BPCO : une bronchite chronique qui essouffle
La « broncho-pneumopathie chronique obstructive », ou « BPCO », est une bronchite chronique caractérisée par une obstruction permanente des bronches. Très dépendante au tabagisme, elle est d’installation insidieuse et se manifeste par un essoufflement insidieux et une toux. Plus elle est traitée tôt, meilleur est le pronostic. Non traitée, elle aboutit à une insuffisance respiratoire.
Des mots pour les maux
La « bronchite chronique » est une maladie de la bronche qui se caractérise par une toux et des crachats (« expectorations ») chroniques.
La « broncho-pneumopathie chronique obstructive » ou « BPCO » correspond à une inflammation de la paroi interne des bronches avec une hypersécrétion de mucus, qui va conduire à l’obstruction de la bronche.
L’obstruction de la bronche s’accompagne d’un essoufflement ou « dyspnée ».
« L’emphysème » est une maladie pulmonaire chronique dans laquelle des voies aérienne distales se détruisent et se dilatent. En particulier, la dilatation concerne les « alvéoles », petits sacs à paroi fine où se produisent normalement les échanges d’oxygène et de gaz carbonique.
Qu'est-ce qu’une BPCO ?
La broncho-pneumopathie chronique obstructive ou BPCO est une maladie inflammatoire des poumons d’installation insidieuse. Elle est définie par l’association d’une toux, d’une expectoration chronique et surtout d’une obstruction des bronches.
L’inflammation des bronches provoque un épaississement des parois et une atrophie des muscles lisses de cette même paroi, ainsi qu’une « hypersécrétion » réactionnelle de mucus. La bronche est donc plus rigide et moins large. Le tissu pulmonaire profond est également inflammatoire, ce qui entraine des perturbations cellulaires et des anomalies fonctionnelles. Les alvéoles pulmonaires qui permettent les échanges gazeux lors de la respiration sont progressivement dilatées et détruites : c’est ce que l’on appelle « l’emphysème ».
Les signes de la BPCO ne sont pas très spécifiques : essoufflement (« dyspnée ») et toux : le risque est donc que cette maladie ne soit pas diagnostiquée, ni traitée et aboutisse à une insuffisance respiratoire. Certaines activités quotidiennes deviennent progressivement de plus en plus difficiles à réaliser et l’activité physique se réduit, parfois de façon très importante.
Plus de la moitié des fumeurs de longue durée, alors qu’il sont considérés comme indemnes d'une maladie respiratoire, souffriraient en fait d'une broncho-pneumopathie obstructive chronique non diagnostiquée. Dans deux cas de BPCO sur trois, le diagnostic intervient donc beaucoup trop tardivement, à un stade où les patients sont déjà handicapés par leur essoufflement et finissent. La récupération est presque impossible et ils finiront par avoir besoin d’une assistance respiratoire.
L’objectif est donc de réaliser un diagnostic précoce, avant que l’insuffisance respiratoire ne soit trop évoluée. Le dépistage précoce de la BPCO, avant que les premiers symptômes ne viennent handicaper le patient, passe par la mesure du souffle, grâce à un outil appelé « spiromètre ». Il est possible de réaliser un dépistage chez les personnes à risques, comme les gros fumeurs.
Quels sont les signes de la BPCO ?
La broncho-pneumopathie chronique obstructive se manifeste par des signes non spécifiques : toux chronique, crachats (« expectorations »), essoufflement (« dyspnée »). Ces signes sont souvent sous-estimés par les patients car ils apparaissent progressivement, de façon insidieuse, mais ils s’aggravent avec le temps, en augmentant la dyspnée.
Les signes sont différents selon les stades de la maladie. Les sociétés médicales définissent 4 stades pour la BPCO, qui sont caractérisés en fonction des résultats d’un examen explorant le souffle : la « spirométrie » ou « exploration fonctionnelle respiratoire » (mesures des différents volumes du poumon).
• Stade 1 (« léger ») : le malade commence à avoir un essoufflement à l’effort (« dyspnée »), limité aux efforts importants, ce qui explique qu’il n’en ait souvent pas conscience et se contente de s’adapter en limitant ses activités.
