Troubles du sommeil de l’enfant : un apprentissage mais des rechutes
Le sommeil se modifie de façon profonde entre les premiers mois de la vie et l’adolescence. Les troubles du sommeil sont courants chez l’enfant mais une bonne acquisition du sommeil est indispensable à son développement cérébral.
Des mots pour les maux
Les troubles du sommeil de l’enfant correspondent à une diminution de la durée ou de la qualité du sommeil, avec un retentissement sur le niveau de vigilance du lendemain.
Le trouble du sommeil peut être « initial » lorsque l’enfant a du mal à s’endormir à l’heure du coucher. Il peut se manifester sous forme de « réveils nocturnes », comme lors d’un cauchemar. Il peut enfin être lié à une « parasomnie » comme une « terreur nocturne » ou un somnambulisme ou l’enfant de se réveille pas.
Dans tous les cas, le sommeil est « non réparateur » avec un trouble de vigilance le lendemain et des performances intellectuelles réduites à l’école ou au travail.
Comment s’explique le sommeil ?
L’alternance veille-sommeil, c’est-à-dire veiller le jour et dormir la nuit, est déterminée par une horloge biologique interne qui est modulée par des facteurs environnementaux.
L’horloge interne est sous la dépendance de l’activité de cellules de l’hypothalamus dans le cerveau. L’activité de ces cellules est génétiquement programmée sur une période légèrement supérieure à 24 heures. L’horloge interne régule notamment la température du corps qui, en s’abaissant, entraîne une baisse de vigilance. La « température corporelle » est au minimum vers 3-4 heures du matin et au maximum entre 16 et 19 heures.
Mais l’activité de ces cellules est aussi modulée par l’environnement, et en particulier les variations de la lumière et les rythmes de la vie sociale. Cette influence de l’environnement est nécessaire afin d’aider les hommes à s’adapter aux saisons (variations de la durée du jour) et au milieu extérieur (les prédateurs autrefois et l’école maintenant).
Comme chez l’adulte, le sommeil de l’enfant est organisé en cycles. Il commence par une phase d’endormissement, puis se succèdent des cycles de sommeil. Chaque cycle comporte deux types de phases : les phases de sommeil « lent », plus ou moins profond, durant lequel l’activité cérébrale diminue. Et les phases de sommeil « paradoxal » durant lesquelles le cerveau est aussi actif que pendant la journée. C’est durant ces phases de sommeil paradoxal que les personnes endormies rêvent et que l’on observe des mouvements oculaires rapides.
Une nuit comprend 4 à 6 cycles de sommeil, et chaque cycle est composé de phases lentes et paradoxales. La durée de ces cycles et la nature des phases varient selon l’âge de l’enfant.
A quoi sert le sommeil ?
Le sommeil est une fonction essentielle indispensable à la vie dans toutes les espèces animales. Malgré cela, les fonctions précises du sommeil restent encore à définir.
Durant le sommeil, plusieurs processus physiologiques s’accomplissent dans le corps : les muscles se reposent, la pression artérielle et la fréquence des battements du cœur diminuent, les tissus du foie et des muscles se régénèrent, la sécrétion des hormones de croissance est la plus élevée... Toutes ces variations obéissent à un cycle chronobiologique de 24 heures et sont articulées autour du sommeil.
Toutes les fonctions du corps en dehors de celles du cerveau pourraient se produire en absence de sommeil bien que probablement de manière moins efficace. En revanche, le sommeil est absolument indispensable pour le bon fonctionnement du cerveau.
Le cerveau profiterait du sommeil pour consolider la mémoire et éliminer ses déchets liés au fonctionnement. Au-delà de l’élimination des déchets, qui pourrait se faire par une sorte de système lymphatique spécifique et surtout actif pendant le sommeil, les études les plus récentes suggèrent que le sommeil joue un rôle-clé dans l’établissement et la consolidation des connexions entre les cellules nerveuses (les « neurones »).
Cette optimisation de la « connectivité neuronale » permettrait non seulement de consolider la mémoire par le renforcement des circuits neuronaux, elle mais faciliterait également « l’oubli » en éliminant les interactions indésirables.
Comment se synchronise le rythme du sommeil ?
Deux mécanismes sont importants pour resynchroniser l’horloge interne si nécessaire.
