Contusion musculaire : la « béquille » doit être prise en charge très tôt
Une contusion musculaire est une lésion du muscle secondaire à un choc ou un coup, sans lésion majeure de la peau. La contusion peut être bénigne, avec simple écrasement des fibres musculaires, ou s’accompagner de leur effilochage et d’un hématome.
Des mots pour les maux
La contusion musculaire est une lésion d’écrasement des fibres musculaires (« dilacération »)
A quoi correspond une contusion ?
Une contusion musculaire est une blessure d’un muscle, qui est produite par un choc direct (chute) ou un coup (sport de contact) sur le corps du muscle et sans qu’il y ait déchirure de la peau. Il existe généralement aussi, un écrasement sur un relief osseux sous-jacent.
La contusion correspond à des lésions qui vont du simple écrasement de quelques fibres musculaires à une véritable lésion du muscle avec déchirure et épanchement de sang (« hématome profond »).
En général, la plupart des contusions guérissent sans complication.
Par extension, on regroupe dans ce cadre, les coups sur les os et les chocs sur les talons (« talonnade »).
Quels sont les signes de la contusion ?
Les signes qui découlent d’une contusion sont fonction des dégâts et donc de l’importance du choc.
Au minimum, la région musculaire atteinte est sensible au toucher et douloureuse lorsque l’on bouge le membre et que l’on contracte le muscle touché. L’activité sportive peut néanmoins être poursuivie. Dans les heures qui suivent, une tache bleue violacée apparaît sur la peau, qui devient par la suite jaune ou verdâtre, signe d’un épanchement de sang (« ecchymose ») sous la peau.
Parfois, les lésions sont plus importantes, par exemple à la suite d’une violente « béquille » (coup de genou) : l’impotence fonctionnelle est totale avec « sidération musculaire ». Une poche de sang peut apparaître dans le corps du muscle (« hématome ») et déformer la région atteinte du membre.
En plus de l’augmentation de volume segmentaire, il est possible de percevoir une tuméfaction et une fluctuation dans le corps du muscle, voire une perte de ballottement du muscle par rapport au muscle opposé. En cas d’hématome très important, il peut même devenir compressif (« syndrome de loge ») avec troubles nerveux et vasculaires. L’apparition d’une ecchymose est retardée (24 à 48 heures).
Quelles sont les causes de la contusion ?
Les contusions musculaires sont dues à des chocs directs ou des coups (« béquille »), très fréquents dans les sports de contact. Le coup provoque des lésions des fibres musculaires du muscle sous-jacent à la région blessée. Ces lésions des fibres musculaires peuvent s’associer à des lésions des tendons, des vaisseaux sanguins et des terminaisons nerveuses.
Dans les sports de combat ou les sports collectifs, les coups sur l’os du tibia ne sont pas rares. La douleur est due à la lésion de la membrane qui entoure l’os du tibia sous la peau (« périoste ») et à la formation d’un hématome entre cette membrane et l’os.
La « talonnade » est une douleur du talon suite à une chute ou à une réception brutale (saut, gymnastique...) directement sur le talon.
Quelles sont les complications de la contusion musculaire ?
Il s’agit principalement des complications secondaires d’un hématome intramusculaire.
• Il peut s’agir d’un hématome compressif, exceptionnel, mais à suspecter quand l’hématome est volumineux, à la cuisse ou au mollet, avec douleur pulsatile accompagné de signes témoignant que la circulation se fait mal en aval (froideur, pâleur et diminution ou abolition des pouls). Ce tableau impose une intervention chirurgicale en urgence.
• L’hématome enkysté correspond à une organisation kystique d’un hématome vieilli qui ne s’est pas résorbé. Il se traduit par une tuméfaction intramusculaire qui ne régresse pas et s’accompagne d’une gêne. Diagnostiqué à l’échographie, l’hématome enkysté est évacué dans le même temps par une ponction sous échographie ou, en cas d’échec, par la chirurgie.
• Un hématome surinfecté peut apparaître lorsqu’il existe une porte d’entrée infectieuse voisine, en partie une plaie de la peau mal désinfectée. Le traitement repose sur une antibiothérapie et un drainage chirurgical.
• Une ossification du muscle peut apparaître secondairement et à distance (« myosite ossifiante »), surtout si le repos sportif a été mal observé. Il se manifeste par des douleurs mal définies, une gêne fonctionnelle et une douleur à l’étirement du muscle. L’ossification musculaire se voit à l’échographie ou à la radiographie. Les différents traitements testés sont peu efficaces, sauf peut-être les anti-inflammatoires non-stéroïdiens. La résorption est très lente et pas toujours complète, ce qui peut conduire à la chirurgie, mais uniquement quand la phase d’ossification est achevée.
Que faire en cas de contusion musculaire ?
