Assurance maladie
ASAFO : un outil en rodage pour contrer les fausses ordonnances
Depuis la fin de l’été 2024, les pharmaciens de France disposent d’un nouvel outil pour lutter contre les fausses ordonnances : ASAFO (Alerte sécurisée aux fausses ordonnances), accessible via la plateforme amelipro.fr. Lors d’une réunion de la commission paritaire nationale des pharmaciens (CPN-PA) le 15 novembre 2024, l’Assurance maladie a dressé un bilan de son utilisation, tout en annonçant des évolutions à venir.
- Par Sarah Roullier
- cihatatceken/iStock
Entre août et novembre 2024, 2 900 ordonnances ont été enregistrées sur ASAFO par les pharmaciens. Parmi elles, 1 462 ont été confirmées comme frauduleuses par l’assurance-maladie, soit environ 50 %. L’activité hebdomadaire des pharmaciens sur l’outil reste cependant variable, avec un nombre de connexions oscillant entre 3 000 et 8 000 selon les semaines. Du 4 au 8 novembre 2024, près de 6 000 connexions ont été effectuées par 2 300 officinaux différents.
Les ordonnances frauduleuses concernent majoritairement des produits liés au diabète (35 %), notamment des analogues du GLP-1 et des capteurs glycémiques. Les autres classes de médicaments touchées sont les antalgiques (13 %), suivis des antidiabétiques (12 %), de l’insuline (10 %), des narcoleptiques, des capteurs et des anticoagulants.
Des améliorations attendues en 2024
Pour renforcer l’efficacité d’ASAFO, une deuxième version de l’outil sera mise en service dès la mi-janvier 2024. Elle introduira de nouvelles fonctionnalités, comme la possibilité de rechercher une ordonnance en saisissant la carte Vitale ou le numéro de sécurité sociale (NIR) du patient. Cela permettra de vérifier rapidement si une ordonnance existe dans la base. Par ailleurs, cette version corrigera certains problèmes techniques, comme l’échec des recherches lié au respect de la casse (majuscules/minuscules). Elle permettra également l’envoi automatique de mails aux prescripteurs pour authentifier les ordonnances. Une version 3, prévue pour 2025, est également en développement.
Des lenteurs qui inquiètent
Malgré ces avancées, les critiques ne manquent pas. Selon Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, ASAFO souffre d’un délai de traitement trop long : « Trois semaines à un mois pour une réponse, c’est beaucoup trop. » De plus, il regrette que les alertes régulièrement transmises par les ARS et les CPAM ne soient pas automatiquement intégrées à l’outil, ce qui limite son efficacité. Pour inciter les pharmaciens à utiliser ASAFO, une ROSP spécifique a été instaurée pour 2024. Une connexion à l’outil quatre fois en décembre suffit pour percevoir une rétribution de 100 euros, prévue dans l’avenant conventionnel signé cette année. Ce dispositif, encore en phase d’ajustement, promet de devenir un allié important dans la lutte contre les fraudes, à condition de répondre aux attentes des professionnels de santé.