Le premier implique la « mélatonine », une hormone qui permet d’avancer ou retarder l’endormissement pour s’adapter aux changements saisonniers de luminosité. La rétine contient, en effet, des cellules sensibles à la luminosité et ces cellules transmettent l’information sur la luminosité à un noyau situé à la base du cerveau, dans l’hypothalamus. Celui-ci relaie l'information jusqu’à une petite glande, l’épiphyse ou glande pinéale, qui va sécréter, ou pas, la mélatonine. Dès que la lumière baisse, la libération de mélatonine augmente et déclenche le sommeil. A l’inverse, une lumière forte et plutôt bleutée le soir (télévision, ordinateur…) retardera l’endormissement.
Le deuxième mécanisme implique l’activité sociale qui sert également de synchroniseur des phases de sommeil et de réveil. L’horloge biologique est, par exemple, retardée par des sorties tardives très fréquentes. En parallèle à cette horloge biologique, d’autres mécanismes régulent également le temps de veille et de sommeil.
Quelle est la durée du sommeil en fonction de l'âge ?
La durée idéale d'une nuit de sommeil est donc celle qui donne le sentiment d'être en forme le lendemain matin. Il y a des variations importantes d’un âge à l'autre. Le rythme et les habitudes de sommeil vont bien sûr s'adapter aux diverses obligations (familiales ou scolaires).
La National Sleep Foundation (NSF), l’organisme américain visant à promouvoir l'éducation au sommeil, a déterminé des durées de sommeil idéales en fonction de l'âge, à partir de plus de 300 études publiées :
La National Sleep Foundation recommande donc de dormir :
- Nouveaux-nés (moins de 3 mois) : entre 14 et 17 h par jour
- Nourrissons (entre 4 et 11 mois) : entre 12 et 15 heures
- Bambins (entre 1 et 2 ans) : entre 11 et 14 heures
- Enfants de moins 5 ans : entre 10 et 13 heures
- Ecoliers (entre 6 et 13 ans) : entre 9 et 11 heures
- Adolescents (entre 14 et 17 ans) : entre 8 et 10 heures
- Adultes entre 18 et 25 ans : entre 7 et 9 heures
- Adultes entre 26 et 64 ans : entre 7 et 9 heures
- Seniors de plus de 65 ans : entre 7 et 8 heures
Il s’agit bien sûr de fourchettes moyennes.
Quelles sont les différences de cycle en fonction de l’âge des enfants ?
Le sommeil est indispensable à la maturation du cerveau de l’enfant.
• Les nouveaux-nés dorment en moyenne 16 heures par jour mais, comme chez l’adulte, il existe des variations physiologiques d’un bébé à l’autre : certains ne dorment que 14 heures et d’autres jusqu’à 17 heures. Un cycle de sommeil chez le nouveau-né dure 50 minutes à 1 heure, avec une phase paradoxale et une phase lente plus courte. Le sommeil paradoxal occupe 50 à 60 % de tout le temps durant lequel le bébé dort : le bébé fait des grognements, des bruits de succion de la langue... et donnent parfois l’impression que le nouveau-né est réveillé. Il faut un certain temps pour que le sommeil du nourrisson adopte une cadence plus régulière : vers 1 mois, se met en place un rythme régulier sur 24 heures (nuit et siestes), vers 2 à 3 mois, les phases agitées disparaissent au profit des phases paradoxales et entre 6 et 24 mois, le sommeil se rapproche de sa forme définitive.
- Vers 3 ans, la durée des siestes quotidiennes se réduit et elles vont disparaître. Cette évolution entraîne une réorganisation du sommeil nocturne : les phases de sommeil lent profond deviennent plus nombreuses en première partie de nuit et la capacité à passer de l’assoupissement à l’état de veille est en cours de maturation. C’est à cause de ces phénomènes que l’enfant peut avoir des « terreurs nocturnes » ou des crises de « somnambulisme ».
- À partir de 6 ans, le sommeil évolue vers une réduction de la longueur des nuits et un allongement du temps d’endormissement. Les phénomènes de « terreurs nocturnes », de « somnambulisme » et de pertes des urines (« énurésie ») peuvent réapparaître et sont favorisées par l’importance du sommeil lent profond en première partie de nuit.
- A partir de l’adolescence, le temps de sommeil se réduit du fait d’un coucher plus tardif (le « retard de phase ») qui conduit les adolescents à ne pas dormir assez en semaine par rapport à leurs besoins. Ce déficit de sommeil sera compensé par un lever plus tardif les week-ends et pendant les vacances.
Quels sont les différents types de troubles du sommeil de l’enfant ?
