Vers intestinaux : une bonne hygiène évite d’avoir à s’en débarrasser
Les vers intestinaux, ou helminthes, sont des parasites des animaux qui s’égarent chez l’homme. Ils colonisent l’intestin en premier et la persistance des larves peut provoquer des réactions douloureuses et allergiques. Le plus fréquent en France est l’oxyure.
Des mots pour les maux
Les « helminthes » sont des vers parasites et les « nématodes » sont des vers ronds.
Enterobius vermicularis est le nom scientifique pour l’oxyure.
Le ténia est le ver solitaire avec 2 variétés : taenia saginata est le ténia du bœuf et taenia solium est le ténia du porc.
L’échinococcose hydatique correspond au kyste hydatique.
Qu'est-ce que les vers intestinaux ?
Les vers intestinaux sont des parasites, c’est-à-dire des organismes qui s’abritent dans le corps d’un autre être vivant pour s’y reproduire. Ils parasitent en général les animaux mais peuvent se développer dans les intestins (tube digestif) de l’être humain, avant d’éventuellement coloniser d’autres organes. Il en existe de nombreux types :
• L’oxyure est le ver intestinal le plus fréquent, surtout chez l’enfant. C’est un ver blanc rond (« nématode ») qui mesure de 5 mm à 1 cm.
• Le ténia, ou ver solitaire, est beaucoup moins fréquent que l’oxyure. Il y en a 2 types : Taenia saginata est dû à la consommation de bœuf et taenia solium (qui a pratiquement disparu en France) à celle de porc. C’est un ver plat blanchâtre de la forme d’un ruban dont la longueur peut dépasser 1 mètre.
• « Toxocara canis » est aussi appelé ascaris du chien. C’est un ver rond de 10 à 20 cm de longueur qui parasite l’intestin du chiot et du chat et qui peut aussi se développer chez l’homme, surtout chez l’enfant. Cette toxocarose a été surnommée la « maladie des bacs à sable » car les enfants, en portant leurs mains à la bouche, peuvent attraper cette parasitose transmise par les déjections des animaux. C’est pourquoi les chiens sont interdits dans les aires de jeux.
• La douve du foie ou « distomatose hépatique » est transmise par les bovins à l’homme. Les parasites passent de l’intestin vers le foie où ils se développent.
• « L’échinococcose » ou hydatidose est transmise par un parasite du chien qui passe également de l’intestin vers le foie où il forme un kyste. Elle est présente uniquement dans le Sud de la France.
• L’anisakiase est un parasite que l’on attrape en mangeant des poissons pas assez cuits ou crûs, au japon, en Scandinavie, aux Pays-Bas et en Amérique du sud. Il colonise la paroi de l’estomac.
D’autres vers intestinaux sont devenus rares dans l’Hexagone mais demeurent fréquents en zone tropicale et dans les pays en développement.
• L’ascaridiose est due à un ver rond de couleur rosée, l’ascaris, d’une dizaine de centimètres de longueur.
• L’ankylostomiase est une parasitose intestinale provoquée par un petit ver rond, l’ankylostome qui suce et ingère le sang dans l’intestin ce qui entraîne une anémie. Son mode de pénétration dans le corps humain se fait, soit par ingestion soit à travers la peau des pieds.
• L’anguillulose ou « strongyloïdose » est aussi due à un petit ver rond de 1 à 3 mm, « l’anguillule ». La transmission se fait le plus souvent par pénétration des larves à travers la peau.
Quelles sont les causes ?
• La plupart de ces parasites pénètrent dans le corps humain par la bouche, sous la forme d’œufs et de larves ayant contaminé l’eau, des aliments, des objets, ou présents sur les mains qui sont ensuite portées à la bouche.
Dans l’oxyurose, les femelles pondent des œufs au niveau de l’anus la nuit, ce qui provoque des démangeaisons anales et des phénomènes de grattage, en particulier chez les enfants. Ceci les amène ensuite à transmettre les parasites à leur entourage par l’intermédiaire de leurs mains contaminées.
Les ténias se transmettent par l’ingestion de viande crue, ou pas suffisamment cuite, infectée par des larves vivantes.
• Dans le cas de l’ankylostomiase et de l’anguillulose, la pénétration des larves se fait souvent à travers la peau, par exemple lors d’une marche pieds nus dans une zone contaminée.
Quand faut-il évoquer une infestation par des vers intestinaux ?