• Stade 2 (« modéré ») : l’essoufflement apparaît dès les activités de la vie quotidienne et commence à représenter une source de handicap.
• Stade 3 (« sévère ») : la dyspnée apparaît pour des efforts minimes de la vie de tous les jours.
• Stade 4 (« très sévère ») : le malade est gêné dans les gestes les plus simples (se laver, s’habiller) puis devient insuffisant respiratoire avec impossibilité d’assurer des apports en oxygène correct (« l’oxygénation ») de son organisme, ce qui se traduit par le bleuissement plus ou moins marqué des extrémités des doigts et des lèvres (la « cyanose »). La qualité de vie est, à ce stade, considérablement altérée. A terme, l’insuffisance respiratoire peut retentir sur le cœur droit avec l’apparition d’œdèmes des jambes et des chevilles.
Cette dégradation progressive est ponctuée de périodes « d’exacerbations », c’est-à-dire d’épisodes d’aggravation transitoires de la toux, de l’expectoration et de la dyspnée. Ces épisodes peuvent nécessiter des consultations en urgence et des hospitalisations. Les patients suivis pour BPCO se plaignent en moyenne de près de deux exacerbations par an.
Quelles sont les causes de la BPCO ?
Le principal facteur de risque de BPCO est le tabagisme (actif ou passif) : plus de 80 % des cas lui sont attribuables. Mais seuls 20 % des fumeurs développeront une BPCO et pas les autres, ce qui témoigne du caractère multifactoriel de la maladie.
D’autres facteurs accroissent également le risque de développer la maladie, en particulier la pollution de l’air intérieur et extérieurainsi que les expositions professionnelles ou domestiques à des poussières et des substances chimiques (silice, poussières de charbon, poussières végétales, moisissures). Des infections des voies respiratoires inférieures fréquentes au cours de l’enfance peuvent aussi créer un terrain propice au développement ultérieur de la BPCO.?
En plus du tabac, de la pollution et des autres facteurs, comme pour toute maladie multifactorielle, une composante génétique augmente le risque de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). Six mutations agissent sur les poumons indépendamment du tabagisme, ce qui expliquerait le développement d’une BPCO chez des non-fumeurs. Par exemple, le nombre de duplications d’une séquence du génome sur le chromosome 17 influence la santé pulmonaire à la fois chez les gros fumeurs (35 paquets-année) et chez les non-fumeurs. Certaines variantes auraient un rôle dans l’addiction à la nicotine. Ces résultats correspondent aux preuves récentes des différentes trajectoires de la fonction pulmonaire dans la pathogénèse de la BPCO. Environ la moitié des patients connaît un déclin accéléré de sa fonction pulmonaire, tandis que l’autre moitié connaîtra un déclin normal, partant d’une fonction déjà affectée à l’âge de 20-40 ans. Les chercheurs ont confirmé que le gène HHIP, qui est impliqué dans le développement fœtal des poumons, est un gène de sensibilité à la BPCO.
Quels sont les métiers à risque de BPCO ?
Les travailleurs du secteur minier sont à risque en cas d’exposition à la silice ou de travaux au fond des mines de charbon ou de fer avec inhalation de poussières ou fumées d'oxyde de fer.
Les métiers du bâtiment et les travaux publics sont concernés en cas de creusement des tunnels, d’asphaltage des routes ou encore en cas d’exposition chronique et/ou à des niveaux excessifs de gaz, de poussières et de vapeurs.
Un risque de BPCO est également documenté dans les secteurs de fonderie et la sidérurgie en cas d’exposition à plusieurs particules minérales (poussières métalliques, charbon, silice), à des gaz ou des fumées (émissions des fours, fumées métalliques, oxyde de soufre ou d’azote).
Dans l’industrie textile, ce sont les employés de filature de coton, lin, chanvre ou sisal qui sont exposés.