Les troubles du sommeil toucheraient un enfant sur 3 ou sur 4 avant l’âge de 6 ans. Ces troubles peuvent correspondre à des difficultés d’endormissement et des réveils nocturnes (« dyssomnies ») ou à des phénomènes anormaux qui traduisent un état de conscience intermédiaire ou « parasomnies » (somnambulisme, terreurs nocturnes, cauchemars).
• Les dyssomnies sont fréquentes et peuvent correspondre à 2 types de troubles : les difficultés d’endormissement et les réveils nocturnes.
Les « difficultés d’endormissement » sont liées au stade de développement de l’enfant, à sa personnalité et au comportement de ses parents. Il arrive souvent qu’un bébé ait des difficultés d’endormissement lorsque la mère retourne au travail : s’il est bercé dans les bras tous les soirs jusqu’à ce qu’il s’endorme, et si les parents arrêtent de le bercer autant : le bébé a associé l’endormissement au fait d’être bercé et ne peut plus s’endormir.
Les « réveils nocturnes » sont très fréquents et concernent la majorité des enfants entre 9 mois et 3 ans, y compris les bébés qui avaient commencé à « faire leurs nuits » entre 3 et 6 mois. De façon tout à fait normale, les enfants de 1 à 3 ans se réveillent en moyenne trois fois par nuit, le plus souvent entre minuit et 5 heures, puis ils se rendorment seuls. Le problème survient lorsque les bébés n’y parviennent pas. Ils signalent alors leur réveil par des pleurs ou en appelant leurs parents, ce qui concerne un tiers d’entre eux. Ce n’est pas que les bébés aient faim, mais ils ont besoin d’être rassurés en créant une situation d’échange avec leurs parents. L’absence de réponse à cette demande affective engendre chez eux un état d’excitation qui prolongera le temps d’éveil.
• Les parasomnies (cauchemars, terreurs nocturnes, somnambulisme) sont des comportements involontaires qui impliquent des mouvements, émotions et rêves anormaux et inconscients. Ils peuvent survenirlors de l’endormissement, lors du sommeil ou lors de réveils nocturnes.
Chaque enfant fait normalement des « cauchemars » (des rêves qui provoquent la peur). Ceux-ci surviennent plutôt dans la deuxième partie de la nuit, pendant les phases dites de « sommeil paradoxal ». À l’inverse des terreurs nocturnes, un enfant qui fait un cauchemar se réveille, reconnaît ses parents et se souvient d’avoir fait un cauchemar le lendemain. Des cauchemars occasionnels sont un moyen pour l’enfant d’évacuer les tensions de la journée et ne doivent pas inquiéter. Au fur et à mesure qu’il grandira, l’enfant fera des rêves de plus en plus élaborés qui seront un moyen de régler ses angoisses et ses peurs. Des cauchemars intenses et répétés peuvent, en revanche, être le signe d’une anxiété plus profonde, en rapport avec des problèmes familiaux ou avec l’école.
Les « terreurs nocturnes » sont fréquentes chez les enfants et surviennent plutôt en début de nuit (moins de trois heures après l’endormissement) et pendant le sommeil profond. L’enfant semble réveillé, il s’agite, il crie, il est en sueurs, ses fréquences cardiaque et respiratoire sont accélérées, mais en réalité il dort. Ces terreurs nocturnes n’expriment aucune angoisse. Une terreur nocturne ne dure que quelques instants : l’enfant va continuer sa nuit sans se réveiller et il ne s’en souviendra pas. Il ne faut pas le réveiller et ne pas lui en parler le lendemain, sous peine de le perturber. Les terreurs nocturnes apparaissent en général avant 4 ans, et concerneraient environ 40 % des moins de 6 ans.
Le « somnambulisme » est un comportement que l’enfant développe pendant le sommeil profond, en étant partiellement réveillé, mais non conscient de ses actes : il peut marcher dans la maison et même en sortir. Ce trouble, peu fréquent dans la petite enfance, devient plus courant avec l’âge. Il concernerait ainsi 15 % des 4-12 ans.
D’autres troubles sont possibles, mais sont moins spectaculaires : grincements de dents, parler en dormant, mouvements répétitifs lors de l’endormissement…
Dans la majorité des cas, ces parasomnies sont sans gravité et tendent à disparaître avec la croissance, bien qu’elles puissent perturber durablement le sommeil de l’enfant et de sa famille.
Quels sont les risques des troubles du sommeil de l’enfant ?
Le sommeil est indispensable à l’enfant pour se reposer et pour assurer son développement intellectuel.
