Ballonnement, flatulences et aérophagie : les aliments ne font pas tout le gaz
Le ballonnement, ou « météorisme abdominal », correspond à l’accumulation de gaz au niveau de l’estomac ou de l’intestin, ce qui se traduit par un gonflement du ventre. Ce gaz est lié, soit à une hyper-absorption, soit une hyperproduction.
Des mots pour les maux
Le ballonnement du ventre est ce que les médecins appellent un « météorisme abdominal ».
Le ballonnement est lié à l’accumulation de gaz qui peut se faire au niveau de l’estomac (alimentation ou « aérophagie »), ou bien, il peut se produire au niveau de l’intestin (fermentation des bactéries intestinales) et s’évacuer au cours des pets ou « flatulences ».
Ce gaz peut s’expulser ou s’échapper involontairement par la bouche, lors d’une « éructation », ou par l’anus, lors des « flatulences »
A quoi correspondent le ballonnement, les flatulences et l’aérophagie ?
Les ballonnements sont fréquents et correspondent à une sensation de gonflement au niveau du ventre qui peut être très désagréable, voire même douloureuse.
Le ballonnement, aussi appelé « météorisme abdominal », correspond à une accumulation de gaz au niveau de l’estomac ou de l’intestin. Selon sa localisation, les causes du ballonnement et de l’accumulation de gaz sont différentes.
Au niveau de l’estomac, il s’agit d’une absorption trop importante du gaz que l’on avale normalement au cours de l’alimentation (eaux gazeuses, discussion bouche pleine) ou en cas « d’aérophagie » (déglutition excessive d’une trop grande quantité d’air).
Au niveau de l’intestin, la surconsommation d’eau gazeuse peut jouer un rôle à travers un apport excessif de gaz, mais il s’agit essentiellement d’une surproduction de gaz au cours du processus de la digestion, digestion qui fait intervenir les bactéries de la flore intestinale ou « microbiote intestinal ».
Cette surproduction de gaz dans l’intestin est liée soit à une consommation d’aliments qui favorisent la production de gaz (comme les haricots secs), soit à un déséquilibre de la flore intestinale ("microbiote intestinal"), par exemple à la suite de la prise d’un antibiotique, d’une maladie ou d’un changement de régime alimentaire (qui va entrainer un déséquilibre de la flore intestinale). Une alimentation inadaptée, une maladie, un déséquilibre alimentaire, un stress ou la constipation peuvent donc être les déclencheurs de ces inconforts intestinaux.
Le ballonnement du ventre, en plus de l’inconfort intestinal, s’accompagne donc fréquemment d’évacuations intempestives sous formes de rots ou « éructations » pour le ballonnement de l’estomac, ou de pets ou « flatulences » pour le ballonnement de l’intestin.
A quoi sont liés le ballonnement et les flatulences ?
En l'absence de maladie intestinale, les gaz qui circulent dans l'intestin ont deux origines : l'air que l'on « avale » en mangeant et les gaz produits par la digestion des aliments dans l’intestin par les bactéries.
• Avaler de l’air au cours de l’alimentation est un phénomène normal qui peut cependant devenir excessif : c’est le cas, par exemple, quand on boit beaucoup de boissons gazeuses, quand on parle la bouche pleine, quand on mâche de la gomme... Une conduite pathologique peu survenir au cours de « l’aérophagie » (littéralement « manger de l’air ») : c’est un processus qui désigne la déglutition excessive d’une trop grande quantité d’air dans l’œsophage et l’estomac. L’aérophagie peut entraîner un ballonnement de l’estomac, des douleurs digestives, un hoquet et des éructations. Elle peut également provoquer des flatulences à cause de la grande quantité d’air avalé en mangeant ou en buvant.
• La digestion des aliments est un processus complexe qui fait intervenir l’action des bactéries normalement présentes dans l’intestin et notamment dans le colon (flore intestinale ou « microbiote intestinal »). Celles-ci transforment les aliments en nutriments, plus faciles à assimiler, et cette transformation s’accompagne de la production de gaz.
Ce microbiote intestinal est un ensemble en équilibre qui regroupe des milliards de bactéries de différentes catégories. A l’état normal, la composition du microbiote est remarquablement stable pour un individu et une alimentation donnée. La composition et l’équilibre du microbiote peuvent cependant être modifiés en cas de changement de type d’alimentation, après prise d’un antibiotique ou au cours de certaines maladies, ce qui peut aboutir à une surproduction de gaz.