Plusieurs métiers agricoles et d’élevage sont également concernés par les risque de BPCO : ouvriers travaillant dans des silos, dans la production laitière, l’élevage de porcs ou de volailles ou encore en cas d’utilisation de pesticides.
Quelles sont les complications de la BPCO ?
L’insuffisance respiratoire chronique est la complication majeure de la BPCO. Elle traduit l’incapacité ou la diminution des capacités du poumon à assurer une oxygénation normale du sang et des organes ainsi qu'une élimination correcte du gaz carbonique. Le taux d’oxygène dans le sang est insuffisant (« hypoxémie) et pour compenser ce manque d’oxygène, la respiration s’accélère (« polypnée ») et le cœur fournit un travail supplémentaire qui peut conduire à son altération avec dilatation des cavités du cœur droit et insuffisance cardiaque droite (« cœur pulmonaire chronique »).
En cas de maladie ou de chirurgie, une BPCO peut se décompenser et aboutir à une insuffisance respiratoire aiguë : c’est ce que l’on appelle une décompensation respiratoire aiguë d’une BPCO qui est d'autant plus fréquente chez le patient atteint d'une BPCO que l'affection pulmonaire est sévère.
L’emphysème est une maladie pulmonaire des voies aériennes distales caractérisée par la destruction de la paroi des alvéoles (« septa »). Les grandes cavités laissées par cette rupture septale sont appelées « bulles ». Ces déformations sont responsables d’une forte diminution de la superficie disponible pour les échanges en oxygène et en gaz carbonique de la ventilation du poumon sain environnant. Pour répondre à la diminution de surface, la cage thoracique se dilate (« thorax en tonneau »), ainsi qu’une contraction du diaphragme (« aplatissement du diaphragme »). L'expiration, qui physiologiquement dépend entièrement du gonflement-dégonflement du poumon, dépend de plus en plus de l'action des muscles du ventre (puisque la cage thoracique est déjà dilatée) et l'absorption d'oxygène est réduite. Comme les alvéoles continuent de se dégrader, l'hyperventilation est incapable de compenser et le corps n'est pas capable de maintenir des niveaux élevés d'oxygène dans le sang.
Quand faut-il évoquer une BPCO ?
Il s’agit d’une maladie chronique d’installation très insidieuse mais qui peut être dépistée par 5 questions :
• Toussez-vous souvent (tous les jours) ?
• Avez-vous souvent une toux grasse ou qui amène des crachats ?
• Êtes-vous plus facilement essoufflé que les personnes de votre âge ?
• Avez-vous plus de 40 ans ?
• Avez-vous fumé ou fumez-vous ? (Ou avez-vous été exposé de manière prolongée ou répétée à des gaz, poussières, fumées, vapeurs dans le cadre de votre travail ?)
En cas de réponse positive à 3 questions au moins sur 5, il faut faire un examen appelé « spirométrie » qui confirmera le diagnostic. Mais deux réponses positives peuvent constituer un signe d’alerte.
Comment faire le diagnostic de BPCO ?
En cas de toux et expectorations chroniques, en particulier chez un sujet fumeur ou exposé à un facteur favorisant, il est nécessaire de réaliser des examens afin de rechercher une BPCO et d’en évaluer la sévérité.
• Le premier examen à réaliser est une « exploration fonctionnelle respiratoire » ou « spirométrie » : c’est le seul examen qui permet de diagnostiquer l’obstruction bronchique.
