Semaine d'action 2021
Les appareils d'automesure : le rôle du pharmacien d’officine
Nombreuses pharmacies participent, dans le cadre de la semaine de la fibrillation atriale, à une campagne de dépistage au sein de leur officine. L’occasion de rappeler que le pharmacien d’officine est souvent associé au dépistage et à l’automesure des patients. Quel est le rôle du pharmacien d’officine ? Quelles sont les pathologies qui peuvent être intégrées dans ces protocoles d’autosurveillance à domicile ? Comment l’automesure est perçue chez les patients ?
- Par Sarah Roullier
- LumineImages/iStock
Dans le cadre du dépistage de la fibrillation atriale, certaines pharmacies de ville ont été équipées d’appareils de mesures, comme la pharmacie des Embruns à Perros-Guirec. Stéphanie Riou, pharmacienne explique que l’avantage des mesures en officine, est « l’accessibilité plus rapide que chez un médecin. Lorsqu’un patient à des palpitations, il peut plus facilement venir faire un électrocardiogramme à la pharmacie que chez son médecin. Ça permet d’avoir un tracé en situation de palpitation » et ensuite d’aiguiller un médecin sur la suite des opérations. Ce programme a été impulsé par un cardiologue de Lannion : Arnaud Lecuyer, membre du Groupement de Professionnels de la Santé de la Côte de Granit Rose, qui a constitué un groupe de travail pour équiper pharmacies, infirmiers et médecins généralistes en appareils de mesure, ici Kardia Mobile. « Cependant, notre pharmacie ne commercialise pas encore ce dispositif, c’est seulement mesuré à l’officine, suivant des critères cliniques et de risques définis en amont». Néanmoins, de nombreux dispositifs existent et peuvent être achetés par le grand public. Ils ne servent pas à un diagnostic médical, mais peuvent être des indicateurs.
Le rôle du pharmacien d’officine
La compétence des pharmaciens à effectuer certains tests rapides d’orientation diagnostique et d’évaluation a été mise en avant lors de la pandémie mondiale de Covid-19. Le pharmacien est tenu d’informer le patient que ces tests sont des éléments d’orientation diagnostique qui ne se substituent pas au diagnostic réalisé au moyen d’un examen de biologie médicale ou d’une visite chez son médecin traitant. Le pharmacien d’officine a un rôle de prévention et d’éducation du patient à cette technique.
De même, il est important que le pharmacien guide le patient dans son choix d’appareil. Suivant la prescription médicale, que ce soit pour l’achat ou la location d’appareils d’automesures, le pharmacien assiste véritablement son client afin d’éviter l’effet « gadget » ou une utilisation d’appareils non validés, des conditions de mesures inadéquates ou de mauvaises restitutions des résultats…
L’auto-Mesure pour quelles pathologies ?
Quand on pense à l’automesure, on pense souvent au diabète ou à l’hypertension artérielle (HTA), ce sont les pathologies qui nécessitent le plus « d’automesures. Le diabète pour un suivi de la maladie et un ajustement des traitements, l’HTA pour un dépistage “sans l’effet blouses blanches”.
Plus récemment, l’oxymètre de pouls, dispositif médical marqué CE conforme à la norme ISO 80601-2-61 » (les oxymètres d’un smartphone ou d’une montre connectée ne sont donc pas pris en charge.), utile face à la Covid-19 est remboursé à 100 % pour certains malades. Les oxymètres permettent de mesurer à domicile la saturation du sang en oxygène, donc de détecter précocement une aggravation des symptômes de la Covid-19 et d’éviter une hospitalisation en urgence.
Depuis 2008, la mesure de l’INR (international normalized ratio) est également possible à domicile. Les officines commercialisent et louent plusieurs appareils de mesures pour ces différentes pathologies. Le pharmacien connait les normes et les points sur lesquels rester vigilant lors d’un achat. Bien sûr, il connait les dispositifs pris en charge ou non par l’assurance maladie dans le cadre d’une prescription médicale.
Côté patient ?
Marie-Claire, 77 ans, est sujette à des problèmes d’hypertension artérielle. Son médecin traitant lui a prescrit une série de mesures à faire à domicile à des heures bien précises, allongée, au calme. Quand elle s’est rendue dans sa pharmacie habituelle, elle a été conseillée : « je ne savais pas quel appareil choisir. Mon médecin n’avait pas d’appareil à me prêter, j’ai eu une ordonnance pour une location. Le pharmacien m’a montré son utilisation et la façon dont je devais noter mes résultats pour aider le diagnostic de mon médecin traitant. ».
Finalement, le diagnostic tombe, Marie-Claire fait bien de l’hypertension artérielle. « Sur conseil de mon médecin, je suis revenue acheter un dispositif au poignet pour surveiller ma tension. Ainsi, grâce à mes autorelevés de tension, j’ai pu demander à mon médecin de vérifier mon traitement qui n’était finalement plus adapté. Au départ, j’avais peur de mal faire, mais ma pharmacienne m’a rassuré et je peux compter sur ses conseils. Elle m’a aiguillée vers un appareil fiable et adapté à mon mode de vie et à mon budget. Sans elle, j’étais un peu perdue. Ma fille m’avait montré un appareil en grande surface discount, qui n’était pas validé pour un usage médical. Mais ça quand on n’y connait rien, on ne peut pas le savoir ».