vers l’articulation enflammée et réduire l’œdème et la douleur.
Certains traitements, dits à longue durée d’action, peuvent soulager plus lentement mais plus durablement les patients en cas de douleur persistante. Leur effet pourrait se maintenir près de 6 mois mais reste néanmoins le plus souvent modeste. Il s’agit par exemple de la « chondroïtine sulfate », la « glucosamine sulfate » ou les « insaponifiables d’avocat et de soja ». Ces traitements ne sont plus remboursés en France : ils ne sont pas très efficaces en moyenne, mais certains malades semblent en bénéficier particulièrement.
L'injection d'acide hyaluronique dans l’articulation, encore appelée « visco-supplémentation », consiste à injecter un acide hyaluronique exogène, dans une articulation arthrosique où l’acide hyaluronique endogène est anormal du fait de l’arthrose. Le principe n’est pas tellement basé sur la visco-supplémentation mais plutôt sur la « visco-induction » : l’acide hyaluronique exogène injecté servirait de guide à la membrane synoviale pour sécréter un acide hyaluronique endogène de meilleure qualité.
Le lavage articulaire peut rendre service dans les arthroses du genou qui sont très évolutives et qui résistent au traitement usuel, y compris par infiltration. Il vise à débarrasser l’articulation des débris cartilagineux, trop gros pour être éliminés par la membrane synoviale, et qui entretiennent l’inflammation articulaire. Le principe est de laver l’articulation en faisant passer plusieurs litres de sérum physiologique sous anesthésie locale à travers l’articulation. L’efficacité de ces techniques est cependant relative et elle reste controversée dans la littérature scientifique.
Quand faut-il opérer une arthrose ?
Lorsque l'arthrose s'aggrave et que les traitements médicamenteux ne fonctionnent plus, il est légitime d’envisager une intervention chirurgicale. Les opérations les plus courantes sont les prothèses, ou « arthroplasties », de la hanche et du genou, mais d'autres interventions sont également possibles.
L'arthroplastie convient à des malades de tout âge, mais n'est pratiquée qu'à un stade avancé de l'arthrose. La décision d'y recourir dépend essentiellement du degré de douleur et d'incapacité occasionné par l'arthrose, ainsi que des risques (thrombose veineuse, infection, lgodystrophie) et bénéfices (réduction drastique de la douleur et amélioration fonctionnelle nette) potentiels de l'intervention. Il faut savoir qu’une prothèse dure une quinzaine d’années et qu’elle s’use d’autant plus vite que le malade est jeune et actif. Mais il est désormais plus simple de remplacer une prothèse lorsqu’elle est usée.
Il est possible de mettre des prothèses dans d’autres articulations, y compris aux mains. Pour les articulations les plus distales des doigts (interphalangiennes distales), il n’y a pas de prothèse, mais il est possible de réaliser des immobilisations chirurgicales (« arthrodèses ») en position de fonction, ce qui supprime la douleur et permet de réaliser la plupart des gestes usuels.
Quelles sont les pistes de recherche ?
L’objectif de la recherche est de réparer les lésions cartilagineuses, voire de remplacer le cartilage grâce à des greffes de cellules injectées directement dans l’articulation. Des essais sont en cours avec des cellules cartilagineuses (« chondrocytes ») associés à un biomatériau pour fabriquer un cartilage semi-artificiel. Il s'agit de concevoir un échafaudage dans un matériau compatible avec l'organisme, autour duquel les « chondrocytes » greffés pourront se multiplier et produire une nouvelle matrice cartilagineuse. Les premiers résultats chez l’animal montrent des résultats encourageants surtout après traumatisme d’un cartilage sain chez un sujet jeune. Malheureusement, dès lors que l’environnement est très enflammé avec une implication de l’os et du tissu synovial dans la maladie, la prise de greffe est plus difficile.
D’autres équipes travaillent sur les cellules souches « adipocytaires ». Ces cellules indifférenciées prélevées dans les tissus graisseux peuvent devenir des chondrocytes sous l’influence de l’environnement articulaire et grâce à différents facteurs de croissance.
Comment vivre avec une arthrose ?
Bien traitée, une arthrose va évoluer sur de nombreuses années, parfois émaillées de poussées inflammatoires, avec ensuite retour à la situation antérieure. Un certain nombre de mesures sont indispensables à prendre pour limiter la progression de la maladie. Elles sont à personnaliser en fonction des pathologies associées et de la localisation de l’arthrose.
Il est donc important de suivre toutes les recommandations du médecin, non seulement en termes de prise de médicaments, mais aussi en termes d’économie articulaire pour protéger l’articulation des chocs à la marche, par exemple avec des semelles souples et absorbantes.
Il est généralement recommandé de perdre du poids si celui-ci est au-dessus du poids idéal. Pour cela, en plus du régime, il sera nécessaire de pratiquer une activité physique régulière et d’intensité modérée, mais toujours en dehors des poussées inflammatoires, par exemple de la marche à raison de 3 fois une heure par semaine.