Le test consiste à mesurer les volumes pulmonaires et les débits dans les bronches du malade. Il consiste à réaliser des inspirations et des expirations respiratoires dont certaines sont forcées, en particulier lors de l’expiration, à travers un embout buccal relié à un spiromètre (dispositif de mesure des volumes et débits). La mesure du « volume maximal expiratoire en 1 seconde » (VEMS) est un indicateur de la sévérité de l’obstruction bronchique : plus les voies aériennes sont obstruées, plus le volume d’air expiré est faible. La maladie est confirmée si le VEMS rapporté à la capacité vitale du patient (son plus grand volume pulmonaire mobilisable) est diminué malgré l’inhalation d’un bronchodilatateur de courte durée d’action. Le résultat du VEMS post-bronchodilatateur permet de classer la maladie selon le degré de sévérité de l’obstruction bronchique :
• Stade I (« léger ») : VEMS supérieur ou égale à 80 %
• Stade II (« modéré ») : VEMS comprise entre 50 et 80 %
• Stade III (« sévère ») : VEMS comprise entre 30 et 50 %
• Stade IV (« très sévère ») : VEMS inférieur à 30 %
D’autres classifications ont été développées ces dernières années, tenant compte de la dyspnée d’effort, du nombre d’exacerbations, ou d’un index composite prenant en compte, en plus de l’obstruction et la dyspnée, des paramètres nutritionnels et la tolérance à l’exercice.
• La mesure des gaz du sang permet de connaître les taux d’oxygène et de gaz carbonique dans le sang et donc d'évaluer l’insuffisance respiratoire : la BPCO est d’autant plus grave que le taux d’oxygène est bas et celui du gaz carbonique élevé.
Le prélèvement peut être réalisé dans une artère (au poignet) ou des capillaires (lobe de l’oreille). Cette mesure est systématique dans les formes sévères (stades 3 et 4), mais elle est réalisée dans les autres stades si l’essoufflement est important.
• Le test de marche permet de connaître le retentissement de la BPCO sur la capacité à faire des efforts. Il apprécie la distance parcourue en marchant pendant six minutes. Il n’est pas systématique et sa réalisation dépend du degré de handicap rapporté par le malade.
• La radiographie du thorax est demandée systématiquement pour éliminer d’autres maladies qui peuvent être associée à la BPCO, en particulier une maladie cardiaque mais aussi un cancer bronchique. En cas d’aggravation aiguë ou rapide, elle peut être demander chercher une cause particulière à cette aggravation (infection, pneumothorax…).
• Le scanner thoracique permet d’apprécier l’importance de « l’emphysème » qui est associé aux stade sévères de la BPCO et sa réalisation n’est donc pas systématique lorsqu’un bilan de BPCO est effectué.
• La fibroscopie bronchique peut être demandée pour éliminer une autre maladie liée au tabac, et en particulier un cancer bronchique, ou afin de faire des prélèvements bactériens en cas d’infections à répétition des bronches ou d’infections difficiles à traiter.
Avec quoi peut-on confondre une BPCO ?
Asthme et BPCO peuvent se ressembler dans certains cas de maladie obstructive, en particulier en cas de crises d’essoufflement. Si certaines formes cliniques peuvent prêter à confusion (bronchite « asthmatiforme »), l'évolution et l'histoire de la maladie sont différentes. Ce sont deux maladies inflammatoires mais il ne s'agit pas de la même inflammation : dans l'asthme il s’agit d'une réaction immédiate et rapide (15 minutes), tandis que l'inflammation des BPCO va être chronique et ne pas induire forcément d’hyperréactivité bronchique : les lésions de la bronche n'auront pas tendance à récupérer (contrairement à l'asthme traité).
Il ne faut pas confondre bronchite chronique et BPCO, ce qui est souvent le cas en pratique. La bronchite chronique est une situation clinique caractérisée par une toux et une expectoration fréquentes depuis quelques années. Les explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) sont souvent normales. On ne parle de bronchite chronique au stade de la BPCO que lorsque les EFR objectivent la présence d’une obstruction bronchique. A contrario, la BPCO n’est pas toujours associée à un tableau clinique de bronchite chronique.
Quels sont les problèmes associés à la BPCO ?
La BPCO est une maladie chronique qui est associée à de nombreuses autres maladies : on parle de « comorbidités ». Ces comorbidités peuvent affecter différents organes et systèmes, essentiellement obésité, atteintes musculaires, maladies cardiaques, affections gastro-intestinales, troubles psychiques (anxiété, dépression)… En moyenne, un patient atteint de BPCO souffre aussi de cinq comorbidités.