Les aliments riches en azote comme les haricots ou le choux, et tous les féculents, sont connus comme étant à l’origine d’une plus forte production de gaz intestinaux par les bactéries. La dégradation bactérienne des aliments sucrés, des fibres alimentaires et des protéines produit également beaucoup de gaz.
Certaines personnes souffrent d’un déficit en lactase qui ne leur permet pas de digérer le lactose (intolérance au lactose). Ce phénomène entraîne une fermentation intestinale plus importante en cas d’absorption de lait ce qui peut aboutir, outre le ballonnement et les flatulences, à des diarrhées.
La constipation figure aussi parmi les causes principales des flatulences et du ballonnement. Lors d’une constipation, l’accumulation des selles dans le gros intestin prolonge et accentue le processus de fermentation à l’origine de la production de plus de gaz.
Les maladies inflammatoires des intestins (Crohn, rectocolite hémorragique) peuvent s’accompagner de ballonnement et de flatulences. Elles sont liées autant au trouble de la motricité de l’intestin, qu’à la modification de la flore intestinale (« microbiote intestinale »), constante au cours de cette maladie.
La prise de certains médicaments peut être une cause de flatulences (antibiotiques,…).
Le tabagisme a été associé à des flatulences.
Enfin, le ballonnement et les flatulences sont des troubles qui touchent fréquemment les femmes pendant la grossesse du fait des contraintes que le développement de l’utérus fait subir aux intestins dans la cavité du ventre.
Quels sont les risques des ballonnements ?
Les ballonnements et les flatulences durent généralement quelques heures. Ils n’entraînent pas de complications dans la majorité des cas.
Lorsque les douleurs sont particulièrement intenses, il faut savoir évoquer la présence d’un blocage et d’une distension par les gaz de l’estomac (« l’aérogastrie »), de l’intestin grêle (« l’aéroiléie ») ou du gros intestin (« l’aérocolie »).
Quand faut-il consulter un médecin ?
Les ballonnements et les flatulences sont assez fréquents, la plupart du temps ils sont temporaires et liés à un déséquilibre alimentaire.
Dans un certain nombre de cas, les ballonnements sont les signes d’une maladie qu’il convient de diagnostiquer.
Il faut donc consulter si les ballonnements persistent, avec une constipation sur plusieurs jours, si les flatulences sont accompagnées de vomissements ou de malaises, d'un mal au ventre persistant ou si elles s’accompagnent de diarrhées avec fièvre et frissons ou de sang dans les selles.
Comment faire le diagnostic du ballonnement ?
Le ballonnement du ventre se manifeste par une distension du ventre et des gargouillis au niveau des intestins. Cette gêne s’accompagne parfois d’une douleur abdominale si l’accumulation de gaz est importante. Une fois expulsés, ces gaz s’accompagnent une odeur nauséabonde.
Lors d’une aérophagie, la personne accumule un volume particulièrement important de gaz au niveau de son estomac causant des douleurs du ventre, des éructations, ainsi que des flatulences.
Dans la plupart des cas, la sensation de ballonnement du ventre débute environ trois heures après la prise de certains aliments et les gaz sont fréquemment émis à partir de cinq heures, puis survient un arrêt du phénomène au bout d’environ sept heures.
Afin d’établir un diagnostic de ballonnement, le médecin procède généralement à un examen physique précédé d’un interrogatoire.
Il cherche à éliminer une constipation, une infection ou une maladie chronique inflammatoire des intestins (Crohn, Rectocolite hémorragique).
L’interrogatoire sert surtout à tirer un maximum d’informations concernant le passé médical de la personne : maladies associées, interventions chirurgicales subies et type d’alimentation et, en particulier, les types d’aliments qui déclenchent les ballonnements.
Une vérification de l’état du ventre (palpation de l’abdomen) fait partie de l’examen clinique. Elle vise à objectiver la distension des intestins (« météorisme abdominal ») et à en comprendre la cause. Une auscultation peut être nécessaire, ainsi qu’un toucher rectal.
