Rhinopharyngite de l’enfant : la récidive est normale chez le jeune enfant
La rhinopharyngite de l’enfant (ou rhume) est une infection virale très fréquente, en particulier chez le jeune enfant où elle récidive souvent car elle correspond à la phase d’acquisition des défenses immunitaires : c’est la « maladie de l’adaptation ».
Des mots pour les maux
La rhinopharyngite de l’enfant est l’équivalent du rhume chez l’adulte mais elle est très souvent récidivante chez le jeune enfant.
La « rhinopharyngite » correspond à une inflammation de la membrane (« muqueuse ») qui tapisse le nez, mais aussi la cavité en arrière du nez et au-dessus de la gorge, c’est-à-dire le « pharynx ».
Le nez et le pharynx sont en communication avec les oreilles, ce qui explique la possibilité d’inflammation et d’infection secondaire des oreilles moyennes, ou « otites ».
Les « végétations adénoïdes » sont de petits organes de défense immunitaire qui sont situés au fond du nez et dans la partie supérieure de la gorge.
Qu'est-ce qu’une rhinopharyngite ?
La « rhinopharyngite » de l’enfant est une infection virale bénigne avec une inflammation de la muqueuse qui tapisse le nez et le « pharynx ». Chez le jeune enfant, elle est très souvent récidivante.
La muqueuse du nez sécrète habituellement de petites quantités d’un liquide, le « mucus », qui est chargé d’humidifier la muqueuse et de participer à la défense contre les microbes (virus et bactéries).
Lors de l’infection par un virus, cette muqueuse s’irrite, devient inflammatoire et sécrète en grande quantité du mucus pour essayer d’éliminer les virus. C’est cette « production exagérée de mucus », associée à l’œdème de la muqueuse, qui est responsable de la sensation de nez qui coule et de nez bouché.
La muqueuse du pharynx est elle aussi inflammatoire et produit du mucus qui s’écoule et peut irriter la gorge et faire tousser. Cet œdème à aussi tendance à s’étendre à la muqueuse des oreilles, ce qui peut aboutir à des douleurs, voire à des surinfections et à une « otite ».
Quels sont les signes de la rhinopharyngite ?
La rhinopharyngite se manifeste chez le nourrisson et l’enfant, avant tout par un nez bouché et/ou un nez qui coule.
Des éternuements, un mal de gorge et une petite fièvre s’associent fréquemment à ces signes pendant 2 à 3 jours. Le liquide qui s’écoule est d’abord clair, puis il devient souvent plus épais et purulent au bout de quelques jours. Cela aboutit souvent à une irritation de la gorge et à une toux qui sert à expulser les glaires coulant le long de la gorge.
D’autres signes existent fréquemment : une perte de l’odorat et du goût plus ou moins marquée, avec un manque d’appétit, une fatigue, un larmoiement des yeux, des maux de tête et des douleurs d’oreille (sans otite vraie).
Ces signes régressent en moins de 8 jours, mais la toux peut persister une dizaine de jours. Parfois, les rhinopharyngites se compliquent d’une otite, d’une bronchite ou d’une laryngite, du fait de la surinfection par une bactérie.
Comment les enfants attrapent-ils une rhinopharyngite ?
A partir de 6 mois, et parallèlement à la disparition progressive des anticorps maternels qui le protégeaient, l'enfant est confronté à des virus contre lesquels il n'est pas immunisé. C’est ce que les médecins appellent la « maladie de l’adaptation ». La répétition des rhinopharyngites est donc un phénomène habituel et normal à cet âge, et elle concerne également les enfants en bonne santé. Ensuite, au fur et à mesure que ses défenses immunitaires se développent, l’enfant devient moins sensible aux infections de ce type.
Les nombreux virus qui sont responsables de la rhinopharyngite de l’enfant sont très communs. Plus d’une centaine de virus sont concernés et il s’agit essentiellement de rhinovirus, d’adénovirus, de virus syncytial, de virus influenza, de virus para-influenza ou de coronavirus, tous assez bénins.
