Gale : des démangeaisons très contagieuses de la peau
La gale humaine est une maladie très contagieuse causée par un parasite de la peau. Caractérisée par des démangeaisons et des lésions de la peau, elle est bénigne, mais ne guérit pas spontanément. Si la gale n’est pas traitée rapidement, il y a un risque d’épidémie dans l’entourage.
Des mots pour les maux
Le « prurit » est le mot médical pour désigner les démangeaisons.
La « desquamation » désigne le phénomène par lequel la peau pèle.
Qu’est ce que la gale ?
La gale est une maladie dermatologique parasitaire causée par un « acarien » que l’on appelle de son nom scientifique « Sarcoptes scabiei hominis ». Cette maladie infectieuse très contagieuse provoque des démangeaisons et des lésions cutanées. Elle n’est pas grave en soi mais peut faire l’objet de surinfections bactériennes (« impétigo »).
Quelles sont les caractéristiques de l’acarien responsable de la gale ?
L’acarien responsable de la gale humaine, le sarcopte, mesure 300 microns et s’infiltre sous l’épiderme de l’Homme.
Seules les femelles fécondées provoquent l’infection car elles sont en recherche d’un endroit pour pondre leurs œufs. Leur mobilité naturelle est optimale pour des températures voisines de 25 et 30°C, ce qui explique que les sarcoptes se développent bien dans notre peau où ils peuvent parcourir plusieurs centimètres par heure.
Leurs trajets sous la peau seront à l’origine des lésions dermatologiques, tandis que leurs excréments provoqueront une réaction inflammatoire allergique responsable des démangeaisons.
Les parasites pondent environ 3 à 5 œufs par jour qui éclosent en 2 à 4 jours. Après deux à trois semaines d’incubation, les larves deviennent des adultes dont l’espérance de vie est d’environ 2 mois.
Comment attrape-t-on la gale ?
Extrêmement contagieuse, la gale se transmet directement par contact entre une personne saine et les lésions d’une personne malade, ou indirectement par du linge souillé par le parasite.
La contamination se produit le plus souvent dans un contexte de promiscuité (famille, foyer…) et nécessite un contact prolongé. C’est pourquoi, cette maladie est classée également dans les infections sexuellement transmissibles. Typiquement, la gale est associée à tort avec un manque d’hygiène alors qu’elle peut se contracter dans n’importe quelle situation.
L’Homme est le seul réservoir de Sarcoptes scabiei hominis, mais ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas possible d’attraper la gale du chat ou du chien, même si les parasites vecteurs sont différents.
Quels sont les signes de la gale ?
Le signe majeur de la gale est une démangeaison, ou « prurit », à recrudescence nocturne, c’est-à-dire des démangeaisons qui surviennent le plus souvent la nuit, moment où les femelles pondent leurs œufs.
Les zones de grattage caractéristiques se situent au niveau des espaces entre les doigts (« espaces interdigitaux »), la face antérieur des poignets, les coudes, les aisselles, les aréoles, le nombril, les faces internes des cuisses, les organes génitaux, les genoux et les chevilles.
Le visage et le dos sont épargnés.
Le médecin lors de son examen cherchera les lésions dermatologiques qui sont au nombre de trois : les « sillons sous-cutanés », les « vésicules perlées » et les « nodules scabieux ». Les « sillons sous-cutanés » se voient en transparence de la peau, et correspondent au trajet du parasite sous la peau. Les « vésicules perlées », situées à l’extrémité des sillons, sont des petites boursouflures dans lesquelles le parasite loge lorsqu’il pond ses œufs. Enfin les « nodules scabieux » sont des petites boules rouges tuméfiées, localisées proches des organes génitaux. Elles apparaissent tardivement lorsque le système immunitaire déclenche une réaction immuno-allergique.
Chez les enfants de moins de deux ans, la gale est responsable de signes spécifiques : agitation, pleurs et sommeil perturbé, associés à des vésicules perlées souvent surinfectées sur la plante des pieds et la paume des mains, au niveau des aisselles, du nombril, des fesses, voire aux bras, à la poitrine, aux cuisses et sur la tête, ou encore des nodules scabieux sous les aisselles.
Quelles sont les complications de la gale ?
La principale complication de la gale est la contamination de l’entourage et le développement d’une épidémie.
Les lésions de gale et de grattage peuvent se surinfecter, en particulier par du staphylocoque et cela donne un « impétigo ». On parle « d’impétiginisation » des lésions.
Un eczéma peut également survenir secondairement à la gale par intolérance à son traitement.
Quand évoquer une gale ?
La gale doit être évoquée devant tout prurit persistant localisé le plus souvent au niveau des poignets, et plus intense la nuit (« recrudescence nocturne »), surtout en cas de notion de contage (famille, partenaire sexuel, collectivité).
Elle touche aussi bien les enfants que les adultes.
Le diagnostic de la gale des « gens propres » est souvent difficile en raison de la rareté des lésions. Il faut y penser devant un prurit diffus persistant.
Quelles sont les autres formes de gale ?
Au-delà de la forme commune, il existe d’autres tableaux cliniques de gale qui touchent certains types de personnes.
Tout d’abord, il y a la « gale hyperkératosique » (ou « gale norvégienne ») qui touche surtout les personnes âgées ou immunodéprimées. Elle se caractérise par des plaques blanches, sèches, squameuses sur tout le corps y compris le visage et le dos. Ces lésions ne grattent que très peu malgré les millions de parasites adultes qui y vivent. Cette forme est très impressionnante et la plus contagieuse.
Ensuite, la « gale profuse », souvent déclenchée par la prise d’un traitement par corticoïdes ou chez les patients infectés par le VIH. Les signes sont les même que pour la gale commune mais la peau est l’objet d’une desquamation fine, peu prurigineuse touchant également le cuir chevelu et le visage.