Douze comorbidités constituent, par ailleurs, des facteurs de mauvais pronostic de la BPCO et augmentent le risque de décès dans les cinq années suivantes : cancer (poumon, pancréas, œsophage ou sein), fibrose pulmonaire, fibrillation auriculaire, insuffisance cardiaque, maladie coronarienne, ulcères gastroduodénaux, cirrhose hépatique, diabète avec neuropathie, anxiété. Au final, la plupart des malades souffrant de BPCO ne décèdent pas d’insuffisance respiratoire, mais d’accidents cardiovasculaires, de pneumonies, de cancer...
Les liens entre la BPCO et les comorbidités reposent très certainement sur des mécanismes inflammatoires, des stress oxydatifs et l’altération de voies de signalisation communes à différentes fonctions de l’organisme. Malheureusement, ce n’est pas parce que l’on traite la BPCO que les risques associés aux comorbidités vont se réduire.
Faut-il consulter en urgence ?
Si le volume de l’expectoration augmente ou si son aspect change (devient purulente), ou s’il existe une majoration très importante de l’essoufflement, survenant brutalement au cours d’une BPCO, il faut évoquer une décompensation respiratoire aiguë de BPCO qui peut être liée surtout à une infection et parfois à une autre cause. Il faut consulter en urgence car le déficit en oxygène est important et le retentissement cardiovasculaire est majeur.
Quel est le traitement de la BPCO ?
Aucun traitement ne peut guérir définitivement la BPCO, mais sa prise en charge adaptée ralentit son évolution et peut même inverser certains signes et handicaps. Cette prise en charge est multidisciplinaire et inclut toujours l’arrêt du tabac, un traitement médicamenteux, une réhabilitation respiratoire et le développement de l’exercice physique.
• Après un diagnostic de BPCO, la première mesure consiste à cesser de fumer et à interrompre l’exposition professionnelle aux substances toxiques favorisant la maladie. Cette mesure est efficace sur l’évolution à tous les stades de la maladie, du plus léger au plus sévère.
• La prise en charge médicamenteuse repose sur l’utilisation de médicaments inhalés permettant de dilater les voies respiratoires et d’y améliorer le débit d’air : les « bronchodilatateurs ». Ceux-ci peuvent être de différents types (cholinergiques ou bêta-2 mimétiques) et ils peuvent avoir une courte ou une longue durée d’action. Ces traitements sont indiqués dès qu’il existe un essoufflement.
Les bronchodilatateurs peuvent être associés à des corticoïdes pour réduire l’inflammation bronchique locale en cas d’exacerbations répétées et de gêne respiratoire importante.
Ils sont utilisés par voie inhalée, mais sont parfois prescrits temporairement par voie orale en cas d’exacerbation du fait de l’obstruction bronchique.
Les antibiotiques sont utilisés lors des épisodes de surinfection bronchique qui se manifeste par une modification des crachats qui deviennent purulents.
• Dans les cas de BPCO les plus sévères avec insuffisance respiratoire chronique, une « oxygénothérapie » de longue durée est nécessaire. Il s’agit d’apporter un supplément d’oxygène au moins 15 heures par jour. L’oxygénothérapie a démontré son efficacité pour améliorer la survie. Elle peut être complétée par une « ventilation », non invasive ou invasive.
• La réhabilitation respiratoire est utile pour tous les malades souffrant d’une intolérance à l’effort et d’une limitation de leurs activités quotidiennes : c’est généralement le cas dès le stade II de sévérité de la maladie.
La réhabilitation repose sur une approche multidisciplinaire, incluant une kinésithérapie respiratoire et le réentraînement à l’effort à travers le développement progressif de l’exercice musculaire (endurance et renforcement des muscles périphériques, équilibre, posture).
• Une éducation thérapeutique (sevrage tabagique, observance thérapeutique, méthodes de prise des traitements inhalés, équilibre nutritionnel, gestions des exacerbations…) y est systématiquement associée.
• Une vaccination antigrippale est recommandée chaque année aux patients atteints de BPCO. Une vaccination antipneumococcique est également conseillée aux patients en insuffisance respiratoire chronique, tous les 5 ans.
