Obésité : un surpoids qui tourne mal et qui peut se compliquer
L'obésité correspond à un excès de masse grasse qui nuit à la santé. Mais surtout, c'est l'accumulation de graisse dans certaines parties du corps qui, en sécrétant des protéines pro-inflammatoires, expose à un sur-risque de lésions de certains organes, comme le foie, à des complications cardiovasculaires et à la survenue d'un diabète.
Des mots pour les maux
Les adipocytes sont les cellules qui stockent la graisse. Elles sont présentes dans le tissu adipeux.
La chirurgie bariatrique est la chirurgie de l'obésité ; plusieurs techniques sont utilisées dont le bypass, une dérivation qui court-circuite une partie du tube digestif.
Quelle est la définition de l'obésité ?
D'après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’obésité se définit comme une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé.
Le calcul de l'indice de masse corporelle, l'IMC, détermine le surpoids et l'obésité. Il se calcule simplement en divisant le poids par la taille au carré. Par exemple, pour une personne qui pèse 85 kg et mesure 1m75, l'IMC est égal à 85 : (1,75 x 1,75) = 27,8 Interprétation de cet indice :
Poids normal pour un IMC compris entre 18,5 et 25
Surpoids pour un IMC compris entre 25 et 30
Obésité pour un IMC supérieur à 30
On parle d'obésité morbide pour un IMC au-delà de 40 La personne de l'exemple ci-dessus a un IMC = 27,8. Elle est donc en surpoids.
Le calcul de l'IMC est valable pour les adultes, il n'est pas applicable aux enfants.
Quelle est la cause de cette maladie ?
Le surpoids et l'obésité sont principalement dus à une alimentation trop riche et à une activité physique trop réduite. Ce déséquilibre conduit à un excès de masse grasse corporelle ou tissu adipeux qui est constitué de cellules contenant de la graisse, les adipocytes.
Ce sont surtout les aliments gras et sucrés consommés en excès qui sont responsables du stockage des graisses dans le tissu adipeux. L'évolution du mode de vie qui favorise la consommation de plats préparés d'origine industrielle et restreint l'activité physique contribue au développement de l'obésité dans les pays riches et émergents.
Il existe aussi des facteurs génétiques qui favorisent l'obésité. Dans certaines familles, plusieurs membres peuvent être touchés alors que leur alimentation n'est pas excessive, des anomalies génétiques étant responsables de la diminution des dépenses énergétiques.
D'autres facteurs peuvent contribuer à la prise de poids : l'arrêt d'un tabagisme, une consommation excessive d'alcool, des troubles du sommeil (se coucher tard) et la période de la ménopause.
Quel est le rôle des facteurs psychologiques ?
Ils interviennent dans la prise de poids excessive. L'anxiété, le stress et la dépression favorisent le grignotage et la consommation d'aliments riches en calories. L’hyperphagie boulimique est un trouble du comportement alimentaire qui accompagne un malaise psychique et qui se manifeste par une surconsommation d’aliments plusieurs fois par semaine sur une période pouvant atteindre 6 mois. Très proche de la boulimie, cette maladie s’en distingue par l’absence de rituels compensatoires pour éliminer les aliments ingérés. Les malades vont donc prendre beaucoup de poids et se retrouver dans un état d’obésité important et dangereux pour la santé.
Le sommeil agit-il sur la prise de poids ?
Des études ont montré qu'un manque de sommeil est associé à un indice de masse corporelle élevé et qu'une augmentation de la durée du sommeil entraîne une diminution du risque d'obésité. Il est donc recommandé aux personnes en surpoids une durée de sommeil supérieure à 7 heures par nuit.
Comment fait-on le diagnostic ?
Il est fait par le calcul de l'indice de masse corporelle (IMC). Il se calcule simplement en divisant le poids par la taille au carré. Par exemple, pour une personne qui pèse 85 kg et mesure 1m75, l'IMC est égal à 85 : (1,75 x 1,75) = 27,8
Interprétation de l'IMC :
Poids normal pour un IMC compris entre 18,5 et 25
Surpoids pour un IMC compris entre 25 et 30
Obésité pour un IMC supérieur à 30
On parle d'obésité morbide pour un IMC au-delà de 40
La mesure du tour de taille est aussi un paramètre utile et facile à réaliser. Il reflète la quantité de graisse abdominale. Un tour de taille trop important est le témoin d'une forte masse grasse à l'intérieur de l'abdomen et autour des organes. Elle prédispose à l'hypercholestérolémie, au diabète, à l'hypertension artérielle, et donc à la survenue de maladies cardiovasculaires.
Le tour de taille se mesure en plaçant un mètre de couturière sur la peau nue horizontalement à l'endroit du plus petit périmètre entre le nombril et les dernières côtes.
Le tour de taille est élevé s'il est supérieur à 94 cm chez l'homme et 80 cm chez la femme. Au-dessus de ces chiffres, il est recommandé de consulter le médecin-traitant.
Quelles sont les complications ?
Les principales et les plus graves sont les complications cardiovasculaires : hypertension artérielle, maladie coronaire, accident vasculaire cérébral.
Les personnes obèses sont également sujettes au diabète de type 2 et au syndrome d'apnées du sommeil, ces deux affections provoquant aussi des complications cardio-vasculaires.
Elles sont aussi à risque plus élevé de cancer, principalement du côlon et du sein.