Les manifestations sont diverses mais font intervenir à différent degré : la présence de vers blancs dans les selles ou dans les sous-vêtements, des douleurs abdominales (parfois brutales et violentes dans le cas de l’anisakiase), des phénomènes d’occlusion intestinale (rares), un amaigrissement sans cause apparente, des vomissements, des diarrhées, une irritabilité et une agitation chez l’enfant, une toux et des réactions allergiques, parfois des douleurs sous les côtes ou des démangeaisons de la région anale ou vaginale.
Certains signes évoquent plus spécifiquement une infestation parasitaire particulière :
• L’oxyurose est une maladie très fréquente chez l’enfant qui souvent ne se traduit par aucun signe. Les petits vers blancs, ronds et mobiles sont parfois visibles à la surface des selles ou dans les sous-vêtements.
Le principal signe est la démangeaison anale (ou « prurit anal ») qui survient le soir au coucher et au cours de la nuit, perturbant le sommeil et pouvant provoquer des lésions de grattage. Des douleurs du ventre (« douleurs abdominales ») et une diarrhée, ainsi qu’une nervosité font aussi parfois partie de la présentation clinique de l’infestation.
• En ce qui concerne le ténia, les signes sont également rares et la maladie peut passer inaperçue. C’est souvent la découverte d’anneaux plats de 1 à 2 cm de longueur dans les selles ou dans les sous-vêtements et les draps qui fait suspecter l’infection.
Il est classique d’attribuer un amaigrissement rapide au ténia mais ce signe n’est pas courant. Des douleurs du ventre avec des nausées peuvent aussi survenir.
• Dans l’ascaridiose, les larves migrent du foie vers les poumons et la trachée artère : des quintes de toux sèche, des douleurs du ventre (« douleurs abdominales ») avec diarrhée peuvent être évocatrices.
• Dans l’hydatidose, après infestation il existe une longue période de latence où en l’absence de complication (fissuration, rupture, surinfection, compression) l’infection va rester sans aucun signe.
L’hydatidose hépatique se révèle souvent très tardivement par un gros foie (« hépatomégalie ») non douloureux et des réactions d’hypersensibilité (urticaire, œdème de Quincke). Le diagnostic peut également être évoqué à l’occasion d’un examen d’imagerie (échographie).
Dans l’hydatidose pulmonaire, la période de latence clinique est plus courte et elle se révèle par des opacités pulmonaires uniques ou multiples, arrondies, opaques ou hydro-aériques sur une radiographie thoracique parfois réalisée à titre systématique. Parfois, il existe une toux, un essoufflement (« dyspnée ») et des crachats sanguins (« hémoptysie »).<br<• La douve du foie (« distomatose hépatique ») s’attrape en mangeant de la salade ou du cresson contaminé par les déjection de vaches, bœufs ou moutons. De l’intestin, le parasite migre par la veine porte vers le foie et les voies biliaires, où il peut donner une cholécystite aiguë (douleur abdominale sous les côtes à droite, avec ou sans jaunisse ou « ictère ») qui est une urgence.
Comment faire le diagnostic ?
• Le diagnostic d’oxyurose est généralement fait très facilement devant des démangeaisons anales prédominant la nuit et sur la constatation directe des vers à la surface des selles. En cas de doute, l’examen classique est le « scotch test » qui consiste à coller un ruban adhésif sur l’anus pour recueillir les œufs du parasite qui seront ensuite analysés au microscope. Mais bien souvent, aucun examen n’est nécessaire et le traitement est donné au seul vu des signes.
• Le diagnostic de ténia est lui aussi évident quand les anneaux sont retrouvés dans les selles.
• Dans le cas de l’ascaridiose, un examen parasitologique des selles peut être demandé par le médecin pour trouver des œufs d’ascaris, ainsi qu’une prise de sang qui recherche une augmentation du taux de certains globules blancs, les éosinophiles, souvent élevé dans les parasitoses (« hyperéosinophilie »).
• Cette élévation parfois très importante du nombre d’éosinophiles dans le sang (« hyperéosinophilie ») est également présente dans la toxocarose, la distomatose, l’ankylostomiase et l’anguillulose.
• Le diagnostic de l’hydatidose hépatique est basé sur l’échographie qui retrouve le kyste et la sérologie hydatique. Le diagnostic de l’hydatidose pulmonaire est basé sur la radiographie thoracique et la sérologie.