Il faut en général éviter de porter des charges lourdes et il est préférable d’adapter son environnement à son état de santé : par exemple s’aider de rampes dans la baignoire ou mettre les ustensiles à portée de mains dans la cuisine. Enfin, et surtout en cas de poussée douloureuse sur une arthrose des membres inférieurs, il ne faut surtout pas hésiter à utiliser une ou 2 cannes anglaises et, il faut porter des semelles amortissantes contre les chocs.
Une surveillance radiologique est nécessaire, certainement pas sur une base annuelle, mais plutôt en cas de poussée inflammatoire ou de modification de ses douleurs. Elle permettra d’évaluer l’évolution de l’arthrose.
Il est possible de travailler avec une arthrose, à condition que le travail ne sollicite pas de façon répétitive l’articulation arthrosique ou à condition d’adapter le geste professionnel.
Comment protéger ses articulations arthrosiques ?
Il s’agit de « l’économie articulaire » et c’est une technique indispensable à connaître et à adapter en fonction de la localisation de l’arthrose : il faut toujours éviter de soumettre les articulations malades et fragilisées à des efforts excessifs. Il est ainsi nécessaire d’alterner les tâches exigeantes ou répétitives avec des activités plus reposantes. Il faut maintenir un bon alignement corporel dans tous les gestes afin de ne pas soumettre les articulations à des contraintes anormales. Par exemple, en cas d’arthrose des membres inférieurs, il faut éviter de rester accroupi ou à genoux trop longtemps, car dans ces positions, une forte pression est exercée sur les hanches et les genoux. En cas d’arthrose de la colonne vertébrale, le soulèvement des objets lourds doit s’effectuer avec les jambes et le dos bien droit. Le transport des objets lourds doit se faire en les tenant à la hauteur de la taille. Pour réduire la pression exercée sur les hanches et les genoux, il faut rehausser les sièges et il est possible de s’appuyer sur une canne lors des marches prolongées Pour réduire la pression exercée sur les articulations des mains, qui sont fragiles, il vaut mieux utiliser des poignées ou des clés surdimensionnées…
Que faut-il manger au cours de l’arthrose ?
Le lien le plus déterminant entre l'alimentation et l'arthrose est le poids corporel. Le fait d'avoir du poids en trop ajoute une charge supplémentaire sur les articulations porteuses (celles du dos, des hanches, des genoux, des chevilles et des pieds), mais l’excès de graisse à l’intérieur du ventre (« intra-abdominale ») est aussi responsable de la sécrétion de protéines de l’inflammation qui déclenchent ou aggravent l’arthrose, y compris aux mains. Maintenir un poids idéal est donc important et, en cas de surcharge, adopter un régime alimentaire équilibré améliorera rapidement l’arthrose : parfois dès que 3 à 5 kg ont été perdus.
Peut-on avoir une activité physique en cas d’arthrose ?
L'activité physique protège les articulations en renforçant les muscles qui les entourent et elle participe à la bonne nutrition du cartilage en améliorant la diffusion des éléments nutritifs dans le cartilage (car ce tissu ne contient pas de vaisseaux sanguins et la diffusion simple est un mécanisme moins efficace que la circulation sanguine). L’activité physique doit donc être encouragée, sauf au moment des poussées inflammatoires, où le repos de l’articulation malade est préférable pour hâter la guérison.
L'activité physique, qui n’est pas forcément un sport, permet à la personne atteinte d'arthrose d'avoir une vie plus active et une maladie moins agressive. Pour que cela marche, l’activité physique doit être pratiquée régulièrement et donc doit plaire au malade et lui apporter un bénéfice immédiat (soit parce que cela lui procure du plaisir, soit parce qu’il la pratique avec des gens qu’il aime bien).
Les exercices qui jouent sur l’amplitude articulaire réduisent la douleur et la raideur et préservent la mobilité des articulations. Pour obtenir les meilleurs résultats possibles, il faut faire ces exercices chaque jour.
Les exercices de renforcement musculaire maintiennent ou augmentent le tonus musculaire et stabilisent les articulations.
Les étirements articulaires d'intensité modérée aident à soulager la douleur et à maintenir la souplesse des muscles et des tendons qui entourent les articulations touchées. Les exercices d'endurance renforcent le cœur et aident à maintenir un poids adapté.
Le rôle du kinésithérapeute est d’aider le malade à organiser ces différentes activités dans le temps et à conseiller sur les différentes activités physiques possibles dans le cas particulier de chaque malade.
La fréquence de l’arthrose « radiologique » (diagnostiquée sur les radiographies) dépend de l’âge : moins de 3 % en-dessous de 45 ans à plus de 80 % au delà de 80 ans.
Mais la fréquence de l’arthrose « symptomatique » est bien moindre : pour 100 personnes atteintes d’arthrose anatomique (diagnostiquée à l’autopsie), 30 ont une arthrose « radiologique », 15 une arthrose « symptomatique » (douleur et raideur) et seules 5 consulteront.
Pourtant, l’arthrose reste la deuxième cause de consultation en médecine générale.
Les liens de l’arthrose
Le site de l’INSERM
Les liens PourquoiDocteur
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