Dans l’immédiat, il faut adapter le protocole « GREC ». Il s’agit d’un moyen mnémotechnique qui signifie :
• Glace : il faut appliquer de la glace dans des sachets en plastique (par exemple sachets à congélation) entourés d’un linge. Le froid permet de resserrer les vaisseaux sanguins (« vasoconstriction ») et limiter l’importance de l’hématome. Cela réduit également la douleur. Pour prévenir tout risque de gelure : il ne faut pas appliquer la glace directement sur la peau. Il faut également se méfier des sprays refroidissants qui peuvent provoquer des gelures locales. Enfin, il ne faut jamais appliquer de packs froids sur les blessures avec plaie cutanée ouvertes.
• Repos : en cas de douleur qui s’associe à une sidération du muscle, il faut immédiatement suspendre toute activité sportive et immobiliser la zone lésée. Il est souvent difficile d'établir un diagnostic précis à ce stade car la zone est douloureuse et gonflée. Ce n'est généralement que deux jours après que l'on peut mesurer plus précisément la gravité de la blessure.
• Elévation : il faut surélever le membre douloureux ce qui permet de ralentir la circulation et donc l'ampleur des gonflements (au moins 45° pour la jambe).
• Compression : un pansement compressif permet de prévenir le gonflement excessif de la zone concernée. Attention cependant à ne pas trop serrer le membre avec un pansement circulaire : le sang doit toujours pouvoir circuler normalement et les pouls doivent absolument être maintenus.
Si la peau n’est pas abimée, il est possible d’appliquer des crèmes ou des gels anti-inflammatoires.
Il est aussi possible de prendre des médicaments antidouleur (« antalgiques ») par voie orale (paracétamol = 1 gramme, 3 à 4 fois par jour).
Les massages sont contre-indiqués devant une contusion musculaire récente +++.
En cas de contusion musculaire grave avec déformation, il faut consulter un médecin pour réaliser une échographie et, éventuellement, décider d’une ponction pour évacuer un hématome avant qu’il ne s’enkyste, ou qu’il comprime des structures de voisinage (nerfs, veines ou artères). Cette ponction évacuatrice peut se faire jusqu’à 2 à 3 jours après le choc.
Que faire en cas de contusion du tibia ?
Dans le cas d’une contusion de la partie antérieure de l’os du tibia, il faut refroidir immédiatement la région touchée du tibia avec un spray réfrigérant, une poche de glace ou, à défaut, une éponge imbibée d’eau glacée.
Puis il faut appliquer une compression manuelle pour empêcher le plus possible l’apparition d’un hématome « sous-périosté ».
Si la peau n’est pas lésée, il est possible d’appliquer ensuite une pommade anti-inflammatoire.
Que faire en cas de talonnade ?
En cas de talonnade, il faut appliquer de la glace, puis un anti-inflammatoire topique (local) sous un pansement occlusif.
Il faut éviter de poser le pied pendant 2 à 3 jours et cesser le sport pendant deux à quatre semaines.
Des talonnettes en mousse ou en silicone permettront de reprendre la marche et le sport en douceur.
Quand faut-il consulter un médecin ?
Il faut consulter un médecin dans la journée si les douleurs sont très violentes, s'il est impossible de marcher ou de se servir du membre atteint, s'il semble qu'une poche de sang se soit formée (gonflement important) avec une tension de la loge musculaire contuse et une perte de ballottement du muscle ou, enfin, si la zone blessée devient rouge, chaude et douloureuse.
Il faut consulter un médecin dans les jours qui suivent s'il ne se produit aucune amélioration au-delà de trois jours d'automédication.
Le médecin procédera à un examen clinique détaillé et demandera des examens complémentaires, en particulier échographie et, éventuellement, IRM musculaire. Le scanner à peu d’intérêt en phase aiguë, mais, en revanche, est très intéressant pour faire le bilan d’éventuelles ossifications osseuses séquellaires d’un hématome non résorbé.
Existe-t-il des médicaments contre la contusion ?
La prise orale d’un médicament contre la douleur (« antalgique ») permet de soulager la douleur, à condition d’éviter l’aspirine qui pourrait aggraver les saignements.
Si la peau ne présente pas de plaie, il est possible d’appliquer sur la blessure une crème, une solution ou un gel pour soulager la douleur et limiter la formation d’un gonflement. Ces traitements locaux contiennent essentiellement des anti-inflammatoires non stéroïdiens, seuls ou en association avec d’autres substances antalgiques.
Il existe également diverses préparations à base d’arnica, d’anesthésiques locaux, d’extraits d’aloès ou encore de substances proches de l’héparine (un anticoagulant naturel).
Peut-on prévenir les contusions musculaires ?
Pour prévenir les contusions, mieux vaut porter des protections pour les sports qui en requièrent.
La prévention de contusion de la face antérieure du tibia repose sur l’utilisation de protège-tibias.
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