Prévention
Moustiques : une biomolécule pour échapper aux piqûres
La cellulose, une biomolécule peu coûteuse et facilement disponible, utilisée comme anti-moustique.
- TO/iStock
Une équipe israélienne a élaboré un nouveau produit anti-moustique à base de nanocristaux de cellulose permettant un camouflage chimique et physique.
Un produit anti-moustique à base de cellulose
Les moustiques étant vecteurs de nombreuses maladies parfois mortelles (Zika, fièvre jaune, chikungunya…), il est nécessaire d’augmenter l’arsenal des anti-moustiques..
De nombreux produits plus ou moins efficaces existent déjà, notamment à base de composés chimiques volatils comme le DEET (N,N-diéthyl-3-méthylbenzamide), inodores et synthétiques ou d’huiles essentielles comme la citronnelle, naturelles et odorantes. Il est donc fortement intéressant de trouver d’autres substances inodores s’évaporant moins facilement et ayant donc une durée d’action plus longue.
Ces chercheurs israéliens ont donc étudié les propriétés des nanocristaux de cellulose (CNC), connus pour former des barrières chimiques transparentes et solides.
La cellulose un produit naturel et costaud
La cellulose est un polymère très abondant sur terre (facilement récupérable dans les déchets de l’industrie du bois, les déchets alimentaires et le papier) possède une grande résistance.
Comme le précise l’équipe, les nanocristaux sont « à de faibles concentrations dans l'eau (<10 %), transparents et peuvent être coulés dans un solvant et séchés pour former des films minces transparents robustes selon une méthode connue sous le nom d'auto-assemblage induit par l'évaporation ». Ceci en traitant la cellulose par de l’acide sulfurique.
Les travaux de cette équipe ont permis de constater que ces nanocristaux agissaient comme des camoufleurs, masquant ainsi des indices recherchés par les moustiques, notamment des indices visuels (contrastes), des températures élevées, l’humidité, certains composés provenant de la sueur.
Des œufs moins nombreux à la ponte…
Ils se sont aussi aperçus que la combinaison des CNC et de l’indol (composé dérivé de l’indigo) réduit la ponte des œufs (99,4% d’œufs en moins) après contact des moustiques femelles avec du sang de mammifère enduit de cette substance.
En effet, rappelons-nous que seules les femelles piquent, et ce après leur fécondation puisque le sang de l’être humain (ou des animaux) récoltés sert à nourrir leurs œufs, grands consommateurs d’énergie.
Un effet de barrière chimique a été constaté puisque les CNC bloquaient le passage de la vapeur d'hydroxyde d'ammonium, un attractif pour moustiques couramment utilisé, lorsqu'elle était appliquée sur une membrane de papier filtre.
….et une moustiquaire cutanée solide
Ces nanocristaux n'interagissent pas chimiquement avec les odeurs corporelles mais forment plutôt une barrière pour les bloquer et réduire les piqûres.
Ils limitent donc l’émission d’ammoniaque par la peau. Cette substance ne peut donc plus s’évaporer dans l’air et attirer les moustiques. Et leur propriété « barrière » sert de protection comme une sorte de « moustiquaire locale ».
Le fait de mélanger les cristaux de cellulose avec de l’eau et une petite quantité de glycérol permet leur application sur la peau. Et les chercheurs ont observé un risque de piqûre diminué de 80 %.
Malgré des résultats prometteurs, les tests ayant été effectués seulement sur des membranes artificielles et sur un volontaire, il est nécessaire de poursuivre les études avant d’arriver à la commercialisation de ce produit.