Moins connus, il faut y ajouter les problèmes articulaires. Les articulations qui portent le poids du corps sont évidemment celles qui souffrent le plus. Hanches, genoux et chevilles s'usent avec les années et sont souvent gagnés par l'arthrose en cas de kilos en excès. Mais les rhumatologues qui étudient cette maladie ont fait une constatation surprenante : chez les personnes obèses, l'arthrose touche aussi les petites articulations comme celles des doigts qui pourtant ne supportent pas plus de charge que chez les gens de corpulence normale. L'explication de ce phénomène se trouve dans le tissu graisseux où des cellules, les adipocytes, sécrètent des substances qui vont aller détruire le cartilage.
D'autres articulations supportent mal l'excès de poids, celles du bas de la colonne vertébrale. Les disques intervertébraux sont surmenés, ils s'usent et sont à l'origine de lombalgies chroniques.
En plus des considérations esthétiques, il existe donc beaucoup de raisons de perdre les kilos en trop.
Quelle est la stratégie de traitement ?
Le but du traitement est d'obtenir une perte de poids régulière, modérée et constante pour atteindre un objectif préalablement fixé avec son médecin, puis de s'y maintenir. Pour y parvenir, il faut jouer sur deux tableaux : diminuer les apports en calories en adoptant une alimentation plus légère et augmenter les dépenses en énergie par l'activité physique. Car pour maigrir, trois règles font maintenant consensus : manger moins, manger mieux et faire de l'exercice.
Il convient donc de diminuer la ration alimentaire et d'éviter certains aliments gros pourvoyeurs de calories tels que l'alcool, les sodas, les pâtisseries, les fritures et la charcuterie. Manger mieux, c'est manger équilibré et varié. Quelques repères clés permettent d'y parvenir : au moins cinq fruits et légumes et trois produits laitiers par jour, des féculents à chaque repas, de la viande, du poisson ou des œufs une à deux fois par jour, ne pas ajouter de sel et boire de l'eau à volonté.
L'exercice physique est recommandé mais cette activité ne doit pas être traumatisante : la marche, le jogging, le vélo et la natation pratiqués en évitant les compétitions sont conseillés. Faire au moins l’équivalent de 30 minutes de marche rapide par jour représente la bonne dose d'effort à produire. Autre avantage de l'activité physique, elle permet de préserver les articulations et leur souplesse de fonctionnement.
Il est aussi conseillé de réduire le temps d’inactivité, comme celui passé dans le canapé devant la télévision.
Se coucher tôt, et à des heures régulières, est aussi intéressant, car se coucher tard ou avoir des rythmes anormaux de sommail favorise la prise de poids. Enfin, il faut proscrire les régimes "miracle". Ils permettent certes une perte de poids rapide mais la reprise l'est tout autant. De plus, ils font courir des risques non négligeables sur la santé.
En quoi le traitement de l'obésité agit-il sur la santé ?
De nombreuses études ont montré les bénéfices d'une perte de poids même modérée chez les personnes obèses. Elle augmente l'espérance de vie en améliorant les facteurs de risque cardiovasculaire : le taux des lipides du sang (cholestérol et triglycérides) et de la glycémie baissent, la pression artérielle diminue. De plus, le risque de cancer se réduit et les symptômes de l'arthrose s'améliorent.
La chirurgie peut-elle être la solution ?
La chirurgie de l'obésité ou chirurgie bariatrique peut être envisagée en cas d'obésité très importante lorsque l'indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 40, ou à 35 en cas de diabète associé. Mais uniquement après l'échec d'une prise en charge médicale spécialisée et en l'absence de contre-indications à la chirurgie.
Il existe actuellement plusieurs techniques chirurgicales : les opérations restrictives qui réduisent le volume de l'estomac comme la pose d'un anneau gastrique ou l'ablation d'une partie de l'estomac ; les dérivations ou bypass qui court-circuitent une partie du tube digestif et diminuent la quantité d'aliments absorbés. Les dérivations sont le plus souvent associées à une opération restrictive.
La chirurgie bariatrique est efficace et provoque parfois des pertes de poids très importante. Elle réduit les facteurs de risque cardiovasculaire comme les taux de lipides sanguins, la glycémie et l'hypertension artérielle. Elle permet même de guérir un certain nombre de diabète de type 2 ou de prévenir la survenue de cette maladie.
Quels sont les médicaments contre l'obésité ?
Un médicament est autorisé à la prescription par les médecins dans le traitement de l'obésité, c'est l'orlistat qui agit en empêchant l'absorption des graisses de l'alimentation. Son efficacité est modeste et son utilisation ne dispense pas des mesures diététiques et d'activité physique. Un certain nombre d'effets indésirables peuvent survenir avec ce médicament : diarrhées, selles grasses et molles, coliques.
L'utilisation de médicaments qui n'ont pas d'autorisation officielle dans le traitement de l'obésité est vivement déconseillée en raison des effets secondaires graves qu'ils peuvent provoquer.
Quelle est la surveillance nécessaire ?
Le médecin traitant est évidemment le mieux placé pour suivre la personne obèse qui souhaite perdre du poids. Une consultation mensuelle est nécessaire pour faire le point. Un certain nombre de professionnels de santé peuvent participer à ce suivi. En premier lieu, un nutritionniste ou un diététicien pour surveiller et orienter l'alimentation. Mais un soutien psychologique par un psychologue ou un psychiatre peut parfois s'avérer utile, en cas de baisse de motivation par exemple.
L'obésité en France
Les personnes adultes en surpoids représentent environ 30 % de la population française parmi lesquelles 15 % sont obèses. Après avoir fortement augmentés depuis une vingtaine d'années, ces pourcentages tendent à se stabiliser. Les jeunes et les catégories socio-professionnelles à revenu modeste sont les plus touchés.
Les liens de l'obésité
Un site d'actualités et d'informations
Le site de l'Inserm
Chirurgie de l'obésité : ce qu'il faut savoir avant de se décider !
par la Haute Autorité de Santé
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