Des troubles du sommeil trop importants et trop fréquents peuvent être responsables d’une somnolence durant la journée, de troubles du caractère à type d’irritabilité, de difficultés d’apprentissage scolaire (problèmes d’attention et de concentration, problèmes de mémorisation).
À plus long terme, les difficultés d'apprentissage et la baisse de la motivation peuvent conduire au décrochage scolaire. Les troubles du sommeil ont aussi été associés à un risque plus important de développer un surpoids.
Quelles sont les causes de l’insomnie ?
Les causes sont variées et le plus souvent bénignes :
• Les troubles du sommeil chez l’enfant sont le plus souvent dues à des infections du nez, de la gorge ou des oreilles, qui obstruent partiellement les voies respiratoires, font tousser et peuvent s’accompagner de fièvre et de troubles digestifs, comme un reflux ou des coliques.
• L’enfant est aussi soumis au stress et à l’anxiété liés à des événements de vie, qu’ils soient positifs ou négatifs et voulus ou subis, (déménagement, difficultés à l’école, divorce des parents, deuil...). On parle alors d’insomnie réactionnelle. Il s’agit d’une insomnie aiguë d’ajustement qui est directement causée par l’événement stressant. Ce type d’insomnie dure quelques jours ou semaines et disparaît généralement en moins de trois mois, après la disparition du traumatisme ou des facteurs en cause.
• Les enfants peuvent aussi « apprendre » à mal dormir. Les habitudes de sommeil sont inculquées par les parents. Des comportements inadaptés donnés à l’enfant au moment du coucher ou lorsque celui-ci ne veut pas dormir, peuvent entraîner une insomnie comportementale. Comme chez l’adulte, un non-respect du rythme naturel ou une irrégularité des horaires sont très mauvais pour le sommeil, de même que des changements de lieu ou des rituels du coucher.
• L’insomnie est aussi très fréquemment causée par une mauvaise hygiène du sommeil. Il s’agit généralement de la réalisation d’activités qui vont développer une hypervigilance du cerveau juste avant l’heure du coucher et donc altérer l’architecture du sommeil (exercices physiques extrêmes, regarder la télévision ou une tablette ou jouer à des jeux vidéos...). La prise de stimulants comme la caféine dans certaines boissons est une cause fréquente d’insomnie. Les activités sur écran stimulent le cerveau et empêchent de ressentir le besoin de dormir. De plus, la lumière directe des écrans entraîne un décalage de l'heure habituelle d'endormissement. En pratique, ce genre d'activité devrait être arrêté au moins une heure avant le coucher. Une activité physique intense réalisée trop près de l'heure du coucher va augmenter la température du corps et aussi risquer de retarder l'heure d’endormissement.
• Il peut aussi s’agir d’un environnement qui ne favorise pas le sommeil (chambre mal aérée, trop chaude, trop éclairée, trop bruyante…).
• Dans certains cas, l’enfant souffre tellement de ne pas dormir qu’il finit par avoir peur de se coucher et de ne pas réussir à s’endormir. Il s’agit d’un conditionnement négatif qui se crée entre le fait d’aller se coucher et l’angoisse de ne pas arriver à dormir. Il s’agit d’une insomnie liée à une « angoisse de performance », aussi appelée « insomnie psychopathologique ». Le sommeil est paradoxalement plus facile en dehors du domicile. Des traitements cognitifs et comportementaux sont généralement efficaces.
Dans quels cas faut-il consulter un médecin pour une insomnie ?
Il est possible de mal dormir pendant un certain temps, sans conséquences majeures, mais il faut consulter quand les perturbations du sommeil ont un impact significatif sur les performances de l’enfant dans la journée avec une fatigue dès le matin, une somnolence et des troubles de la concentration, de l'attention et de la mémoire dans la journée.
Des cauchemars intenses et répétés peuvent être le signe d’une anxiété plus profonde, en rapport avec des problèmes familiaux ou avec l’école.
Si les parasomnies entraînent un inconfort pour l’enfant ou des blessures (contusions liées à une chute lors d’une crise de somnambulisme), une prise en charge médicale est nécessaire.
Il peut être nécessaire de faire appel à un spécialiste du sommeil en cas d’insomnie chronique, s’il existe une suspicion de pathologie spécifique comme un syndrome des jambes sans repos ou des mouvements périodiques nocturnes, et enfin, en cas de troubles du sommeil avec un retentissement majeur.
Comment préparer la consultation ?