Les virus se transmettent d’une personne à l’autre, le plus souvent par les gouttelettes de salive en aérosol dans l’air, en particulier lors d’un éternuement, ou par le contact direct avec les mains ou des objets contaminés. En général, les jeunes enfants sont contaminés par leur entourage familial ou par les enfants de la crèche, de la garderie ou de l’école maternelle.
Les fosses nasales sont revêtues d’une membrane appelée « muqueuse » qui sécrète continuellement un liquide. Ce liquide humidifie l’air inspiré et les muqueuses, et il piège les poussières ou les microbes, ce qui contribue à lutter contre les infections. Lorsque cette muqueuse est irritée, elle devient inflammatoire et les cellules à sa surface peuvent alors exprimer des « molécules d’adhésion » qui favorisent l’attachement des virus.
Qu’appelle-t-on des végétations ?
Les « végétations » ou « végétations adénoïdes » sont de petits organes immunitaires situés au fond du nez, dans la partie supérieure de la gorge. Les végétations sont des sortes de ganglions et, comme eux, elles jouent un rôle dans la défense immunitaire du nez et de la gorge.
Lorsqu’un enfant est atteint de rhinopharyngites à répétition, les végétations deviennent très inflammatoires et peuvent gonfler de manière excessive et prolongée. Ce gonflement peut aller jusqu’à obstruer partiellement les voies respiratoires et gêner la respiration de l’enfant.
Ce gonflement provoque parfois des complications en dépit des différents traitements proposés : otite, sinusite, bronchite. Dans ce cas, il est parfois nécessaire d’enlever les végétations sous anesthésie générale, le plus souvent après l’âge de deux ans.
Quels sont les facteurs favorisant une rhinopharyngite ?
L’enfant à la naissance et pendant les 6 premiers mois est protégé contre les microbes de l’environnement par les anticorps maternels. Ceux-ci vont ensuite progressivement disparaître et l’enfant va alors devoir développer ses propres défenses immunitaires, et ceci contre de nombreux virus : c’est ce qui se produit au cours de la « maladie de l’adaptation ».
Une rhinopharyngite se déclenche plus facilement en fonction de divers facteurs tels qu’un tabagisme chez l’un des parents (tabagisme passif de l’enfant), un terrain allergique responsable d’une inflammation persistante de la muqueuse nasale, des défenses immunitaires amoindries (maladie associée) ou des conditions liées à l’environnement (froid, humidité, fumée de tabac).
La prédominance en hiver des rhinopharyngites a souvent été attribuée au froid et à l’humidité de l’air, qui conservent le virus : on parle souvent de « refroidissement ». Plus probablement, la promiscuité liée aux mauvaises conditions météorologiques (fréquentation plus importante d’espaces populeux et confinés) explique la plus grande transmission du rhume en cette saison. Il n’est pas exclu que la pollution, qui irrite la muqueuse nasale, participe de cette moindre résistance aux microbes.
Quelles sont les complications de la rhinopharyngite ?
La simple rhinopharyngite évolue en général vers la guérison sans complication en moins de 8 jours, sachant qu’une petite toux sèche peut persister un peu plus longtemps.
Lorsque la muqueuse des voies aériennes supérieures est très inflammatoire, ou les défenses naturelles amoindries, d’autres atteintes des voies aériennes supérieures peuvent se produire secondairement à la rhinopharyngite : les bronches (ou « bronchite »), l’oreille moyenne (ou « otite ») et, plus rarement, les sinus (ou « sinusite »). De la même façon, le rhume peut récidiver plus facilement chez le jeune enfant.
Une surinfection bactérienne peut survenir en particulier en cas de fragilité, le plus souvent liée à un pneumocoque.
Avec quoi peut-on confondre une rhinopharyngite ?
Le principal problème est qu’une rhinopharyngite peut être confondue au début avec une grippe. Il est important de faire la différence car la grippe est très contagieuse et peut être grave pour l’enfant et pour certaines personnes fragilisées qui peuvent être au contact de l’enfant (femmes enceintes, malades chroniques et personnes âgées).