• Le traitement chirurgical est parfois nécessaire en cas d’emphysème et une transplantation pulmonaire peut être proposée chez les personnes jeunes en insuffisance respiratoire sévère.
Quels sont les médicaments qui posent problème dans la BPCO ?
Les antitussifs empêchent la toux alors que celle-ci joue un rôle majeur dans l’élimination des sécrétions bronchiques qui encombrent les bronches et peuvent aggraver la gêne respiratoire. Ils sont donc contre-indiqués.
Certains médicaments font l’objet de précaution dans les BPCO sévères. Il s’agit de tous les sédatifs (anxiolytiques ou somnifères, antalgiques morphiniques) car ils diminuent l’amplitude des mouvements respiratoires, ce qui conduit à la réduction de l’évacuation des sécrétions bronchiques et à l’exposition à un risque d’aggravation de l’insuffisance respiratoire.
Les bêtabloquants doivent être utilisés avec précaution, uniquement quand il n’y a pas d’alternative (insuffisance coronaire) et sous surveillance avec exploration fonctionnelle respiratoire. Chez certains malades, ils peuvent aggraver l’obstruction des bronches.
Comment améliorer le traitement de la BPCO ?
Dans les années à venir, les recherches pourraient conduire à la définition de différents sous-groupes de malades, notamment en fonction des caractéristiques de leurs maladies et de leurs comorbidités. Des biomarqueurs spécifiques des sous-groupes de BPCO sont actuellement recherchés dans des cohortes de malades afin de proposer des traitements plus personnalisés.
De récents travaux ont par exemple montré que la persistance de l’inflammation générale n’est pas une constante de la maladie : environ 30 % des patients dont l’état de santé est stable n’ont pas d’inflammation générale (ou « systémique »), environ 50 % des patients ont une inflammation systémique intermittente et environ 16 % des patients ont une inflammation systémique persistante. Cette dernière est un facteur de mauvais pronostic qui accroit le risque de comorbidités, notamment cardiovasculaires. Ces différences pourraient être prises en compte pour personnaliser davantage les traitements
Peut-on vivre avec une BPCO ?
Il est fréquent que les malades se sentent anxieux au cours d’une BPCO (30 à 50 % des malades). Il est même possible d’observer des dépressions. L’aide d’un psychiatre ou d’un psychologue peut être nécessaire. Dans certains cas, un séjour de reconditionnement à l’effort dans un centre de réhabilitation respiratoire peut avoir des effets positifs non seulement sur la fonction respiratoire, mais aussi sur le mental.
Le fait d’être trop gros ou trop maigre a des effets néfastes sur le pronostic de la maladie. Etre en grand surpoids peut aggraver l’essoufflement et réduire plus encore la capacité pulmonaire. Il convient donc de mettre en place des mesures diététiques afin de se rapprocher du poids normal.
A l’inverse, le problème de la dénutrition est majeur dans les stades évolués de la maladie : 50 à 60 % des personnes souffrant de BPCO évoluées sont en état de dénutrition. Il faut donc être attentif à une éventuelle perte de poids et une fonte musculaire, ce qui doit conduire à un apport calorique suffisant pour permettre une reconstruction des muscles.
Peut-on travailler avec une BPCO ?
Un malade souffrant de BPCO peut continuer à travailler si son état de santé est compatible avec le travail effectué (pas de travail trop physique, pas de toxique et pas de risque de tabagisme passif).
Il est possible dans le cas contraire de le reclasser, en particulier vers un poste moins physiquement exigeant et plus sédentaire. Au stade d’insuffisance respiratoire chronique, il est possible de pouvoir continuer à travailler en cas de travail très sédentaire.
Peut-on faire une activité physique avec une BPCO ?
A un stade précoce de la BPCO, il est recommandé de faire du sport. Lorsque la BPCO rend difficile les efforts, un programme de réhabilitation respiratoire centré sur l’activité physique et le réentraînement à l’effort, sera conseillé. Au stade d’insuffisant respiratoire, la pratique d’un sport est uniquement possible sous oxygénothérapie et dans certaines conditions.