Pour aider le médecin à identifier la nature du trouble du sommeil, il faudra être capable de lui préciser : l’ancienneté des troubles du sommeil, le type de troubles du sommeil (difficultés d'endormissement, réveils nocturnes et précoces), le nombre de fois où le trouble du sommeil se produit par semaine et s'il y a des répercussions (fatigue au réveil, difficultés de concentration au travail, endormissements durant la journée,…). Il ne faudra pas hésiter à lui rapporter des signes associés comme des fourmillements ou des mouvements incontrôlés dans les jambes.
Le plus simple est de réaliser un « agenda du sommeil » qui est un relevé du sommeil, nuit après nuit, sur une semaine type ou sur 3 à 4 semaines, et qui décrit les éléments importants de la nuit (heure de mise au lit et d’extinction de la lumière, temps d’endormissement, réveils dans la nuit, heure de réveil et de lever matinal, somnolences diurnes, sieste).
Il faudra aussi réfléchir au contexte afin de dire si cela est en rapport avec une modification de l’environnement (bruit, nouveau-né…) ou un événement particulier (familial ou professionnel).
De la même façon, il faudra préciser au médecin les conditions du sommeil (heures de coucher et de réveil) et les activités avant le sommeil. Enfin, il sera intéressant de dire ce qui a été tenté pour enrayer le trouble du sommeil (modification de l’environnement, arrêt du café, prise de somnifères...).
Comment faire le diagnostic d'insomnie ?
Le médecin traitant s'appuie sur l'interrogatoire de l’enfant et des parents pour évaluer les troubles et le contexte. Le témoignage détaillé des parents est important pour préciser la description des troubles.
L’examen médical est nécessaire pour éliminer une maladie sous-jacente et évaluer le retentissement du trouble du sommeil.
Un agenda du sommeil est toujours nécessaire : doivent y être notées les heures de coucher et de lever, le nombre de réveils, et les éléments de chaque nuit. Il peut être demandé sur une semaine ou plus.
« L'actimétrie » est un moyen très simple pour apprécier les cycles d'éveil et de sommeil sur une longue période et pour mieux comprendre l'horloge biologique interne. L'actimètre se présente sous la forme d'une sorte de petite montre que l'on porte au poignet non dominant pendant une période de 2 à 3 semaines, de jour comme de nuit. Cette montre enregistre le nombre et l'intensité de tous les mouvements de l’enfant au cours de cette période. Une puce électronique enregistre ces informations en fonction du jour et de l'heure.
La « polysomnographie » est l'enregistrement complet du sommeil. Les appareils utilisés permettent d’enregistrer l'activité électrique du cerveau, les mouvements des yeux, le tonus musculaire du menton et l'activité cardiaque, grâce à des électrodes placées à différents endroits du corps. Cet examen consiste donc à capter les rythmes électriques qui proviennent du cerveau et du corps pour en déduire les stades de sommeil.
Au final, la plupart des diagnostics d’insomnie sont faits grâce à l’interrogatoire complété par l’examen et l’agenda du sommeil, éventuellement associé à l’actimétrie. Un enregistrement polysomnographique du sommeil n’est, le plus souvent, pas nécessaire.
Avec quoi peut on confondre un trouble du sommeil ?
Le plus souvent, il est nécessaire d’identifier les maladies qui peuvent être cause de troubles du sommeil et en particulier l’anxiété, le syndrome des jambes sans repos…
Un problème différent de l’insomnie est le « retard de phase » que l’on retrouve chez les adolescents. Ce trouble se présente comme un retard à l’endormissement avec un réveil tardif et difficile le matin. Le sommeil est normal mais décalé, et encore plus décalé en vacances : le déficit de sommeil est compensé par un lever plus tardif les week-ends et pendant les vacances.
Quand pratiquer des examens complémentaires ?
Il est particulièrement important d’éliminer une maladie qui peut entrainer une insomnie, ou une affection spécifiquement liée à une insomnie, avant toute prise en charge de cette affection.
Le médecin traitant peut donc être amené à prescrire des prises de sang pour éliminer une maladie endocrinienne. D’autres examens peuvent être nécessaires pour éliminer un reflux gastro-œsophagien, un syndrome des jambes sans repos. En cas de doute, un avis psychiatrique peut être nécessaire pour éliminer une anxiété ou une dépression masquée.
Enfin, une fois ces affections éliminées et en cas de persistance de l’insomnie malgré une première prise en charge, il peut être nécessaire d'adresser la personne à un spécialiste ou à un centre du sommeil.