La principale différence entre ces 2 maladies virales est la capacité de l’enfant à continuer ses activités de jeux avec le rhume, alors que dans la grippe, l’enfant qui était à peu près bien portant le matin, ne joue plus et est d’accord pour se coucher (caractère également plus brutal).
Un autre élément est que la grippe survient au cours d’épidémies hivernales bien identifiées. Il existe quelques autres différences, mais elles ne sont que relatives : fièvre qui est théoriquement plus élevée dans la grippe, maux de tête et douleurs diffuses plus fréquentes, encombrement nasal moins fort et toux plus importante au cours de la grippe.
Quand faut-il consulter un médecin ?
Il faut consulter un médecin dans la journée si la rhinopharyngite survient chez un nouveau-né de moins d'un mois, si elle est associée à une fièvre élevée (plus de 38,5 °C), si la fièvre persiste plus de 48 heures, s’il existe des douleurs intenses d'oreille, de violents maux de tête ou des problèmes respiratoires.
Il faudra consulter un médecin dans les jours suivants si le rhume ne cède pas après une dizaine de jours ou si apparaissent une otite ou une sinusite.
Que faire en cas de rhinopharyngite ?
Le principal traitement est de faire des lavages de nez, plusieurs fois par jour, avec une solution de lavage à base de sérum physiologique pour désinfecter le nez de l’enfant ou du nourrisson.
Il faut au préalable moucher le nourrisson ou l’enfant avec un mouche-bébé ou un mouchoir. Lorsqu’il s’agit d’un nourrisson, il faut allonger l’enfant sur le dos, la tête inclinée sur le côté. En maintenant cette position, il suffit d’instiller dans la narine supérieure le contenu d’une dosette de solution de lavage et celle-ci doit ressortir par la narine inférieure. En inclinant la tête de l’autre côté, il faut renouveler l’opération dans l’autre narine. Lorsque l’enfant est plus âgé, il peut rester assis et pencher la tête mais la solution doit toujours être instillée dans la narine supérieure.
Il est possible de donner à l’enfant un médicament qui agit à la fois contre la fièvre et les maux de tête : c’est le paracétamol, qui est disponible sans ordonnance en pharmacie. Il faut ajuster la dose en fonction du poids, 60 milligrammes par kilogramme et par jour, répartie en 3 ou 4 prises par jour (soit 15 mg/kg/prise). A titre indicatif cela donne :
• Nourrisson de 3 à 4 kg (de la naissance à 1 mois) : 50 mg (soit 1/2 suppositoire ou 1/2 sachet à 100 mg), à renouveler si besoin au bout de 6 heures, sans dépasser 4 demi-suppositoires par jour.
• Nourrisson de 5 à 8 kg (environ de 2 à 9 mois) : 1 suppositoire ou 1 sachet à 100 mg, à renouveler si besoin au bout de 6 heures, sans dépasser 4 suppositoires ou sachets par jour.
• Nourrisson de 8 à 12 kg (environ de 6 à 24 mois) : 1 suppositoire ou 1 sachet à 150 mg, à renouveler si besoin au bout de 6 heures, sans dépasser 4 suppositoires ou sachets par jour.
• Enfant de 12 à 16 kg (environ de 2 à 5 ans) : 1 suppositoire ou 1 sachet à 200 mg, à renouveler si besoin au bout de 6 heures, sans dépasser 4 suppositoires ou sachets par jour.
• Enfant de 15 à 24 kg (environ de 4 à 9 ans) : 1 suppositoire ou 1 sachet à 300 mg, à renouveler si besoin au bout de 6 heures, sans dépasser 4 suppositoires ou sachets par jour.
L’aspirine est contre-indiquée chez le nourrisson, l’enfant et l’adolescent, car elle peut être à l’origine de graves réactions générales (syndrome de Reye).