L’entretien musculaire reste toujours nécessaire, si besoin avec l’aide d’un kinésithérapeute et, dans tous les cas, par le maintien d’un minimum d’activité physique quotidienne.
Peut-on voyager avec une BPCO ?
Il est possible de partir en voyage avec une BPCO à condition de savoir quel est son niveau de fonction respiratoire (VEMS) et d’oxygénation dans le sang au repos et d’avoir sur soi ces informations précises sur la maladie et son traitement. Il faut aussi être capable de reconnaître un début d’exacerbation respiratoire et de savoir le gérer.
Prendre l’avion peut poser problème lorsque la BPCO est évoluée. En effet, la pressurisation de la cabine n’est que partielle (équivalente à 1300 à 1500 mètres d’altitude en fonction des avions) et le vol risque de renforcer le manque d’oxygène dans le sang (« l’hypoxie »). Il peut alors être nécessaire d’être mis sous oxygène pendant le vol ou d’adapter son oxygénothérapie. Dans tous les cas, il n’est pas possible d’utiliser son propre concentrateur portable ou transportable et il faut en prévenir la compagnie aérienne à l’avance. Des bouteilles d’oxygène agréées « aéronautique » peuvent être fournies par la compagnie, mais cela nécessite de prévenir quelques semaines à l’avance le service médical de la compagnie (le malade devra faire remplir un imprimé spécifique par son médecin traitant ou son pneumologue).
Comment se faire opérer avec une BPCO ?
Les précautions à prendre en cas d’anesthésie sont d’autant plus importantes que la maladie est évoluée et l’apport d’oxygène nécessaire. En cas d’intervention abdominale, la douleur post-opératoire due à la section chirurgicale des muscles du ventre réduit la capacité respiratoire et rend la toux pénible, donc moins efficace : le risque d’infection ou d’insuffisance respiratoire aiguës est alors plus grand. Les risques sont identiques en cas d’intervention sur le thorax (opération du cœur). Dans ces circonstances, l’aide du kinésithérapeute est indispensable. Avant une opération, il est généralement nécessaire de faire mesurer son souffle et de prendre l’avis de son pneumologue et d’augmenter sa consommation de bronchodilatateurs. Dans certains cas, il peut être nécessaire de débuter une réhabilitation respiratoire avant de subir une opération.
Peut-on avoir une vie sexuelle avec une BPCO ?
Une vie sexuelle satisfaisante est tout à fait possible pour un malade souffrant de BPCO : le seul obstacle est un essoufflement important (l’énergie requise pour un acte sexuel correspond à peu près à l’effort qu’il faut pour monter un escalier de vingt marches ou pour marcher rapidement sur un terrain plat pendant quatre à six minutes tout en parlant).
Il est possible d’économiser son souffle en pratiquant certaines positions (il faut éviter celles qui compriment le thorax et l’abdomen) et d’utiliser un bronchodilatateur avant, voire pendant, les relations sexuelles.
En cas d’insuffisance respiratoire, il est conseillé de poursuivre l’oxygénothérapie pendant tout ou partie de l’acte sexuel.
En France, 4 % des personnes sont atteintes de la broncho-pneumopathie chronique obstructive, 100 000 sont au stade de l’insuffisance respiratoire et 16 000 personnes en meurent chaque année.
La proportion des femmes atteintes de BPCO a rapidement augmenté pour atteindre 40 à 45 % des malades. Cela s’explique par le fait que les femmes sont de plus en plus nombreuses à fumer.
Plus des 2/3 des malades souffrants de BPCO ne se savent pas atteints par cette maladie et ne bénéficient donc pas des traitements qui pourraient améliorer leur état pulmonaire et leur vie quotidienne
Le site de la Fondation du souffle
http://www.lesouffle.org/maladie/bpco-broncho-pneumopathie-chronique-obstructive/
Le site de l’INSERM
http://www.inserm.fr/thematiques/physiopathologie-metabolisme-nutrition/dossiers-d-information/bronchopneumopathie-chronique-obstructive-bpco
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