Enfin, il y a la « gale du nourrisson »qui peut être confondue avec d’autres maladies infectieuses. Les lésions sont dominées par des pustules au niveau des paumes des mains et des plantes des pieds mais également sur le visage.
Comment faire le diagnostic de gale ?
Le diagnostic de la gale est avant tout clinique. Le médecin va rechercher les signes caractéristiques et les lésions dermatologiques de la maladie.
Il ne va donc pas forcément faire d’examens complémentaires. Néanmoins, pour certaines formes atypiques où le diagnostic n’est pas facile, il sera possible de faire un prélèvement de peau à la recherche de parasite. A l’aide d’une curette, le médecin va gratter les vésicules perlées pour recueillir le maximum de squames possibles. Ces fragments de peaux seront ensuite examinés au microscope par le biologiste afin de visualiser directement le parasite ou ses œufs. Attention, un test négatif n’élimine pas définitivement le diagnostic de gale, car le sarcopte peut être difficile à prélever.
Quel bilan réaliser après un diagnostic positif de gale ?
Il n’y a pas de bilan systématique à réaliser après un diagnostic positif de gale. Néanmoins, si un contexte de relation sexuelle est mis en évidence à l’interrogatoire du médecin, alors ce dernier pourra proposer un dépistage des autres infections sexuellement transmissibles comme le VIH, l’hépatite B ou la syphilis….
Comment traiter la gale ?
Le traitement de la gale existe sous deux formes : soit un traitement antiparasitaire local par l’application d’une émulsion sur le corps, soit par un traitement par voie orale avec des comprimés.
• Le traitement local se fait avec une émulsion à base de benzoate de benzyle en deux applications à 8 jours d’intervalle.
Avant de débuter le traitement, le malade doit prendre une douche ou un bain, se couper les ongles courts et doit utiliser du linge propre pour se sécher, s’habiller et pour la literie. La décontamination du linge est très importante pour empêcher l’échec du traitement.
Ensuite l’émulsion doit être appliquée en deux fois à 15 minutes d’intervalle sur tout le corps, en évitant le visage et les muqueuses. Il faut ensuite 24 heures avant de prendre un bain pour éliminer le produit et à nouveau changer le linge. La même opération est à renouveler une semaine après.
• Pour la gale profuse et hyperkératosique, il est recommandé d’associer au traitement local, un traitement par comprimé, l’ivermectine. Sur le même principe que le traitement local, deux prises à 8 jours d’intervalle doivent être respectées pour s’assurer de l’élimination des œufs.
Comment décontaminer le linge ?
Pour éviter de se contaminer à nouveau ou de contaminer d’autres personnes, la décontamination du linge est extrêmement importante. Par la dénomination linge, il faut comprendre les vêtements, les sous-vêtements, les bonnets, les écharpes, mais aussi le linge de lit (couette, drap, alèses, matelas…).
Pour tout ce qui est possible de laver en machine, la température doit être supérieure à 55°C pour tuer les parasites.
Pour le reste, il faut soit utiliser des poudres antiparasitaires à appliquer sur le linge préalable déposé dans un sac poubelle, soit mettre le linge sans rien dans un sac poubelle pendant 3 jours, temps nécessaire pour faire mourir les parasites.
Y-a-t-il des précautions à prendre pour les enfants ?
Pour les enfants de plus de 2 ans, le schéma thérapeutique est le même que pour l’adulte. Néanmoins, il faudra veiller à lui bander les mains ou mettre des gants pour éviter de se gratter et d’ingérer par inadvertance le produit.
Pour les enfants entre 1 mois et 2 ans, une seule couche de benzoate de benzyle est recommandée avec une prise de bain 12 heures après.
Pour les enfants de moins de 1 mois, le traitement local ne doit pas être utilisé en raison de l’immaturité de leur peau.
Quelles sont les autres mesures à prendre ?
En cas de fortes démangeaisons, le médecin pourra prescrire un traitement antihistaminique pour limiter les réactions allergiques.
Il faudra également surveiller les lésions de grattage qui peuvent s’infecter et nécessiter un traitement par antibiotique. Le meilleur moyen pour éviter cela et de désinfecter les lésions de grattage avec une solution locale et couper les ongles courts.
L’entourage de la personne contaminée (conjoint, partenaires sexuels et enfants) doivent être traités de la même façon (même s'ils ne se grattent pas) avec des durées d'application du produit toutefois plus courtes pour les enfants et pour les nourrissons.
Les nodules scabieux peuvent persister plusieurs semaines malgré un traitement efficace et être associés à un prurit persistant. Selon les cas, un traitement par pommade corticoïde, crème hydratante, traitements « kératolytiques » et antiprurigineux sont proposés.
Faut-il retirer les enfants de la collectivité ?
Les enfants doivent être retirés des collectivités (crèches, nounou, école) au moins 3 jours après le début du traitement pour empêcher le départ d’une épidémie.
Que faire pour les personnes en contact avec le malade ?
Pour toutes les personnes ayant été en contact rapproché avec la personne atteinte de gale, il est conseillé de voir son médecin traitant qui débutera un traitement préventif. Il faudra également décontaminer tout le linge et traiter les conjoints et partenaires.
La Gale en France
L’institut de veille sanitaire estime qu’en France, le nombre de cas de gale avoisine 350 pour 100.000 habitants par an.
Entre 2013 et 2015, le médicament de référence a connu une rupture de stock obligeant les médecins de se rabattre sur une autre prise en charge.
Les liens de la Gale
Le site de la Société Française de Dermatologie (dermato-info.fr)
http://dermato-info.fr/article/La_gale
Les liens Pourquoi Docteur
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