• Celui de la douve est basé sur l’échographie, la sérologie et l’examen parasitologique des selles.
• Anguillulose et ankylostomiase sont diagnostiquées avec une hyperéosinophilie et l’examen parasitologique des selles.
• Le diagnostic d’anisakiase repose sur la fibroscopie gastroduodénale.
Faut-il consulter en urgence ?
L’infection par des vers intestinaux se développe pendant des semaines voire des années. Il n’y a donc souvent pas d’urgence à les prendre en charge.
L’anisakiase peut donner des tableaux de douleurs du ventre (« douleurs abdominales ») assez brutales et assez violentes qui peuvent parfois s’accompagner d’occlusion intestinale.
La douve du foie peut parfois provoquer une cholécystite aiguë qui est une urgence chirurgicale.
L’oxyurose est une maladie bénigne qui se traite sur les conseils du pharmacien. Le recours au médecin n’est nécessaire qu’en cas de doute sur le diagnostic.
Quelles sont les complications ?
L’oxyurose et le ver solitaire sont des affections bénignes. Les complications telles que l’appendicite ou l’occlusion intestinale sont rares.
Dans l’ascaridiose, une infection importante avec une grande quantité de vers peut être responsable d’une occlusion intestinale, d’une appendicite ou d’une pancréatite. L’ankylostomiase peut être responsable d’une anémie importante car le parasite se développe dans l’intestin où il suce le sang.
L’hydatidose peut donner des kystes du foie ou du poumon assez embêtant à retirer.
La douve du foie peut être à l’origine d’obstruction des voies biliaires et de cholécystite.
Quel est le traitement ?
Le traitement des vers intestinaux est basé sur la prise de médicaments antiparasitaires par voie orale.
• Pour l’oxyurose, le flubendazole (Fluvermal®) et le pyrantel (Combantrin®), en prise unique, à renouveler trois semaines plus tard, sont efficaces et disponibles à la pharmacie sans ordonnance. Du fait de la contagiosité, toute la famille doit prendre le traitement.
Des mesures d’hygiène sont également à respecter :
- Il faut se laver soigneusement et régulièrement les mains.
- Il faut se couper court les ongles.
- Il faut également laver les vêtements et les draps au moment du traitement.
• Le ténia est détruit par deux médicaments : le praziquantel (Biltricide®) et la niclosamide (Trédémine®). Il est ensuite éliminé avec les selles.
• L’ascaridiose est prise en charge par le médecin qui prescrit du flubendazole (Fluvermal®) ou de l’albendazole (Zentel®).
• L’hydatidose doit être opérée en faisant précéder et suivre l’intervention par un traitement parasitaire comme l’albendazole (Zentel®), un mois avant et trois mois après.
Quelles sont les mesures préventives ?
Les mesures préventives sont primordiales pour lutter contre les parasitoses et les vers intestinaux qui sont très contagieux :
- Se laver les mains avant les repas et après un passage aux toilettes.
- Couper court les ongles.
- Laver régulièrement les vêtements et les draps.
- Observer une cuisson suffisante de la viande et du poisson.
- Traiter régulièrement les animaux domestiques avec un vermifuge.
- Ne boire que de l’eau déclarée potable.
Dans les pays chauds et humides, il convient d’appliquer les règles précédentes, mais aussi :
- Consommer des boissons ou de l’eau en bouteille capsulée ou filtrée et désinfectée, même pour les glaçons.
- Eviter les crudités ou les rincer soigneusement avec une eau traitée.
- Proscrire les baignades en eau douce.
- Ne pas marcher pieds nus, même sur une plage.
- Marcher sur la terre mouillée avec des chaussures fermées.
Les vers intestinaux en France
On estime qu’entre une personne sur trois et une personne sur quatre est porteuse d’oxyures. Dans certaines études, on considère que jusqu’à 90 % des enfants sont atteints.
Les autres parasitoses intestinales sont moins fréquentes. Le ténia du bœuf serait présent chez 0,5 % de la population française.
Les liens des vers intestinaux
Le site de l’Université de Grenoble
http://www-sante.ujf-grenoble.fr/SANTE/corpus/disciplines/parasitomyco/parasito/100/lecon100.html
Les liens Pourquoi Docteur
Antiquité : l'empire romain était infesté de parasites
Charcuterie saisie en Corse : attention à la trichinellose
Commentaires