Cardiologie
Arrêts cardiorespiratoires : des applications d'alerte sauvent des vies
Lors d’un arrêt cardiaque, l’action immédiate d’intervenants bénévoles grâce à l’alerte d’applications installées sur un téléphone, permet une augmentation des réanimations cardiopulmonaires et des défibrillations. Les chances de survie sont alors elles aussi majorées.
- Vladyslava Yakovenko/iStock
Il existe de nombreuses applications d’alerte de survenue d’un arrêt cardiaque à proximité à installer tout simplement sur son smartphone. Elles permettent une intervention rapide, avant l'arrivée des secours, par des personnes, non professionnelles, se trouvant à proximité.
Et l’action de ces bénévoles (passants, voisins…) avertis via ces systèmes permet une majoration du taux de survie à 30 jours grâce à des interventions précoces de réanimation cardiopulmonaire (massage cardiaque) ou de défibrillation (l’application indiquant l’emplacement le plus proche de défibrillateurs automatisés externes (DAE)).
Une étude portant sur des arrêts cardiaques extrahospitaliers
C’est ce qu’a prouvé une étude observationnelle rétrospective (parue dans l’American College of Cardiology) en utilisant des données du réseau ESCAPE-NET (European Sudden Cardiac Arrest network : Towards Prevention, Education, New Effective Treatment)).
Ce sont 9 553 patients ayant présenté un arrêt cardiaque extrahospitalier entre 2015 et 2019, dans 5 sites européens dotés de système de réponse volontaire, qui ont été inclus à l’étude. Dans chacun des sites, les systèmes d'intervention ont été activés par les répartiteurs de centre de communication médicale d’urgence en réponse à une suspicion d’arrêt cardiaque survenus en dehors d’une structure hospitalière.
Une majoration des taux de survie …
Comparaison a été faite entre les personnes ayant bénéficié d’une intervention grâce à la mise en route d’une application d’urgence, et celles n’en ayant pas bénéficié.
Tous les volontaires se sont inscrits en ligne ou via une application smartphone pour participer au système d'intervention. Ils ont attesté d'une formation préalable à la RCP (réanimation cardiopulmonaire) et ont accepté d'être localisés.
Le système d'alerte indiquait aux volontaires s'ils devaient amener un DEA sur place ou se rendre directement sur les lieux de l'arrêt cardiaque pour commencer la RCP. Parallèlement, le Samu, les pompiers, des ambulances avec du personnel médical formé ou des véhicules de police munis d’un DEA étaient alertés.
… grâce à plus de RCP et de défibrillations
Dans 4 696 cas, le système de réponse volontaire a été activé, alors que dans 4 857 cas, il ne l'a pas été.
Les taux étaient plus élevés pour les 3 situations (RCP, défibrillations et taux de survie) dans les cas alertés que dans les cas non alertés dans tous les sites analysés avec : RCP par un témoin : 73,8 % contre 61,9 %, défibrillation par un passant : 7,9 % contre 4,6 %, survie à 30 jours : 12,4 % contre 10 %.
Les rapports de risque (RR) ont été calculés par rapport à la réalisation d’une réanimation par passant en fonction, ou d’une défibrillation, ainsi que de la survie à 30 jours. Leur analyse a démontré des RR regroupés de 1,30 pour la RCP, de 1,89 pour la défibrillation et de 1,22 pour la survie à 30 jours.
Une efficacité démontrée des applications d’alerte sur smartphones
Il apparaît donc que l'activation d'un système d'intervention bénévole en cas d'arrêt cardiaque extrahospitalier est associée à une probabilité majorée de RCP et de défibrillation par un tiers. De même, la survie à 30 jours est plus élevée qu’en l'absence d'activation du système.
Et quand on sait que 40 à 50 000 personnes en France font un arrêt cardiaque, il est important de réagir au plus vite et de manière efficace.
Cependant, l’équipe à l’origine de l’étude en convient : il est nécessaire de réaliser un essai contrôlé randomisé afin de déterminer pleinement l'effet causal des systèmes d'intervention bénévoles.