Il faut, enfin, distinguer les flatulences qui sont liées à une hyperproduction de gaz (qui sont associées à un ballonnement), des flatulences qui sont liées à un déficit du sphincter anal, par exemple à la suite d’un accouchement (avec déchirure du périnée ou épisiotomie trop élargie).
Quels aliments et quel régime en cas de ballonnement ou de flatulences ?
• Il faut éviter les boissons gazeuses, surtout celles qui sont riches en fructose : toutes les boissons gazeuses (bière, soda, eaux minérales) contiennent du gaz qui peut provoquer un ballonnement, mais les jus de fruits et les sodas contiennent en plus du fructose ou du sorbitol, sucres qui causent aussi par eux-mêmes des flatulences intestinales.
Mais il peut être nécessaire de boire plus d’eau plate pour éviter la constipation (1,5 litres de liquides au total par jour).
• Il faut arrêter les gommes à mâcher : Les gommes à mâcher sans sucre contiennent du sorbitol elles aussi, dont l’effet s’ajoute à l’ingestion d’air provoquée par le mâchouillement.
• Il faut éviter les produits pouvant fermenter et l’excès de fibres alimentaires : De nombreux aliments provoquent des flatulences parce qu'ils fermentent dans l'intestin : les bactéries intestinales les décomposent pour que l'intestin puisse en absorber les composants utiles et cette fermentation produit des gaz. Plus le régime est riche en protéines, plus l'intestin produit des gaz. Ainsi, la viande rouge, les haricots blancs (flageolets), le soja, les lentilles et les pois secs sont concernés. Les féculents comme les pommes de terre, le maïs, les pâtes, le blé et les céréales entières sont également à l’origine d’une production de gaz parce qu'ils contiennent des glucides qui nourrissent les bactéries. En revanche, le riz est le féculent le mieux absorbé par l'intestin et est donc à conseiller chez les personnes qui ont beaucoup de gaz. Il faut faire attention à la surconsommation de son dans l’alimentation ou en complément de l’alimentation.
• Il faut sélectionner les produits laitiers : les yaourts et les fromages ont tendance à améliorer la situation aussi car il s’agit de produits fermentés où les lactoses sont prédigérés. Le lait, en revanche, peut être évité, surtout en cas d'intolérance au lactose.
Quand on veut éviter les flatulences, il est possible de changer d'alimentation, mais il faut faire les changements « un par un » : il faut réduire ou éliminer temporairement l'aliment suspecté de favoriser la production de gaz pour voir si cela influe au bout de 15 jours sur la production de gaz. Si la situation ne s'est pas améliorée, il faut reprendre le premier et essayer d’en éliminer un second et ainsi de suite.
Il faut cependant se souvenir qu'il est normal pour l'intestin de produire des gaz chaque jour et que s’il est possible de les réduire, il n’est pas possible à l’intestin d’en cesser complètement la production.
Existe-t-il des médicaments contre le ballonnement et les flatulences ?
Il n’y a pas de solution miracle pour mettre définitivement un terme au ballonnement et aux flatulences. Les médicaments utilisables sont donc surtout destinés à alléger les désagréments ressentis et à améliorer le confort de vie.
Plusieurs types de médicaments disponibles sans ordonnance peuvent être utilisés, même si les preuves d’une réelle efficacité font parfois défaut : charbon activé, pansements digestifs, antispasmodiques à visée digestive.
• Le charbon végétal activé est un traitement classique des ballonnements et il est justifié de l'essayer, même s’il n'est pas efficace pour tout le monde. Surtout, il faut se souvenir qu’il peut gêner l'absorption de certains médicaments. Il faut donc éviter de le prendre au même moment que les traitements indispensables.
• Les médicaments à type de pansements digestifs sont intéressants pour lutter contre les ballonnements. Ils sont généralement à base d’argile (kaolin), de siméticone ou de diméticone et dotés d’une propriété « anti-mousse » leur permettant d’empêcher la formation de gaz. Leur combinaison avec un antiacide est courante mais uniquement intéressante lorsque le ballonnement s’accompagne d’une sensation de brûlure au niveau de l’estomac.
• Il existe aussi des associations pansements digestifs et antispasmodiques qui peuvent être utilisés lorsque le ballonnement s’accompagne d’une douleur.
Les ballonnements sont fréquents car ils seraient ressentis par plus de 20 % de la population.
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