Il faut donner régulièrement de l’eau à boire et en quantité suffisante, car respirer par la bouche déshydrate.
Quel est le traitement de la rhinopharyngite ?
Il existe de nombreux médicaments en vente libre qui agissent efficacement sur la plupart des signes désagréables du rhume : « antipyrétiques antalgiques » contre la fièvre et les maux de tête comme le paracétamol, « antihistaminiques de type H1 » qui ont un effet asséchant sur la sécrétion du mucus.
Chez les patients allergiques, ou ayant un terrain allergique, un traitement antihistaminique peut limiter l’intensité de la rhinopharyngite et éviter la prolongation de l’infection ou son extension à l’oreille (en respectant ses contre-indications).
La vitamine C est régulièrement conseillée au cours du rhume, et pour lutter contre la fatigue. Ces bénéfices ne sont pas vraiment démontrés mais il est possible d’en prendre des doses raisonnables et, en tout cas pas le soir, sous peine d’avoir du mal à s’endormir.
Les pulvérisateurs nasaux vasoconstricteurs sont contre-indiqués avant l’âge de 15 ans.
Les virus de la rhinopharyngite ne sont pas sensibles aux antibiotiques et il n’existe pas de médicaments antiviraux contre eux non plus.
C’est seulement en cas de surinfection bactérienne avérée que le médecin traitant pourra prescrire des antibiotiques (qui ne sont pas efficaces sur les virus et qu’il ne sert à rien de vouloir utiliser en préventif d’une surinfection).
Comment prévenir une rhinopharyngite ?
La rhinopharyngite est une maladie virale très contagieuse, mais des mesures simples permettent de limiter la transmission de cette infection et d’éviter qu’elle ne s’aggrave.
La rhinopharyngite se transmet par contact direct : de personne à personne (par les postillons, les baisers, en parlant, en éternuant ou par les mains) ou indirectement par les objets souillés par la salive : couverts, linge de toilette, mouchoirs...
Il faut donc inciter l’enfant à utiliser un mouchoir pour éternuer et lui laver les mains régulièrement pour éviter de contaminer les objets. Il faut utiliser des mouchoirs jetables.
La température des pièces doit être comprise entre 18 °C et 20 °C pour éviter les atmosphères trop chaudes et trop sèches (qui fragilisent les muqueuses). Il faut aérer régulièrement les chambres (même en hiver) et humidifier l’air ambiant si nécessaire.
Il faut bien sûr habiller chaudement l’enfant pendant la saison froide (avec gants, écharpe et bonnet). La pratique sportive est aussi un élément important pour prévenir les infections respiratoires hivernales.
Que faire en cas de récidives de rhinopharyngite trop fréquentes ?
En cas de rhinopharyngites récidivantes, l’amélioration de l’humidification de la chambre est la première chose à faire : elle améliore l’état de la muqueuse du nez et réduit sa vulnérabilité aux infections.
Les récidives de rhinopharyngite sont très fréquentes chez le jeune enfant après 6 mois et c’est strictement normal, il s’agit de la maladie de l’adaptation. L’enfant est en train de s’immuniser contre les virus les plus usuels après la disparition progressive des anticorps que lui a transmis la mère avant la naissance (à travers le placenta).
En cas de complications récidivantes (otites, obstruction nasale gênant la respiration), il est parfois nécessaire d’enlever les végétations sous anesthésie générale, le plus souvent après l’âge de deux ans.
En cas de récidives trop fréquentes, il faut aussi se poser la question d’un terrain allergique, qui maintient la muqueuse dans un état inflammatoire chronique après un premier rhume, ce qui favorise la récidive (envisager alors l’usage d’un antihistaminique).
La rhinopharyngite en France
Il s’agit de l’infection virale la plus fréquente, en particulier chez le jeune enfant entre 6 mois et 6 ans.
La rhinopharyngite représenterait plus de 10 millions de consultations par an en France.
Les liens du rhume et de la rhinopharyngite
Le site Wikipedia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Rhume
Les liens Pourquoi Docteur
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