Un enregistrement polysomnographique du sommeil (polysomnographie) peut alors être réalisé dans un centre spécialisé ou à domicile. Les appareils utilisés permettent d’enregistrer l'activité électrique du cerveau, les mouvements des yeux, le tonus musculaire du menton et l'activité cardiaque, grâce à des électrodes placées à différents endroits du corps. Cet examen est strictement indolore.
D'autres examens peuvent également être pratiqués, comme un enregistrement global des mouvements du corps sur un cycle de plusieurs jours (actimétrie). L’examen consiste à porter un bracelet qui enregistre les mouvements, ceux-ci étant assez bien corrélés à la qualité du sommeil.
Que peut-on faire avant toute consultation ?
Quand un enfant souffre de troubles du sommeil, il est important de le rassurer et de porter attention à son problème. Il faut lui inculquer une bonne « hygiène du sommeil » : le principe général est de réduire l’état d’hyperactivité du cerveau et du corps à l’heure du coucher pour les mettre dans un état favorable à l’endormissement et d’adopter des horaires de sommeil régulier.
Il est ainsi important d’instaurer une période de transition en fin de soirée : il faut cesser de jouer ou de surfer sur internet jusqu’à la dernière minute, arrêter les jeux vidéos, éviter les sports intenses en fin de soirée pour ne pas trop échauffer le corps et ne surtout pas regarder la télévision avant que l’enfant aille au lit.
Il est également très important d’adopter la plus grande régularité possible dans les heures de sommeil et d’exposition à la lumière. Il faut dormir dans l’obscurité et rester dans une certaine pénombre (lumière tamisée) la nuit pour aller aux toilettes ou boire un verre d’eau. De la même façon, la chambre doit être la plus calme possible et elle doit être sombre, pas trop chaude et bien ventilée.
En cas d’insomnie importante, il est conseillé de coucher l’enfant le soir lorsqu’il commence à bailler et à ressentir le besoin de dormir, même si cela semble tard dans la nuit : les heures de coucher finiront par se régulariser progressivement. Il sera alors possible de le coucher progressivement un peu plus tôt chaque jour.
Il faut enfin limiter au maximum la prise de substances stimulantes au cours de la journée (thé, café, boissons caféinées, vitamine C). Il est traditionnellement conseillé d’éviter les repas trop copieux au dîner.
Il n’y a pas lieu de s’inquiéter si une mauvaise nuit survient de façon ponctuelle : le sommeil peut être meilleur la nuit suivante, d'autant que le corps va augmenter le temps de sommeil profond pour compenser.
Que faire si un bébé ou un enfant pleure au lit ?
• Si le bébé pleure lors du coucher, cela peut-être parce qu’il s’est habitué à ce qu’un parent soit présent au moment où il s’endort. Pour réduire progressivement cette dépendance, il faut mettre l’enfant au lit, le calmer, puis le quitter quelques minutes, et, s’il pleure, revenir et rester avec lui jusqu’à ce qu’il s’endorme. Il faut ensuite réduire progressivement le temps passé dans sa chambre chaque soir au coucher, sur plusieurs jours. Au bout d’une ou deux semaines, le bébé devrait réussir à s'endormir seul.
• Si le bébé ou l’enfant pleure pendant la nuit, il est possible d’attendre un peu avant d’aller le voir. Cela lui laisse la possibilité de se rendormir tout seul. Si cela ne marche pas, il faut aller le voir et le calmer.
Il ne faut jamais crier car, cela l’exciterait encore plus, et il ne faut jamais secouer un bébé, car cela pourrait laisser des séquelles graves.
Enfin, il est préférable de ne pas administrer de sirop sédatif à un enfant sans avis médical.
Que faire contre le retard de phase chez l’adolescent ?
Le retard de phase de l’adolescent est fréquent chez les adolescents. Ils se couchent tard en semaine et récupèrent le déficit de sommeil les week-ends. Le phénomène a tendance à s’accentuer pendant les vacances.
Une photothérapie peut permettre d’aider à resynchroniser leur cycles veille-sommeil, mais cela ne les dispense pas d’adopter de meilleures habitudes de sommeil.
Les liens de l’insomnie
Insomnie : une nouvelle compréhension des troubles du sommeil
Sommeil : se coucher tard favorise la prise de poids
Sommeil et addictions : des liaisons dangereuses
Insomnie : l'hérédité joue un rôle important
Commentaires